Des fouilles au goût d’inachevé

« Ce que l’on montre ici est du matériel d’étude : le travail d’analyse en est à ses balbutiements, prévient Damien Berné, conservateur du musée et commissaire de l’exposition. C’est un point d’étape du projet collectif de recherche, une sélection de fragments pour que le public comprenne à quoi nous avons affaire. » Le projet de recherche dirigé par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), associant des dizaines de chercheurs venus de diverses institutions, n’en est en effet qu’à ses débuts : la phase urgente de fixation des pigments, indispensable pour que les couleurs médiévales ne s’évaporent pas, n’est pas encore achevée. La découverte de ce matériel archéologique fragile et inédit a été emportée de haute lutte par les archéologues, lors du chantier de fouilles, pressés par les délais du chantier de restauration de la cathédrale. Découverts dans un premier temps sur la même zone, deux sarcophages en plomb [voir ill.] font également l’objet d’un programme d’étude, qui vise entre autres à déterminer leur identité. L’hypothèse de l’inhumation du poète Joachim Du Bellay (1522-1560) dans le plus luxueux des deux sarcophages a été relayée lors d’une conférence de presse en septembre, bien que les archéologues de l’Inrap disposent d’analyses isotopiques la contredisant formellement. Moins sensationnelles, les fouilles menées à l’extérieur ont, elles, été entravées par l’urgence des délais imposés par l’établissement public Rebâtir Notre-Dame : une occasion manquée, tant les opportunités d’explorer les niveaux antiques et médiévaux sur l’île de la Cité sont rares.