Créativité. La Corée du Sud fait la promotion avec succès de ses artistes vivants hors de ses frontières tandis que la France met en avant en Chine sa maroquinerie de luxe et ses maîtres anciens. Voici un raccourci édifiant offert par le hasard de l’actualité dans cette nouvelle parution du JdA.
Les termes du débat sur le soutien des artistes français à l’international sont bien connus : la France n’en fait pas assez selon certains alors que pour d’autres l’onction officielle est mal perçue surtout dans les pays anglo-saxons. À l’intérieur des frontières, les galeristes se plaignent que les grands musées d’art contemporain rechignent à organiser des rétrospectives sur les artistes français de milieu de carrière tandis qu’une certaine intelligentsia considère qu’il est du devoir de la France de plutôt mettre en avant les tout jeunes artistes hexagonaux et les artistes étrangers.
Une autre explication à la faible présence des artistes français à l’international et son corollaire sur leur cote très inférieure à celle de leurs confrères étrangers réside dans la propension de nos créateurs à vouloir être exposés dans des lieux publics (musées, centres d’art, lieux patrimoniaux, biennales) plutôt que dans des galeries ou foires. À leurs yeux, ces lieux sont plus prestigieux. Et l’on voudrait ajouter ici : plus bienveillants, en ce sens qu’aucune instance de jugement n’y opère. Le nombre de visiteurs est rarement pris en compte tandis que la critique d’art ne joue plus son rôle (depuis des décennies) n’osant surtout pas s’engager sur la qualité des œuvres. Comment, dans ces conditions, un artiste peut-il être incité à remettre en cause son travail ?
Alors que dans les galeries, c’est l’acheteur qui juge, et lui est impitoyable. On peut bien sûr considérer que les collectionneurs ont mauvais goût et n’achètent que ce qui est décoratif. Mais enfin, comment ne pas s’interroger sur le faible nombre d’artistes français présents à la dernière édition d’Art Basel Paris, supposée être une vitrine de la création hexagonale ? Résultat : peu sont vendus. Dans la liste des ventes, fournie par l’organisateur à partir de ce que veulent bien leur dire les marchands, on ne compte qu’une poignée d’artistes français pour des prix peinant à atteindre 100 000 euros quand Julie Mehretu vend une de ses œuvres 9,5 millions de dollars, ou Mark Bradford 3,5 millions de dollars. Le « système » école-galerie-critique devrait encourager les artistes à se colleter au marché pour se mieux comparer et ainsi élever leur qualité.
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La création a besoin d’être stimulée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°644 du 29 novembre 2024, avec le titre suivant : La création a besoin d’être stimulée