Ventes aux enchères

Éditorial

Le marché de l’art, un actif à part

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2025 - 396 mots

Biens culturels. Le marché de l’art est un marché singulier par rapport aux autres marchés patrimoniaux que sont les marchés immobiliers, d’actions, d’or ou de devises.

C’est d’abord le plus petit. Comme le rappelait l’économiste Nathalie Moureau, il est bien plus étroit – d’un tiers inférieur – que le seul chiffre d’affaires du groupe de luxe LVMH, par exemple. Et contrairement aux autres actifs importants, il est stable en valeur depuis des décennies, voire en déclin si l’on tient compte de l’inflation. En revanche, il progresse en volume, mais modestement.

Sa composition fausse l’interprétation de ses résultats. Il agrège des estampes à 10 euros et des tableaux à 100 millions d’euros. Ainsi, lorsque moins d’œuvres à 10 millions ou 100 millions d’euros sont vendues, le chiffre d’affaires (CA) global du secteur baisse, alors que le volume total des transactions augmente. Ainsi, en 2024 : le nombre de transactions a progressé de 3 %, mais le marché a baissé en valeur de 12 % en raison d’une nette diminution des ventes d’œuvres millionnaires.

Mais s’il est le plus petit des marchés d’actifs, le marché de l’art porte une charge symbolique plus prestigieuse pour les acheteurs que l’immobilier ou les actions, car c’est un bien culturel. À cet égard, il est intéressant de comparer sa performance actuelle à celle des autres biens culturels. Alors que le marché de l’art est largement retombé sous son niveau de 2019, avant la crise sanitaire, le CA des secteurs culturels marchands a augmenté de 15 à 19 % par rapport à cette même année de référence (source : note de conjoncture trimestrielle du ministère de la Culture). Tout se passe comme si, en période de crise, les collectionneurs devenaient frileux, tandis que les consommateurs se rendaient plus souvent au spectacle, achetaient davantage de jeux vidéo ou de livres, s’abonnaient davantage aux plateformes vidéo ou musicales, et visitaient plus de sites patrimoniaux. Les exemples précédents sont les secteurs qui affichent les plus fortes progressions. Le cinéma constitue un cas à part : le nombre d’entrées global a baissé de 13 % par rapport à 2019, mais il se trouve en concurrence avec les plateformes. Seule la presse affiche une baisse, malheureusement continue. Mais la comparaison s’arrête là. Un objet d’art est un bien ; une entrée au spectacle ou un film acheté sont des services à visée distractive, une manière de se soustraire du fracas du monde.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°653 du 11 avril 2025, avec le titre suivant : Le marché de l’art, un actif à part

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