VERSAILLES - FONTAINEBLEAU
Pas moins de huit cents meubles du Mobilier national font le trajet retour dans ces deux châteaux : un dépôt qui deviendra à terme une affectation aux collections versaillaises et bellifontaines.
Fontainebleau (Seine-et-Marne), Versailles (Yvelines). Ils n’ont plus d’usage. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont plus d’intérêt, au contraire. Environ 800 meubles du Mobilier national qui circulaient jusqu’alors de salons en palais, d’ambassades en ministères, regagnent le château de Versailles pour la moitié d’entre eux, et celui de Fontainebleau pour l’autre. Le garde-meuble de la République renonce donc à l’usage de ces meubles pour leur redonner le statut d’objets patrimoniaux : une première phase de dépôt sera suivie à terme d’une réaffectation progressive dans les collections versaillaises et bellifontaines.
« Ce qui est nouveau avec ce transfert, c’est à la fois l’ampleur et le statut juridique », explique David Guillet, directeur des collections du château de Fontainebleau. L’ampleur du retour est inédite pour le Mobilier national : 450 pièces pour Versailles et un peu plus de 400 pour Fontainebleau. Le geste juridique est quant à lui un aller sans retour ; « L’affectation est un processus irréversible, détaille David Guillet. Dire que l’on affecte un meuble signifie qu’il ne bouge plus, qu’il n’aura plus vocation à gagner les résidences de l’État. »
Le choix des pièces a été réalisé de concert entre les conservateurs du Mobilier national et ceux des deux châteaux, fruit d’années de discussions et de travail en commun entre les différentes parties. Une règle, à Versailles comme à Fontainebleau : ne rapatrier que des pièces qui ont meublé les lieux dans le passé. « On ne nous a pas imposé une liste donnée, mais nous ne sommes pas non plus allés au Mobilier national avec un caddie de supermarché », explique le conservateur bellifontain. C’est un souci de cohérence qui a présidé à ces choix : reconstituer des ensembles démembrés, pour proposer au visiteur des pièces meublées de manière harmonieuse.
Une dizaine de torchères en chêne, sculptées d’après un modèle établi sous Louis XIV, regagnent ainsi Versailles. Ce sont les pièces les plus vieilles de ces dépôts, constitués en grande partie de mobilier Empire, à quelques mois du lancement de l’« Année Napoléon », en 2021. À Fontainebleau, le retour des chaises du salon Napoléon, ainsi que des sièges de la chambre à coucher de la reine Hortense, donneront lieu à trois possibilités de présentation : au sein des appartements, dans le parcours du musée Napoléon Ier, ou bien dans une exposition qui sera présentée à l’automne prochain, pour célébrer le bicentenaire de la mort de l’Empereur.
Une quatrième destination existe pour ces pièces, les réserves. Outre les meubles d’apparat, le Mobilier national restitue également aux deux châteaux du « mobilier de suite », soit des meubles destinés à l’usage du personnel et de la suite des souverains, qui ne seront pas exposés dans les appartements royaux. Moins spectaculaires qu’une commode Louis XV, ces pièces meublaient des lieux comme les combles, hors des parcours de visite. Leur présence dans les collections est toutefois essentielle : la recherche scientifique, de plus en plus friande d’histoire sociale et matérielle, saura trouver de l’attrait à une paire de tréteaux.
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Importants transferts de meubles à Versailles et Fontainebleau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°555 du 13 novembre 2020, avec le titre suivant : Importants transferts de Meubles à Versailles et Fontainebleau