Politique culturelle

Éditorial

Un doublon de plus dans le soutien à la création ?

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2025 - 372 mots

Faut-il créer un nouvel organisme de soutien aux artistes visuels alors qu’il en existe déjà beaucoup ?

Rachida Dati. © UMP, 2013, CC BY-NC-ND 2.0
Rachida Dati.
Photo UMP

Lors de ses vœux en janvier dernier, Rachida Dati a en effet annoncé son intention de créer « une grande fondation pour l’art contemporain français, basée sur un modèle juridique public-privé comparable à la Fondation du patrimoine. » Mais contrairement au « National Trust à la française » pour lequel elle a confié une mission de réflexion à Marie Lavandier, la présidente du CMN, cette nouvelle fondation en est pour l’instant restée au stade de l’annonce.

Nombreux sont les organismes à vouloir soutenir la création française : le Cnap, l’ADAGP, la Fondation des artistes, la Maison des artistes, l’Institut français… Certes, chacun a une spécificité : le Cnap conserve la collection nationale, l’ADAGP collecte et redistribue les droits de reproduction et de suite, la Fondation des artistes gère une maison de retraite pour les artistes, la Maison des artistes conseille ses adhérents, l’Institut français promeut la scène française à l’étranger…

Mais tous ces organismes veulent aussi stimuler la création – avec des budgets modestes – par des prix, des aides directes, des éditions, des expositions, des commandes, des achats… Ils s’ajoutent aux innombrables centres d’art, Frac, musées, biennales, sites patrimoniaux qui eux aussi achètent, commandent des œuvres ou financent la production.

Le mieux est l’ennemi du bien et les artistes ont bien du mal à se repérer dans tous ces organismes à l’identité mal perçue. D’autant qu’il n’y a pas tant que cela d’artistes professionnels. Les chiffres sont lacunaires, mais en recoupant différentes sources, on compte environ 40 000 artistes plasticiens dont 4 000 vivent plus ou moins (mal) de leur art, et encore en intégrant les revenus annexes à la vente de leurs œuvres.

La France aime bien les grandes structures centralisées faciles à présenter dans une diapositive PowerPoint. Mais d’un point de vue de leur efficience, le rapport entre leur budget d’intervention et leurs frais de fonctionnement tend à décroître dans le temps. On croit comprendre que la Fondation de la ministre comporte, comme pour la Fondation du patrimoine, un volet d’appels aux dons et mécénat. C’est aussi ce que font les organismes précités. Aussi, plutôt qu’un énième « machin », il faudrait plutôt envisager un regroupement sinon une mutualisation des acteurs déjà présents.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : Un doublon de plus dans le soutien à la création ?

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