FONTAINEBLEAU
Le château est entré dans la seconde phase de son schéma directeur comportant la restauration des ouvrages hydrauliques et la restructuration des réserves, pour un coût de 60 millions d’euros.
Fontainebleau. Un nouveau restaurant, un accueil modernisé et une salle d’exposition temporaire rafraîchie : voilà ce que peut voir le public après le grand chantier de restauration entamé à Fontainebleau en 2015. Derrière les coulisses, la première phase du schéma directeur achevée en 2021 offre un meilleur confort de travail aux agents et surtout une sécurisation des lieux qui répond enfin aux exigences d’un établissement d’importance nationale. « Depuis longtemps, nous avons un avis défavorable de la commission de sécurité du département. Notre priorité, c’était d’avoir un avis favorable et, pour la première fois, nous allons l’obtenir : quelque part, c’est historique ! », se réjouit le directeur des bâtiments et des jardins du château, Arnaud Amelot.
Avant de rejoindre la direction de l’architecture du Louvre en avril prochain, ce dernier a mis sur les rails la seconde phase du schéma directeur, commencée dès 2020, et qui devrait s’achever en 2025. Le premier jalon de ce programme pluriannuel d’investissements a été retardé de deux ans par la crise sanitaire, mais également par les difficultés inhérentes à des opérations sur un site occupé, où agents et visiteurs cohabitent avec les chantiers : « On avait sous-estimé cet aspect », reconnaît le directeur des bâtiments.
L’impulsion de l’État
Sécuriser, accueillir et restaurer sont les trois fils rouges du schéma directeur de Fontainebleau, imaginé dix ans après le lancement du « Grand Versailles », premier grand schéma directeur du ministère de la Culture. Entré en application en 2003, il est l’héritier des « lois-programmes » d’André Malraux et François Léotard, garantissant un investissement régulier de l’État dans la restauration de son patrimoine, avec des objectifs à moyen et long terme. À Fontainebleau, le château profite pleinement de ce dispositif, alors que les études préalables au schéma (qui auront duré quatre ans et demi) mettent en lumière des besoins urgents de restauration. « Les schémas directeurs sont une rampe de lancement, un investissement de départ pour nous permettre de se développer et d’arriver à un seuil où l’on peut s’autonomiser financièrement », explique Arnaud Amelot.
La seconde phase poursuit les efforts sur la sécurité incendie et les travaux du clos et du couvert – le château comporte trois hectares de toitures à traiter. Cette nouvelle étape s’applique également aux ouvrages hydrauliques du domaine bellifontain : des « travaux très prioritaires et complexes », souligne Marie-Christine Labourdette, présidente du château. L’étanchéité des ouvrages remontant pour une bonne partie au XVIe siècle n’est plus assurée et nécessite une reprise des matériaux. Le changement climatique accentue ces problématiques. Faits en argile, ces ouvrages hydrauliques se rétractent et se fissurent lors des épisodes de stress hydrique, comme à l’été 2022. Grâce au plan de relance (3,6 millions d’euros), les chantiers des digues et du grand canal ont déjà commencé. Au total, 10 millions d’euros seront consacrés au chantier hydraulique.
Restructurer les sites de stockage des œuvres
Les réserves constituent l’autre grand chantier : « La conservation aujourd’hui laisse à désirer, constate Arnaud Amelot, les œuvres sont disséminées dans le château et ont un haut potentiel calorifique : c’est aussi une question de sécurité incendie. » Un bâtiment anciennement occupé par les archives nationales, situé juste derrière le château, constituera le premier site de réserves.
L’édifice récent ne nécessite qu’une restructuration pour l’adapter à sa nouvelle fonction. Aux 5 000 mètres carrés de ce bâtiment s’ajouteront les 4 000 mètres carrés du quartier des princes – dans le château –, second site de stockage des œuvres, aménagé lors de la troisième phase du schéma directeur. Avec ce nouvel équipement, le château de Fontainebleau pourra commencer l’important chantier des collections, qui devrait se prolonger bien après l’achèvement du schéma directeur.
Cette seconde phase représente un investissement de 60 millions d’euros sur six ans de la part de l’État, une dotation légèrement plus élevée, grâce au plan de relance, que celle du schéma directeur à 9,5 millions d’euros par an. Alors que la seconde phase est opérationnelle, la programmation de la troisième est déjà bien établie. Elle verra notamment le redéploiement du Musée Napoléon Ier, amputé d’un étage depuis sa création.
Pour Marie-Christine Labourdette, cette opération sera l’occasion de compléter l’investissement de l’État par une campagne de mécénat. Le château multiplie les restaurations complémentaires au schéma directeur, portées par des donateurs : « Avec cette grande revitalisation, il est important d’avoir des opérations plus ponctuelles, qui démontrent l’adhésion du public au château. » Le mécénat d’Abou Dhabi pour le théâtre impérial, de Kärcher pour l’escalier en fer à cheval, de la société foncière Gecina pour la Porte dorée ou encore du Crédit Agricole pour la restauration des cartons des chasses royales de Jean-Baptiste Oudry : ces chantiers additionnels sont susceptibles d’attirer l’attention du public.
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La restauration va bon train à Fontainebleau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : La restauration va bon train à Fontainebleau