PARIS
La ministre de la Culture qui a été reconduite dans ses fonctions a laissé entrevoir ses priorités.
France. Autant la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture avait été une surprise en janvier dernier, autant sa reconduction récente dans l’équipe de Michel Barnier n’a pas beaucoup suscité de commentaires. Il est vrai que les enjeux de la composition du nouveau Gouvernement ont éclipsé le sort de l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy et qu’on s’y attendait un peu. « Macron compatible », et pour cause c’est le président lui-même qui avait tenu à ce qu’elle vienne rue de Valois en lieu et place de Rima Abdul Malak, elle est aussi « LR compatible ». Les Républicains ne lui tiennent manifestement plus rigueur de les avoir trahis en janvier dernier. Surtout, ils sont bien en peine de présenter des candidates, qui plus est, issues de la diversité. La locataire de la rue de Valois n’a pas manqué de remercier le président et le Premier ministre dans un Tweet vibrant.
C’est aussi sur X (anciennement Twitter) qu’elle a esquissé les grandes lignes de son programme. Elle entend « déployer » le Printemps de la ruralité, son plan pour la culture, dans les zones rurales qui étaient un peu passées à la trappe entre la dissolution et les JO. Elle veut aussi « refondre » le Pass culture. Le verbe est fort et laisse entrevoir un changement de cap qu’elle avait au demeurant acté lors de la remise des différents rapports sur le Pass. Elle veut « assurer la pérennité du financement de l’audiovisuel public », une formule ambiguë qui peut s’interpréter comme un habillage verbal de la grande réforme de l’audiovisuel et de la radio public (un BBC à la française) ou simplement une réforme de l’audiovisuel sans toucher à son statut.
La ministre veut aussi donner une suite aux États généraux de l’information. Enfin, plus curieusement, elle va engager une réflexion « autour d’un modèle innovant du financement du patrimoine religieux pour sa sauvegarde ». Curieusement, car à l’initiative du président, le taux de déduction fiscale pour les particuliers était passé à 75 % jusqu’à 1 000 €, ce qui a rapporté 12 millions d’euros via la Fondation du patrimoine. 12 M€ est effectivement un peu faible en regard des montants à dépenser.
On comprend entre les lignes que ce n’est pas du côté du budget du ministère que l’on va pouvoir dégager des ressources supplémentaires pour le patrimoine religieux. Rachida Dati n’en dit rien mais les crédits de paiement de son ministère risquent de ne pas beaucoup augmenter en 2025, voire même baisser comme cela a été le cas en 2024. Le débat sur la situation catastrophique des finances publiques prépare les esprits à un tel scénario. Dans ce contexte, « un financement innovant » renvoie presque certainement à un financement privé. Il faudra cependant à la ministre faire preuve de beaucoup d’inventivité, car si les besoins de financement pour la restauration du patrimoine religieux sont importants, ceux pour les musées et monuments nationaux le sont à la puissance 10. On note enfin que la ministre ne parle pas souvent du spectacle vivant.
En revanche, elle est toujours autant attirée par les paillettes. Elle a tenu à remettre, elle-même, à l’ex-mannequin Naomie Campbell les insignes de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Et d’après Le Figaro qui a couvert cet important événement, la ministre aurait dit : « Je n’aurais accepté aucun autre ministère que celui de la culture. Déjà, parce que je voulais y rester. Et parce que je savais qu’en septembre, j’avais rendez-vous avec vous. » Manifestement la ministre ne savait pas que le même jour, la Commission britannique qui surveille les organismes philanthropiques avait décidé d’interdire Naomie Campbell de toute responsabilité dans une organisation de mécénat pendant cinq ans. Fashion for Relief, sa structure qui récupère des fonds pour des associations caritatives, lui a reversé beaucoup d’argent et peu aux associations caritatives.
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La feuille de route de Rachida Dati
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : La feuille de route de Rachida Dati