Par nature, les monuments historiques, sont coûteux à restaurer. Voici quelques chantiers emblématiques qui donnent la mesure des enjeux.
Le Grand Palais
466 millions d’euros
Avec deux grandes campagnes de restauration en vingt ans, le Grand Palais est couvé par l’État. Classé en totalité en 2000, le monument daté de 1900 traverse le XXe siècle en accueillant tous les salons de la capitale et évitant même une démolition dans les années 1960. Entre 2000 et 2007, une première campagne a permis de restaurer les fondations, ravaler les façades et réparer les verrières pour 101 millions d’euros. Mais une nouvelle restauration prévue entre 2020 et 2023 annonce un chantier pharaonique : la refonte complète des espaces et la reprise des 6 000 tonnes d’acier de sa charpente, un chantier estimé à 466 millions d’euros.
Les arts de l'Islam au musée du Louvre
98,5 millions euros
Sa verrière ondulante couvre la cour Visconti depuis 2012 : le département des Arts de l’Islam du Musée du Louvre, conçu par Rudy Ricciotti, est le plus grand aménagement au musée depuis le Grand Louvre de Ieoh Ming Pei. D’un coût de 98,5 millions euros hors taxes, le chantier a consisté à excaver la cour sur près de 12 m afin de créer 4 500 m2 d’espaces muséographiques. 3 000 œuvres y sont exposées. Si l’État a contribué à hauteur d’un tiers du budget et le Louvre pour 11,5 millions d’euros, plus de la moitié du financement a été amenée par des mécènes privés (30 millions d’euros) et par des pays étrangers (Azerbaïdjan, Maroc, Sultanat d’Oman et Koweït), fait unique dans l’histoire des musées français.
Le Musée d’arts de Nantes
88,5 millions d’euros
Lorsque l’ancien Musée des beaux-arts de Nantes ferme en 2011, le chantier de rénovation ne doit durer que deux ans. C’est n’est qu’en 2017 que le musée, renommé « Musée d’arts », rouvre ses portes sur 3 500 m2 de verrières rénovées dans son palais académique. Une eau souterraine détectée en 2011 aura obligé le cabinet d’architectes Stanton Williams à revoir sa copie. Avec 17 000 m2, dont 4 000 m2 d’extension, le musée devient l’un des plus grands musées de province. Coût total de l’opération : 88,5 millions d’euros.
Le « Grand Versailles »
500 millions d’euros
Pour entretenir et restaurer les 2 300 pièces reparties sur 63 154 m2 que comptent le château de Versailles et les 800 hectares de son domaine, il fallait un schéma directeur historique. C’est chose faite en 2003, lorsque le projet du « Grand Versailles », étalé à l’origine sur dix-sept ans et pourvu d’une enveloppe de 500 millions d’euros, est annoncé par le ministère de la Culture. Réhabilitation du Grand Commun, restitution de la grille royale ou restauration de la galerie des Glaces : passés les chantiers prioritaires et l’inauguration du pavillon Dufour en 2016, le château de Versailles doit de plus en plus compter sur le mécénat pour boucler les budgets de restauration à l’image de celui de la chapelle royale, actuellement en cours.
L’hôtel de la Marine
100 millions d’euros
Un grand complexe consacré aux métiers d’art, une extension du Louvre, un hôtel de luxe… : l’hôtel de la Marine sur la place de la Concorde, œuvre emblématique d’Ange Jacques Gabriel du XVIIIe siècle, a bien failli être vendu. Finalement, l’édifice de plus de 12 000 m2 laissé vacant par le départ de l’état-major de la Marine sera administré par le Centre des monuments nationaux (CMN), après une vaste campagne de restauration commencée en 2017, estimée à plus de 100 millions d’euros. Sur ce budget, l’État n’apportera pas plus de 10 millions d’euros, le reste étant financé par un emprunt de 80 millions d’euros du CMN. D’ici 2020, l’hôtel de la Marine ouvrira la moitié de sa surface aux publics, entre salons d’apparat et vitrine de la gastronomie française.
