PARIS
En train, en RER, en bus, se rendre dans les châteaux d’Île-de-France et de Picardie n’est pas facile, alors même que certains se trouvent aux portes de la capitale. Voici 13 lieux sur le banc d’essai.
Les musées-châteaux situés à moins de cent kilomètres de la capitale ont beaucoup à offrir : architectures historiques, collections mobilières, expositions temporaires s’insérant souvent au cœur d’un parc déroulant les parures d’un jardin à la française… Ouverts toute l’année ou, à l’image de Vaux-Le Vicomte, simplement à la haute saison, ils attirent parisiens et touristes, de préférence aux beaux jours, pour une promenade historique et artistique. Mais pour s’y rendre, ce n’est pas simple. Selon une enquête du STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) datée de 2011, près de 55 % des ménages parisiens ne sont pas motorisés (contre 87 % motorisés en moyenne nationale). Et pour les touristes, à moins de louer une voiture, il faut utiliser les transports en commun. Un déplacement parfois aisé, mais qui peut aussi s’apparenter à un véritable parcours du combattant.
Préparer sa visite
Une préparation en amont s’impose. C’est souvent sur le site internet du château que le visiteur viendra trouver les informations pratiques, qui peuvent être mises à jour régulièrement. La plupart des sites proposent des versions multilingues de leurs textes, hormis Sceaux et Saint-Germain-en-Laye. Presque tous expliquent le trajet en transports en commun depuis Paris, à l’exclusion de la page du Centre des monuments nationaux (CMN), qui n’évoque qu’un trajet en voiture pour Rambouillet, et qui préfère pudiquement ne pas signaler l’offre train-bus allant à Pierrefonds tant celle-ci est limitée… Le visiteur peut cependant trouver cette info sur le site de l’Office du tourisme de Picardie, un réflexe par forcément évident pour les publics étrangers. Certains sites sont très détaillés : Vaux le vicomte donne les heures de ses navettes en partance de Melun et le château de Chantilly intègre des liens sur les entreprises ferroviaires grâce auxquelles le visiteur pourra réserver son billet de train ou planifier son déplacement. Attention aux sites oise-mobilite.fr et transilien.com qui dispensent des informations parfois douteuses. Pour les voyageurs plus traditionnels, si le Guide du Routard en France signale les treize châteaux visés par notre enquête, le Lonely Planet, vade-mecum du touriste international (consulté en version anglaise au chapitre « Round Paris ») n’indique que Versailles, Fontainebleau, Vaux-le-Vicomte et Chantilly, détaillant pour chaque site le parcours en transport en commun et les fréquences de trains : ainsi Vaux-Le Vicomte est décrit comme « un endroit pas facilement accessible », tandis que la marche de la gare au château de Chantilly est détaillée en deux trajets, l’un annoncé « champêtre » et l’autre « urbain ». De quoi préparer mentalement l’arrivée en gare de Chantilly-Gouvieux.
Une signalétique encore incomplète
Prendre le RER ne nécessite guère de préparation, il suffit de se diriger sur le quai à toute heure, en espérant que le RER en question fonctionne. Les travaux de modernisation qui vont avoir lieu à l’été sur la ligne A vont ainsi compliquer l’accès au château de Maisons-Laffite. La fréquence des Trains express régionaux– qui pour beaucoup partent de la gare du Nord, la Picardie étant très riche en châteaux – est plus réduite : pour aller à Compiègne, le temps d’attente en gare entre deux trains peut s’allonger jusqu’à deux heures en pleine journée. Au visiteur de savoir quel train prendre. À part pour Versailles, dont le nom « château » apparaît de manière évidente dans le panneau de la gare d’arrivée, les gares parisiennes ne proposent pas de panneau orientant vers les lignes à prendre pour se rendre sur le lieu patrimonial visé. Une fois installé dans le train, le visiteur doit veiller à ne pas rater son arrêt. Obstacle aisé : bien souvent le château porte le nom de la ville et donc de la desserte, même si, comme à Fontainebleau-Avon, cette dernière peut partager le nom de deux villes voisines. Que celui qui va au château de Saint-Germain-en-Laye se réjouisse car aussitôt sorti du RER, il est arrivé à bon port ! Immanquable à la sortie de la station et clairement identifié dans l’imaginaire parisien, cet édifice est le plus accessible de notre sélection. « Nous sommes en bout de ligne, nos visiteurs sont même assurés d’avoir une place assise à leur retour dans Paris », explique avec humour Fabien Durand, responsable de la communication du Musée d’archéologie nationale. Aller au Musée de Saint-Germain-en-Laye est finalement plus aisé (et pas plus long) pour le Parisien que d’aller dans certains musées de sa ville. Quelques châteaux sont plus lointains, mais desservis par une gare et situés en plein centre-ville, tels le palais impérial de Compiègne. Une situation favorisée par rapport à celle du château de Pierrefonds, qui fait figure de star d’un village assez isolé auquel aucune voie ferrée ne conduit.
Bus ou marche ?
