Spécial Covid-19

Rétrospective 2021 : un jour sans fin

FRANCE

Comme l’an dernier, la vie culturelle partout dans le monde a suivi la courbe de l’épidémie.

La Joconde et le coronavirus Covid-19 ©  Sumanley
© Sumanley

En France, les musées, théâtres et cinémas, fermés durant six mois voire plus, ont pu rouvrir en mai grâce à la couverture vaccinale. Mais, alors que la « fête » a repris, de nouveaux nuages apparaissent au tournant de la nouvelle année.

10 décembre - La nouvelle vague épidémique prend de l’ampleur

Alors que l’on pensait en avoir terminé avec l’épidémie de Covid-19 grâce au vaccin, celle-ci repart de plus belle, imposant une nouvelle fois son tempo. L’année 2020 s’était pourtant terminée sur plusieurs signaux positifs. Un mois après avoir ordonné la fermeture des lieux culturels, à la fin octobre 2020, le président Emmanuel Macron, encouragé par la baisse du nombre de contaminations, avait annoncé le 24 novembre un plan de déconfinement en trois étapes dont les galeries avaient pu bénéficier, laissant même entrevoir une réouverture des lieux culturels le 15 décembre.

Hélas, l’épidémie reprend de plus belle (elle atteindra à la mi-avril le pic de 675 contaminations par jour pour 1 million d’habitants). L’espoir d’une réouverture des musées s’éloigne de jour en jour. La crise sanitaire n’est cependant pas la même partout dans le monde, de nombreux pays ou villes rouvrent leurs musées en début d’année (Florence, Le Vatican…), incitant les acteurs culturels en France à se faire entendre. En février, des musées, des journaux (dont Le Journal des Arts), des élus demandent la réouverture des lieux culturels. Plusieurs villes se déclarent prêtes à tester des protocoles spécifiques pour faciliter ces réouvertures. Non sans un certain opportunisme politique, Perpignan (Pyrénées-Orientales), puis Issoudun (Indre) annoncent l’ouverture de leurs musées, une décision vite interdite par les préfets puis par la justice administrative. En mars les galeries sont à nouveau fermées, mais pas les maisons de ventes, ce qui provoque la colère du Comité professionnel des galeries d’art qui dépose un recours devant le Conseil d’État, recours débouté le 5 avril.

Au printemps, avec la campagne de vaccination qui bat son plein après quelques retards d’approvisionnement, le ciel commence à s’éclaircir, au point qu’Emmanuel Macron annonce le 30 avril un calendrier de déconfinement à nouveau en trois étapes, qui intervient dès le 19 mai pour tous les lieux culturels. De nombreux nouveaux musées ou musées rénovés, tels la Bourse de commerce-Pinault Collection ou le Musée Carnavalet qui attendaient impatiemment la levée des restrictions, peuvent enfin montrer leurs atours.

Un été et un automne presque normaux

Pour autant, le taux d’incidence ne baisse pas assez vite et le président annonce le 12 juillet la mise en place du passe sanitaire, à compter du 21 juillet pour les usagers des lieux culturels, à compter du 9 août dans les bars et restaurants et à partir du 30 août pour les agents des lieux culturels en contact avec le public. Utilisé comme un moyen permettant d’inciter les Français à se faire vacciner, le passe sanitaire est globalement bien accepté en dépit de quelques mouvements d’opinion rassemblant des intérêts divers. Malgré cette contrainte, la vie culturelle a repris presque comme avant.

Fin novembre, alors qu’un nouveau décompte du nombre de morts du Covid-19 s’établit à 5 millions dans le monde (et 120 000 en France) – un chiffre largement sous-estimé pour certains pays selon de nombreux spécialistes –, l’apparition d’un nouveau variant dénommé « Omicron » en Afrique du Sud, dont le degré de dangerosité et de contagiosité interroge les scientifiques, et la nouvelle flambée de l’épidémie remettent le sujet en haut du fil de l’actualité. À l’heure où l’on écrit ces lignes, de nombreux pays commencent à imposer des restrictions et l’incertitude règne quant à l’efficacité des vaccins actuels sur le nouveau variant.

