L’autre grande incertitude à ce jour est le devenir de ce budget lorsqu’il sera présenté au Parlement. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a indiqué qu’il allait proposer par amendements des économies supplémentaires de 5 milliards d’euros sur les budgets ministériels, soit une quarantaine de millions pour la Culture si le coup de rabot est proportionnel. Le gouvernement devra peut-être aussi composer avec les demandes particulières des députés et sénateurs s’il veut faire passer son budget, à moins de recourir à l’article 49.3.
Enfin, il convient de rappeler que les chiffres de la loi de finances initiale 2024, auxquels ceux de 2025 sont comparés, ne correspondent absolument pas à ce qui aura été réellement dépensé à la fin de l’année 2024. L’an dernier, Rima Abdul Malak avait annoncé un budget en hausse de 5,7 %, représentant 182 millions d’euros, mais quelques mois plus tard le budget a été amputé de 204 millions d’euros. À l’époque elle avait expliqué que cette coupe serait comblée en partie par les crédits mis en réserve, ce qui demande à être vérifié. En résumé, il ne faut pas prendre les évolutions au pied de la lettre et ne considérer que les dynamiques.
Encore plus surprenante est la dotation de 7,43 millions d’euros attribuée au Palais de Tokyo. En 2023, le centre d’art parisien a bénéficié d’une subvention de 7,3 millions d’euros tout en dégageant un bénéfice de 1,1 million d’euros grâce à la manne que lui apportent la location d’espaces (4 M€), les partenariats (2 M€) et les concessions diverses et variées (3,2 M€). Il est vrai que la fréquentation payante a baissé de 21 % en 2023. En ces périodes de budget contraint, ne faudrait-il pas envisager une programmation plus attractive et baisser la subvention de l’État ? ou à tout le moins puiser dans les réserves ?
Autre sujet de curiosité : la compensation de la hausse de la CSG pour les artistes-auteurs, dispositif qui entre dans sa sixième année. C’est une dépense fiscale qui ne dit pas son nom et coûte la bagatelle de 21 millions d’euros à l’État. L’explication donnée pour compenser cette dépense vaut son pesant de cacahuètes : la pérennisation de cette mesure est rendue possible par le recouvrement des cotisations sociales des artistes-auteurs transféré en 2020 à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS). Sous-entendu, les économies réalisées dans ce transfert (à vérifier !) permettent de financer des dépenses fiscales. Si chaque gain en productivité dans le fonctionnement de l’État se traduit par une dépense nouvelle, la France n’est pas près de diminuer son déficit.
Pendant ce temps-là, donc, le budget des écoles d’art reste stable, tandis que les indispensables travaux sont reportés, comme c’est le cas aux Beaux-Arts de Paris. Le document indique qu’une enveloppe de 7 millions d’euros est ouverte pour le plan Culture et ruralité, mais on est bien en peine de repérer le budget qui baisse pour compenser cette enveloppe.
En définitive, le seul budget qui augmente significativement est celui des dépenses du personnel du ministère (+ 3,1 %), et ce par la simple application des revalorisations statutaires car le nombre d’agents reste le même. Cela illustre bien les contraintes des budgets des ministères en général et celui de la Culture en particulier, où pas moins de 80 % des dépenses sont déjà fixées avant même de préparer le budget.
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Le budget de la Culture 2025 en sursis
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°641 du 18 octobre 2024, avec le titre suivant : Le budget de la Culture 2025 en sursis