Arrivé à la sortie de la gare, le visiteur pourra souvent opter pour la marche qui peut être sportive et forestière (à Écouen) ou balade architecturale devant les élégants pavillons fin de siècle de Maisons-Laffitte ou les monuments historiques de Compiègne. Tout le monde n’étant pas doté d’un smartphone pour s’orienter, les panneaux de signalisation sont essentiels. Si Compiègne n’est pas avare en fléchage, proposant au moins huit panneaux entre la gare et le palais, Chantilly place une carte à la sortie et quelques panneaux au début du trajet, mais compte davantage sur l’instinct et la mémoire du visiteur pour trouver son chemin. À Versailles, il suffit de suivre la longue ligne de touristes menant aux grilles dorées de la place d’Armes… Le visiteur peut aussi choisir d’emprunter les bus de ville : au-delà de vingt minutes de marche comme à Champs-sur-Marne ou Fontainebleau (trente-cinq minutes), cet obstacle s’impose à ceux pour qui les longues promenades sont impossibles. Certains bus sont synchronisés sur l’horaire des trains arrivant de Paris à l’image de Chantilly ou de la navette affrétée par Vaux-le-Vicomte. Principal souci : l’emplacement des bus est parfois mal indiqué (Chantilly), aussi le visiteur peut aisément le manquer. De plus, certains bus sont calqués sur les horaires d’usagers allant travailler et ne fonctionnent pas le dimanche. L’exemple de Pierrefonds, qui ne propose qu’un bus le matin et le soir en fin de journée – forçant de facto à y passer la journée entière — est heureusement exceptionnel.
Des horaires inadaptés
Une fois le visiteur arrivé au château, il peut profiter de sa balade dans le domaine si les horaires d’ouverture tiennent compte du temps de transport. À Fontainebleau, en basse saison, les visiteurs ne sont plus acceptés après 16h15 ce qui exclut d’office tous ceux veulent venir depuis Paris après le déjeuner. Parfois, le château est fermé entre midi et deux. Mieux vaut donc que l’offre aux alentours soit conséquente pour entamer sa promenade ou se restaurer. Si les communes de Maisons-Laffitte et Pierrefonds offrent de tels services, à Malmaison, on risque de faire la diète. Ainsi le célèbre château de l’impératrice Joséphine, qui bénéficie d’un tout petit parc et d’aucune offre de restauration, mérite-t-il plus une demi-journée de visite qu’une journée entière. Il y a en revanche des châteaux où l’on peut être en villégiature toute la journée : Sceaux est à ce titre exemplaire avec son vaste parc, ses kiosques de restauration et son château-musée à la programmation culturelle élégante et soignée, bien que méconnue. Le Musée du cheval fait partie depuis 2013 des nouvelles attractions du domaine de Chantilly et mérite assurément de prolonger la visite. Sans parler de Versailles qui, entre le parc Trianon et le Domaine de Marie-Antoinette (et sa multitude d’événements), demanderait à lui seul plusieurs journées de visite et retient même « captifs » ses visiteurs : la manne financière des 8 millions de visiteurs versaillais (tous événements compris) ne retombe pratiquement pas dans les commerces de la municipalité versaillaise : seuls 11 % d’entre eux consomment en dehors du château selon une étude commandée par la ville en 2013.
Des coûts de transport variables
Le coût des transports en commun peut être un facteur discriminant pour le choix des châteaux à visiter. Là également, les châteaux ne sont pas égaux. Sans remise et sans programme de fidélité, un aller-retour à Malmaison revient à environ 7 euros et 18 euros à Fontainebleau. Mais il faut plutôt compter 30 euros pour se rendre à Compiègne, auxquels peuvent s’ajouter le prix d’un ticket de métro à Paris, le droit d’entrée au château ou le déjeuner sur place. En Île-de-France, le réseau de transports propose un billet Mobilis d’une quinzaine d’euros, permettant un accès illimité aux transports bus et ferré pendant toute une journée, et dès la rentrée 2015, subventionnera le dézonage complet des forfaits des titulaires d’un Pass Navigo : aujourd’hui, cette gratuité est employée les week-ends, jours fériés et vacances scolaires, mais n’est pas encore connue et rentrée dans les mœurs de tous les parisiens.
Autre recours pour un public non motorisé et au petit budget : le covoiturage culturel. Depuis 2014, la petite entreprise Covoiture-art propose sur son site internet de réunir des personnes (dont une possédant une voiture) voulant se rendre sur un même lieu culturel. Misanthropes s’abstenir, le lien social est au cœur du concept. Le prix fixé par le conducteur et la commission de 1,90 euros versés à l’entreprise font partie du marché. Covoiture-art a notamment noué un partenariat avec quelques châteaux mal desservis depuis Paris, tels Vaux-le-Vicomte et Pierrefonds, qui font bénéficier aux usagers du système d’une petite réduction sur leur ticket d’entrée.
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Les châteaux de Paris, si près et si loin
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°434 du 24 avril 2015, avec le titre suivant : Les châteaux de Paris, si près et si loin