Une chose est sûre, dans le « monde d’après », objet de spéculations lors de la première vague au printemps 2020, il faudra vivre avec ce virus sans mettre à l’arrêt un pays tout entier. Le coût économique, social, psychologique d’un confinement généralisé est trop élevé. Tous les pays ou presque ont creusé les déficits budgétaires pour injecter de gigantesques quantités d’argent dans les entreprises et aider les particuliers. En France, la Culture a été largement soutenue. Des aides partout massives au point que l’économie est en surchauffe au second semestre, provoquant des ruptures d’approvisionnement et un début d’inflation. Le marché de l’art, qui a fait preuve de résilience pendant ces deux ans, grâce notamment au numérique et à l’apparition d’actifs immatériels tels les NFT, redécouvre le plaisir des foires en présentiel, qui se sont tenues en très grand nombre à l’automne.

Jean-Christophe Castelain
21 mars - Un NFT de Beeple adjugé 69,3 Millions de dollars

New York. L’annonce de l’adjudication chez Christie’s de l’œuvre numérique Everydays: The First 5000 Days, de l’artiste américain Michael Winkelmann (né en 1981), pour la somme inouïe de 61 millions d’euros fait l’effet d’une bombe et c’est exactement ce que souhaitait le vendeur pour élargir le marché des NFT vers les collectionneurs traditionnels. Les NFT (Non Fungible Tokens,« tokens [ou jetons] non fongibles ») sont des certificats d’authenticité, apparus en 2015, qui établissent qu’un fichier numérique (œuvre d’art, vidéo, musique…) est un original. Ils étaient jusqu’alors achetés et revendus au sein de la communauté des cryptomonnaies par des spéculateurs enrichis par l’envolée des cours du Bitcoin et autres monnaies Ethereum. En quelques mois le marché, surtout celui des vignettes CryptoPunks ou Bored Ape Yacht Club, a explosé et plusieurs grandes maisons de ventes les ont mises aux enchères ou ont créé leur propre plateforme de transactions. Des artistes (tel Damien Hirst), des galeries, des foires et même des musées se sont lancés dans la production ou l’exposition d’œuvres numériques certifiées par un NFT, espérant profiter de cette vague « métavers » (monde virtuel) pour donner un nouvel élan à un art numérique qui peinait jusque-là à trouver un marché.

Jean-Christophe Castelain
13 avril - Nouvelles révélations sur le « Salvator Mundi »

Paris. Un documentaire diffusé sur France 5 relance le débat sur l’authenticité du Salvator Mundi. Selon ses auteurs, le Louvre et le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) auraient expertisé le tableau et conclu à une participation seulement partielle de Léonard de Vinci à la réalisation du tableau le plus cher du monde (450 millions de dollars, près de 400 M€). Plusieurs sources confirment que le musée a bien expertisé le tableau, mais elle soutiennent que les experts ont conclu à un tableau entièrement de la main du maître. Une contradiction qui jette un doute sur d’autres « révélations » du documentaire. Des témoins au visage masqué racontent que Mohammed ben Salmane, le prince saoudien, aurait demandé que le tableau soit exposé à proximité de La Joconde dans la grande rétrospective (2019-2020) du Louvre, une demande refusée par le président Macron. Récemment, une publication du Musée du Prado (Madrid) assure que l’œuvre, à la localisation toujours inconnue, a été réalisée par l’atelier de Léonard.

