PARIS
Siège du Garde-Meuble au XVIIIe siècle, puis du ministère de la Marine pendant 225 ans, l’hôtel de la Marine ouvre une nouvelle page de son histoire, après quatre ans de travaux.
Paris. L’avenir du bâtiment conçu par Ange-Jacques Gabriel au XVIIIe siècle était resté longtemps incertain après l’annonce du départ du ministère de la Marine pour ses nouveaux quartiers, à Balard, au sud de Paris. En septembre 2011, Valery Giscard d’Estaing, qui a présidé la commission chargée de réfléchir au futur du monument, préconisait que « l’ensemble [devait] apparaître comme un lieu de vie largement ouvert au public » Dix ans plus tard, le Centre des monuments nationaux, en charge du lieu, a retenu la leçon.
« La cour d’honneur va redevenir accessible, sans droit d’entrée, comme à l’époque du Garde-Meuble », explique Jocelyn Bouraly, administrateur du site. « On a souhaité conserver une traversée urbaine entre la place de la Concorde et la rue Royale », ouverte tous les jours de 9 heures à minuit, et abritant un restaurant et un café.
Côté musée, trois parcours sont proposés : la galerie Al Thani (à partir de l’automne), le parcours Salons et loggia et le Grand tour, lequel donne accès aux appartements des intendants du Garde-Meuble, qu’une restauration minutieuse a permis de révéler dans leur état XVIIIe. « Le remeublement s’est fait au plus près de l’état documenté, puisque nous avions à disposition 900 pages d’inventaire décrivant pièce par pièce l’état des lieux », poursuit Jocelyn Bouraly.
De nombreux prêts et acquisitions ont été nécessaires afin de replacer tant que possible « le bon meuble au bon endroit, comme ce bureau de Riesener prêté par le Louvre, que le second intendant a connu », ajoute l’administrateur. « On est allé chiner à Saint-Ouen, Lyon et même Venise pour trouver soie, lin, coton du XVIIIe siècle, remis en place selon la description des inventaires. »
Quand les pièces anciennes n’ont pu être retrouvées, les artisans d’art ont pris le relais, comme Mathieu Lustrerie, Declercq Passementiers ou encore Tassineri et Chatel, notamment pour la brocatelle verte de la chambre de Madame de Ville-d’Avray, reproduite à l’identique à partir d’un modèle ancien et assemblée selon les techniques de l’époque.
« Le parti pris a été non pas de recréer un énième musée parisien, mais un intérieur du siècle des Lumières, comme si l’intendant venait de quitter les lieux quelques minutes auparavant », explique l’administrateur. Ainsi, les objets sont disposés à la manière de natures mortes, comme cette table encore dressée dans la salle à manger. Le caractère immersif est accentué par l’absence de médiation écrite. À la place, le visiteur est guidé par la voix du « Confident », un casque-audioguide remis à l’entrée dont le contenu théâtralisé restitue l’atmosphère d’un lieu habité grâce à la technologie du son spatialisé.
Lieu de vie, l’hôtel de la Marine le sera effectivement pour les usagers des bureaux de coworking gérés par la société Morning, qui occupe la moitié de la surface utile. L’Académie de Marine et la Fondation pour la mémoire de l’esclavage investiront également les lieux, renouant avec l’histoire de ce monument qui vit, entre autres, la signature du traité pour l’abolition de l’esclavage en 1848.
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L’Hôtel de la Marine, un monument bien vivant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°570 du 25 juin 2021, avec le titre suivant : L’Hôtel de la Marine, un monument bien vivant