Le Musée de l’Homme
92 millions d’euros
À la fin des années 1990, entre la préfiguration du Musée du quai Branly et celle du Mucem, le Musée de l’homme voit partir des pans entiers de ses collections vers ces institutions naissantes. Dès lors se pose la question de son orientation scientifique et de la rénovation de son bâtiment vieillissant. Le projet de nouveau Musée de l’homme, sous la tutelle du Museum national d’histoire naturelle, est engagé en 2003. Entre concours architectural, commission de rénovation et études scientifiques, le musée ferme en 2009 et rouvre, enfin rénové, en 2015. Entre-temps, la facture a flambé : initialement estimé à 52 millions d’euros, le chantier aura coûté 92 millions d’euros. Un dérapage financier pointé par la Cour des comptes en 2017.
Le Quadrilatère Richelieu de la BNF
232 millions d’euros
Lancée en 2007, la rénovation du quadrilatère Richelieu, où la Bibliothèque nationale de France conserve ses collections patrimoniales, se terminera en 2021, après l’achèvement de la deuxième phase de travaux. Ce projet titanesque, chiffré à plus de 232 millions d’euros, a pour but de rénover un bâtiment composite, rationaliser des équipements obsolètes et faciliter l’accueil des usagers et des visiteurs. En 2016, la salle Labrouste a rouvert en même temps que 30 000 m2 des 58 000 m2 que compte le quadrilatère. En 2020, des espaces muséaux et la grande salle ovale rouvriront, tandis que le quadrilatère abritera dans ses murs le 26e passage parisien.
Le Panthéon
100 millions d’euros
« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » : voilà plus de 220 ans que derrière l’épitaphe du fronton, le bâtiment de Jacques Germain Soufflot est en travaux. En effet, dès la fin du XVIIIe siècle l’édifice est étayé par endroits. Fermé entre 1985 et 1995, ce n’est qu’en 2013 que le Centre des monuments nationaux, qui gère le monument aux 700 000 visiteurs annuels, obtient les 100 millions d’euros nécessaires à une restauration profonde. La coupole en elle-même est un défi technique avec un échafaudage de 37 m de hauteur et un chantier de trois ans. Après l’accès aux parties hautes rouvert en 2016 et un nouveau parcours multimédia inauguré en 2017, il reste maintenant le chantier des parements intérieurs.
Château de Fontainebleau
115 millions d’euros
Les chiffres donnent le tournis : 45 000 m2 de surfaces sur onze niveaux, 1 500 pièces, quatre musées, cinq cours principales. Un bilan général du bâti des années 2010 révèle un état de dégradation préoccupant. En 2015, le président du château Jean-François Hebert « décroche » un schéma directeur de rénovation. Sur une première période, jusqu’en 2026, 115 millions d’euros seront répartis en trois phases. L’objectif : atteindre les 700 000 visiteurs, dans un palais rénové et restructuré. En phase 1, le château est l’objet de mises en sécurité et d’opérations urgentes.
Le Musée des beaux-arts de Lyon
91 millions d’euros
Inscrites dans les grands travaux de l’État des années 1980, la rénovation et l’extension du Musée des beaux-arts de Lyon au Palais Saint-Pierre s’échelonnent de 1990 à 1996, sous la houlette de Philippe Dubois et Jean-Michel Wilmotte. En réunissant le Palais Saint-Pierre, l’église et le Nouveau Saint-Pierre, le musée s’étend en 1998 sur 14 000 m2 et 70 salles, pour un chantier d’un montant de 460 millions de francs d’alors (soit 91 millions d’euros actuels) et une architecture moderne qui résiste au temps.
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TOP 10 des restaurations les plus monumentales
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°500 du 27 avril 2018, avec le titre suivant : TOP 10 les restaurations les plus monumentales