Jean-Christophe Castelain
19 mai - Réouverture des musées, galeries et terrasses

France. Fermés depuis plus de six mois, les musées et monuments rouvrent avec une jauge limitée à une personne pour 8 m². Il en est de même pour tous les commerces non essentiels, dont les galeries, les cinémas et théâtres ainsi que les terrasses des bars et restaurants. Le couvre-feu passe de 19 à 21 heures. Malgré une météo peu clémente à Paris, les Parisiens se ruent sur les terrasses des bistrots et les cinéphiles se précipitent dans les salles obscures où la jauge est limitée à 35 % des capacités d’accueil. L’affluence est plus modérée dans les musées, traditionnellement plus fréquentés par les touristes, lesquels mettront du temps à revenir. Le calendrier de réouverture en trois étapes se termine le 9 juin avec l’accueil à l’intérieur des restaurants et le décalage du couvre-feu à 23 heures. Ces réouvertures sont permises par une situation sanitaire qui évolue favorablement : l’épidémie continue à ralentir et 20 millions de Français ont reçu leur première dose de vaccin.

Jean-Christophe Castelain
21 mai - Le Pass culture est généralisé

Paris. Mesure phare du programme culturel du candidat Macron, le Pass culture est ouvert à tous les jeunes de 18 ans depuis le 21 mai, après une phase d’expérimentation dans plusieurs départements prolongée en raison de la pandémie. Le montant de la bourse est ramené de 500 à 300 euros avec un plafonnement à 100 euros pour les achats de services numériques (plateformes musicales, VOD…). Les statistiques officielles d’utilisation indiquent un fort taux d’achats de livres papier. La nouveauté la plus importante du Pass est son extension à compter de janvier 2022 aux collégiens et lycéens dans une formule à la fois individuelle (de 25 à 50 € pour les élèves de la 4e à la terminale) et collective : des achats effectués en classe. Près de 200 millions d’euros sont inscrits dans le projet de budget pour 2022 pour l’ensemble du dispositif. Sébastien Cavalier succède à Damien Cuier à la présidence de la société commerciale par actions simplifiées Pass culture.

Jean-Christophe Castelain
22 mai - La Bourse de commerce–Pinault Collection ouvre

Paris, régions. François Pinault attendait depuis vingt ans de pouvoir montrer sa collection d’art contemporain à Paris. À la suite de l’abandon du projet sur l’île Seguin, il s’était rabattu sur Venise, où il a ouvert le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana. Après plusieurs reports en raison du Covid-19, l’ancienne Bourse de commerce, à proximité des Halles, peut enfin ouvrir, aménagée par Tadao Ando. Le bâtiment a été magnifiquement restauré tandis que l’exposition inaugurale témoigne de l’œil averti du milliardaire. Depuis, le lieu ne désemplit pas. La Bourse de commerce n’est cependant pas le seul musée qui attendait avec impatience la réouverture des lieux culturels. Dès le 19 mai, le Musée d’art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire), les Franciscaines à Deauville, la Villa du Temps retrouvé à Cabourg (tous deux dans le Calvados), le Musée Narbo Via à Narbonne (Aude) ont pu enfin se montrer aux visiteurs. Quelques jours plus tard, c’est au tour du Musée Carnavalet (Paris), après plusieurs années de travaux, de rouvrir, suivi de l’hôtel de la Marine sur la place de la Concorde, du nouveau Museon Arlaten à Arles, et enfin d’un Musée de la chasse et de la nature (Paris) agrandi.

Jean-Christophe Castelain
26 mai - Nominations : les chaises musicales

Paris. La fin des mandats des présidents et directeur du Louvre et du Centre Pompidou déclenche une série de nominations. Au terme d’une « campagne » très médiatisée, Jean-Luc Martinez n’est pas renouvelé à la tête du Louvre. Il obtient un poste d’ambassadeur thématique et est remplacé le 1er septembre par Laurence des Cars. Le départ de la présidente du Musée d’Orsay (et de l’Orangerie) libère la place pour Christophe Leribault, jusqu’ici directeur du Petit Palais. Au Centre Pompidou, un duo masculin succède à un duo masculin : Serge Lasvignes prend sa retraite, laissant sa place à Laurent Le Bon qui dirigeait le Musée Picasso, tandis que Bernard Blistène supervise le programme de commandes publiques « Nouveaux Mondes » – il pourra y consacrer plus de temps après le peu d’empressement mis par les administrateurs de Kanal, l’antenne du Centre Pompidou à Bruxelles, pour l’accueillir. Cécile Debray, qui postulait à la direction du Musée national d’art moderne, doit s’incliner devant Xavier Rey, le directeur des musées de Marseille, et se console en prenant la direction du Musée Picasso. Plusieurs postes sont donc aujourd’hui à pourvoir, auxquels s’ajoute la présidence du Château de Versailles où Catherine Pégard effectue un intérim prolongé. L’opportunité de faire monter de jeunes et nouveaux talents ?

