VAUX-LE-VICOMTE
La restauration de la voûte était nécessaire pour permettre la projection, recréée numériquement, du « Palais du Soleil », la composition esquissée et jamais achevée par Charles Le Brun.
Vaux-le-Vicomte (Seine-et-Marne). Depuis janvier, la voûte et les stucs du premier étage du Grand Salon, pièce maîtresse du château de Vaux-le-Vicomte, font l’objet d’une importante restauration. Le chantier de ce château, construit entre 1656 et 1661 pour Nicolas Fouquet, vit se côtoyer le peintre Charles Le Brun, l’architecte Louis Le Vau et le jardinier André Le Nôtre avant la disgrâce du surintendant des finances de Louis XIV.
« Le jeu entre la voûte et la charpente a rendu cette dernière très lisible à travers le plâtre peint, explique Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques chargé du chantier. La voûte était également scandée de fissures verticales tous les 60-80 cm et il y avait une fuite à un endroit. »
Les restauratrices s’attellent donc à redonner sa cohésion à cette vaste fresque de 380 m² représentant un aigle sur un ciel nuageux. Leur travail, qui se poursuivra jusqu’à la fin août, a déjà permis quelques découvertes et notamment la silhouette d’un second aigle, tout juste esquissé. Il ne s’agit néanmoins pas de la composition prévue à l’origine par Charles Le Brun, qui ne put entamer la décoration du plafond en raison de l’arrestation de Fouquet. La fresque qui nous est parvenue est en réalité une œuvre plus tardive, réalisée par Charles Séchan au XIXe siècle, afin de combler cette voûte laissée blanche durant deux siècles.
La question qui se pose alors est : comment restituer le décor initial prévu par Le Brun, qui suscita en son temps l’admiration du Bernin ? Réponse : par sa projection, recréée numériquement. « Il fallait trouver un moyen de médiation immersif et attractif pour que le public perçoive bien le projet de Le Brun », explique Ascanio de Vogüé, cogérant avec ses frères de la propriété familiale. Vingt et un projecteurs permettront de restituer « le Palais du Soleil », cette composition fourmillant de quelque 180 figures qui nous est connue par les dessins préparatoires de Le Brun conservés au Louvre et par la gravure qu’en fit Gérard Audran (1640-1703). « Nous sommes en train de travailler à une interprétation des couleurs que Le Brun aurait pu employer afin de proposer différentes hypothèses de colorisation », ajoute Ascanio de Vogüé, le système de projection envisagé permettant d’alterner différentes propositions. Mais cela supposait que le support soit suffisamment clair pour que la projection soit lisible. « La voûte n’était pas en péril, mais il était impossible de faire une projection sans la restauration et le désencrassage de la peinture. » Le tout pour un peu moins de 2 millions d’euros, apportés par des subventions publiques et du mécénat. Si la restauration doit s’achever à la fin de l’été, il faudra en revanche attendre 2022 pour voir la composition de Le Brun orner le Grand Salon de Vaux-le-Vicomte.
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À Vaux-le-Vicomte, le Grand Salon en chantier avant immersion
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°567 du 14 mai 2021, avec le titre suivant : À Vaux-le-Vicomte, le Grand Salon en chantier avant immersion