Collectionneurs

Éditorial

Les collectionneurs fortunés sont optimistes

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2024 - 399 mots

Marché de l’art. Les discussions en cours au Parlement sur l’augmentation de la fiscalité des plus riches ont relancé le débat sur le niveau à partir duquel on est fortuné en France.

Selon l’Observatoire des inégalités, la fortune démarre avec un patrimoine tout compris (immobilier, biens professionnels et actifs financiers) de 531 000 €. Dans son tout dernier rapport sur le marché de l’art, Clare McAndrew a une autre définition. Sont fortunés ceux qui disposent d’un patrimoine de plus d’1 million de dollars, mais contrairement à l’Observatoire leur patrimoine est uniquement constitué des actifs financiers ; ce sont les HNWI, en anglais les High net worth individuals. Il y aurait 2,9 millions de ces fortunés en millions de dollars (à peu près la même somme en euros) en France et 139 ultra-riches en milliards de dollars.

Selon le rapport, près d’un quart des HNWI dans le monde achètent de l’art ce qui n’est pas illogique. Elle ne donne pas les chiffres pour la France, mais si on suppose que le taux est le même en France, cela ferait près de 725 000 acheteurs ou collectionneurs d’art. C’est beaucoup et cela ne se recoupe pas vraiment avec ce que disent les marchands. Aussi est-il plus sage de s’intéresser au sondage qu’elle a effectué auprès de 3 660 collectionneurs relevant des HNWI dans le monde. Que dit ce sondage pour la France ? Surprise, alors que dans les sondages généraux les Français interrogés sont plutôt pessimistes, ici les collectionneurs sondés sont à une majorité écrasante (92 %) optimistes pour le marché de l’art à court et moyen termes. 40 % d’entre eux envisagent d’acheter de l’art en 2025 et ont l’intention de participer à une cinquantaine d’événements (foire, expo en galerie ou en musée) en 2024 comme ils l’ont fait en 2023.

Ce contraste avec le ressenti général en France laisse songeur. Y a-t-il un biais dans la méthodologie du sondage ? Après tout, cette enquête est payée par la banque UBS et l’organisateur des foires Art Basel qui ont intérêt à peindre la vie en rose. Les collectionneurs vivent-ils dans une bulle, mais alors comment expliquer la baisse du marché de l’art et la morosité des galeristes ? En tout cas, cet éditorial ou le sondage de Clare McAndrew ne doivent pas être lus par les parlementaires, car cela leur donnerait de mauvaises idées de nouvelles taxes sur le marché de l’art.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Les collectionneurs fortunés sont optimistes

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