Jean-Christophe Castelain
4 juillet - Luma Arles inaugure sa tour

Arles (Rhône). Après sept ans de travaux, la tour Luma est ouverte au public. Le bâtiment dessiné par Frank Gehry est loin de faire l’unanimité. Retoqué en 2011 par la Commission nationale des monuments historiques, le projet de cette tour avait dû être retravaillé pour mieux s’insérer dans le site historique. Sa façade torsadée haute de 56 mètres et ornée de briques en acier dessine dans le paysage arlésien une apparence massive et quelque peu disgracieuse. L’intérieur ne convainc pas non plus les visiteurs : le hall d’entrée est peu intuitif tandis que les salles d’exposition sont situées curieusement en sous-sol, les étages étant réservés aux bureaux de la fondation de Maja Hoffmann. Le parc des Ateliers, un ancien site industriel de réparation de locomotives comprenant plusieurs édifices (la Grande Halle, la Mécanique générale, les Forges), où les Rencontres photographiques d’Arles s’installent chaque été depuis 2000, a, lui aussi, été végétalisé et réaménagé.

Jean-Christophe Castelain
31 juillet - Session de rattrapage pour l’Unesco

Fuzhou, Chine (en ligne). Après une session 2020 manquée pour cause de pandémie, le Comité du patrimoine mondial a mis les bouchées doubles cet été en examinant les propositions de nouveaux sites Unesco déposées pour 2020 et 2021. La France en profite, avec deux nouveaux biens inscrits : le phare de Cordouan, dans l’estuaire de la Gironde, et le patrimoine de villégiature niçois. Vichy rejoint également la Liste du patrimoine mondial grâce à une candidature transnationale réunissant les villes d’eau européennes. En Italie, c’est le bijou de Giotto, la chapelle des Scrovegni à Padoue, qui est enfin inscrite. Au total, 34 nouveaux sites ont été ajoutés à la Liste du patrimoine mondial, des mosquées en adobe de la Côte d’Ivoire au chemin de fer transiranien, en passant par le Paseo del Prado madrilène. Le Comité du patrimoine mondial a également pris une décision rare, en retirant l’inscription au patrimoine portuaire de « Liverpool-Port marchand », dont la préservation est compromise par le développement d’un projet immobilier. C’est la troisième fois seulement que le Comité retire un site de sa Liste.

Sindbad Hammache
15 août - Les talibans s’emparent de Kaboul

Kaboul (Afghanistan). Au terme d’une avancée fulgurante consécutive au départ de l’armée américaine, les talibans s’emparent de la capitale afghane. Les Occidentaux et en premier lieu les Américains, qui tiennent encore l’aéroport de Kaboul, essaient d’évacuer les Afghans qui ont collaboré avec eux. Les images du chaos tournent en boucle sur les chaînes d’information, jusqu’au décollage du dernier avion le 30 août. Depuis la France, de nombreuses associations (dont Singa) tentent d’organiser le départ d’Afghans et les accueillent une fois arrivés sur le sol français. Les talibans se veulent rassurants, mais ce que relatent les journalistes sur place ne l’est pas : les restrictions faites aux droits des femmes se multiplient, les artistes vivent dans la peur, des libraires détruisent des livres qui pourraient déplaire aux islamistes. Coupés des aides occidentales, de nombreux habitants vivent dans des conditions matérielles désastreuses. Parmi les récents réfugiés arrivés en Italie : Sharbat Gula, la jeune femme aux yeux verts qui avait fait la « une » de la revue National Geographic il y a plus de trente ans.

