PARIS
Courageuse est la décision de Laurence des Cars, présidente-directrice du Louvre, de limiter la jauge quotidienne, de sorte que la fréquentation annuelle soit 20 % en dessous des 10 millions de visiteurs atteints en 2018.
Mais est-elle tenable ? Reprenons les chiffres. Le chiffre-cible d’environ 8 millions d’entrées est déjà celui de 2022 alors que la fréquentation a été plus faible en début d’année. Par ailleurs, il ne tient pas compte des 822 000 Chinois venus en 2018 et bloqués chez eux depuis trois ans par la politique « zéro Covid » qui vient d’être brusquement abandonnée par Xi Jinping. Ils ne vont pas revenir d’un coup en 2023 mais, à moins de les contingenter (et d’ailleurs comment ?), les touristes chinois vont bien un jour à nouveau remplir les salles.
Dans le même temps, Laurence des Cars veut attirer les Franciliens un peu rebutés par l’image d’un Louvre pour touristes. Cela fait quelques centaines de milliers de visiteurs en plus, qui vont s’ajouter aux autres centaines de milliers de visiteurs gratuits séduits par l’image d’un Louvre plus authentique. On l’ignore souvent mais 40 % des visiteurs ne payent pas de billets, soit 4 millions d’entrées.
En réalité, la présidente-directrice sait bien qu’il sera difficile de ne pas dépasser 8 millions de visiteurs, mais elle mise sur une meilleure répartition des flux entre les salles et au cours de la journée afin de réduire les moments de congestion. Les solutions techniques existent : élargissement des horaires, nouvelle entrée « totem » vers la Cour carrée, circuits balisés qui évitent la Salle des États (celle de la Joconde)… Mais tout cela coûte cher et va prendre du temps.
Le paradoxe est que l’État va devoir mettre la main à la poche pour financer la régulation des flux d’un musée national parisien alors que tant de musées en régions et même à Paris sont vides. Certains vont s’emparer de ce raisonnement sophiste qui ne va pas être aisé à démonter. Le Louvre rejoint ainsi Barcelone, Venise, le Mont Saint-Michel, Angkor au Cambodge, ces lieux affectés par l’hyper-fréquentation. Mais le contexte a changé, l’idée de sobriété fait lentement son chemin et, par ailleurs, les visiteurs ou touristes sont plus attentifs à la qualité de la visite et préfèrent renoncer ou choisir un autre lieu plutôt que se retrouver en troupeau. Internet est aussi un formidable outil d’information et donc de régulation des flux. Le moment est bon pour l’annonce de Laurence des Cars
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Le Louvre et l'hyper-fréquentation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°602 du 6 janvier 2023, avec le titre suivant : Hyper-fréquentation