Jean-Christophe Castelain
9 septembre - Le grand retour des foires

Monde. En s’installant au Grand Palais éphémère en ce début du mois de septembre, Art Paris n’est pas seulement la première grande manifestation à inaugurer le bâtiment, c’est aussi la première d’une longue série de foires qui vont se tenir à l’automne. Car aux traditionnels salons de fin d’année que sont Frieze London, la Fiac puis Paris Photo à Paris, Artissima à Turin, ArtO21 à Shanghaï ou Fine Arts Paris, s’ajoutent les salons de printemps qui ont été reportés en raison de la crise sanitaire comme Art Paris ou Art Basel, ou ceux qui avaient changé de dates avant la pandémie tel l’Armory Show à New York. Au total, une centaine de foires d’art se sont déroulées entre septembre et décembre dans le monde, soit bien plus que d’habitude. Les restrictions sanitaires ont cependant freiné la présence de galeries et collectionneurs internationaux. Malgré cela, les foires ont affiché dans l’ensemble un niveau de transactions encourageant, témoignant de l’envie des acheteurs de tourner la page du tout-numérique.

Jean-Christophe Castelain
18 septembre - Notre-Dame de Paris est sécurisée

Paris. Achevé, le chantier de sécurisation de Notre-Dame. « Cela veut dire que la cathédrale est solide sur ses piliers, ses murs sont solides, tout tient ! », se félicitait le général Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public chargé du chantier, à la veille des Journées du patrimoine. Plusieurs travaux titanesques ont permis de parvenir à ce premier résultat : la dépose de l’échafaudage fondu par l’incendie, le déblayage et le tri des déchets et gravas, ainsi que la dépose du grand orgue de la cathédrale. Le chantier a toutefois pris du retard, trop pour pouvoir répondre à l’ambition présidentielle d’une réouverture complète en 2024. En cause, la crise sanitaire, mais aussi la pollution au plomb qui a nécessité de prendre des précautions. Détectée peu après l’incendie, cette pollution atteignait à nouveau des niveaux inquiétants en avril de cette année. Assez pour que des riverains et la CGT Paris déposent plainte contre X en juillet pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Le chantier de restauration devrait commencer, lui, début 2022 : l’appel d’offres public aux entreprises spécialisées dans la restauration est clos depuis fin novembre.

Sindbad Hammache
22 septembre - Roselyne Bachelot présente un budget Culture « historique » (encore)

Paris. Comme on pouvait s’y attendre, le projet de budget de la Culture pour 2022 affiche une hausse de 8,2 % des crédits de paiement par rapport à l’an dernier, et même une hausse de 15 % par rapport à 2017, dernière année du quinquennat Hollande. Le « quoiqu’il en coûte » brandi pour sortir de la crise économique provoquée par le Covid a en effet largement bénéficié à la Culture, au point que la ministre, Roselyne Bachelot, pouvait annoncer : « Nous avons sauvé la Culture », ce qui n’est pas totalement faux. Entre les 2 milliards d’euros du plan de relance rebaptisé « France Relance », les aides transversales (Fonds de solidarité, chômage partiel), les aides sectorielles et les moyens budgétaires, l’État a dépensé beaucoup d’argent. Ce soutien massif est aussi le signe de l’importance économique d’un secteur de plus en plus en transversal avec des effets induits ou des externalités positives croissantes (attractivité et développement des territoires, tourisme, filière BTP et restauration).

Jean-Christophe Castelain
Du 9 au 19 novembre - Malgré le covid, les enchères flambent

New York, Paris. Couronné par les sessions d’automne new-yorkaises réalisant un résultat historique (2,6 Md$), le marché de l’art s’est bien porté en 2021. Dès janvier, chez Sotheby’s, un portrait peint par Botticelli s’est vendu 92 millions de dollars (82 M€) à New York quand Banksy a enregistré un nouveau record avec Love is in the Bin (25,4 M$) en octobre à Londres et qu’un Mark Rothko à 82 millions de dollars a dominé la collection Macklowe (676 M$). Chez Christie’s, c’est un Picasso vendu en mai à New York (103 M$) et un Van Gogh de la collection Cox (332 M$) parti à 71,3 millions qui ont mené la danse.

En France aussi les enchères ont flambé, avec d’importantes ventes de collections, comme celles de Dorothée Lalanne (80 M€ chez Sotheby’s) et de Michel Périnet (66 M€ chez Christie’s). La Vengeance de Magritte (14,5 M€), chez Christie’s, est le tableau le plus cher vendu dans l’Hexagone cette année, suivi par Scène de rue à Montmartre, de Van Gogh, chez Sotheby’s (13 M€), quand Aguttes a cédé un manuscrit d’Einstein à 11,6 millions d’euros. À Épernay (Marne) en juin, Le Philosophe lisant, de Fragonard, a été adjugé 7,6 millions d’euros par Enchères Champagne tandis qu’à Drouot, chez Binoche & Giquello, un tricératops a fait des étincelles en octobre (6,6 M€).

Marie Potard
10 novembre - Le Bénin retrouve 26 œuvres issues du palais d’Abomey

Cotonou (Bénin). Le retour au Bénin de 26 objets emportés selon les uns, pillés selon les autres par la France lors du sac du palais d’Abomey en 1892 clôt une séquence ouverte par le président Emmanuel Macron lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2017. Adoptée à la fin de l’année 2020, une loi ad hoc autorise la sortie des collections nationales de ces objets conservés au Musée du quai Branly et leur restitution au Bénin. Ceux-ci vont être exposés dans divers lieux au Bénin avant de rejoindre un musée en cours de construction à Abomey. La bataille parlementaire ne fait que commencer. Le Sénat, très allant sur le sujet, veut recréer un « Conseil national de réflexion sur la circulation et le retour des biens culturels extra-européens » afin d’encadrer les annonces jugées intempestives de l’exécutif. Quelques jours auparavant, Emmanuel Macron avait annoncé le retour en Côte d’Ivoire d’un « tambour parleur » Ebrié puis une loi-cadre sur les restitutions.

Jean-Christophe Castelain
30 novembre - Joséphine Baker entre au Panthéon

Paris. C’est la première femme noire à entrer au Panthéon. Emmanuel Macron l’avait décidé en juillet dernier, voyant dans la danseuse des Années folles un symbole consensuel de diversité et d’amour pour la France. Car la jeune Américaine qui a débarqué en France en 1925, fuyant une société raciste, n’est pas seulement une star des Folies Bergère. Naturalisée française en 1937, elle s’engage dans la Résistance puis dans l’armée pendant la guerre (elle sera décorée de la croix de Guerre et de la médaille de la Résistance). C’est aussi une militante anti-ségrégationniste qui participe à plusieurs manifestations aux États-Unis après la guerre. C’est enfin une femme d’une grande générosité qui a adopté douze enfants, dans une famille reconstituée dans son château des Milandes en Dordogne. Ce château est sans doute le souvenir le plus triste de la « Vénus noire » et le moins glorieux pour la France qui n’a pas su l’aider lorsque ses nombreux créanciers l’ont saisi. Elle est décédée en 1975 à l’âge de 69 ans. Comme pour de nombreux autres panthéonisés, il n’y a qu’un cénotaphe, sa dépouille reste au cimetière marin de Monaco. Elle rejoint 80 personnages illustres dont cinq autres femmes.

Jean-Christophe Castelain

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°579 du 10 décembre 2021, avec le titre suivant : La culture en 2021 : le coronavirus impose son rythme

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