Les sénateurs préconisent de privilégier les dépenses d’entretien sur les grands chantiers.
Paris. La Cour des comptes n’est pas la seule autorité publique préoccupée par le « mur d’investissement » qui s’annonce pour le patrimoine. Le Sénat s’inquiète lui aussi des dépenses importantes d’entretien que le Centre des monuments nationaux (CMN) doit réaliser dans les prochaines années. Le CMN évalue à 270 millions d’euros, les travaux d’investissement courant sur plusieurs des 110 sites qu’il gère. Mais bien que l’établissement public ait des finances plutôt en bon état, il ne va pas pouvoir payer ces investissements courants sans une aide accrue de l’État, ce qui semble compromis pour plusieurs années en raison des déficits publics de l’État et des besoins dans d’autres sites patrimoniaux.
Les sénateurs pointent que seuls quatre sites dégagent des bénéfices permettant de compenser les déficits des autres 106. Il s’agit, dans l’ordre, de l’Arc de Triomphe, de la Sainte-Chapelle, du Mont Saint-Michel et du Panthéon et sans doute en 2025 les tours de Notre-Dame qui vont rouvrir prochainement. Les recettes de ces sites, et de manière générale des sites parisiens permettent au CMN de s’autofinancer à moitié. Les sénateurs recommandent accessoirement d’augmenter les billets d’entrée des sites parisiens afin de disposer de plus de recettes.
Plus important, ils préconisent de suspendre plusieurs années les grands chantiers et l’intégration de nouveaux sites dans le périmètre. Le CMN a en effet ces dernières années intégré deux gros morceaux – l’hôtel de la Marine et Villers-Cotterêts dont le coût des chantiers équivaut à lui seul ce que le CMN a dépensé depuis 2017 pour ses autres sites. Le rapport suggère de repousser le projet de lien entre la Conciergerie et la Sainte-Chapelle sur l’Île de la Cité, séparées par le Palais de justice, dont le coût est estimé entre 150 et 200 millions d’euros. Il cite également l’abbaye de Clairvaux, mais il semble qu’à ce jour l’État préfère en confier la reconversion à Edeis. Les sénateurs aimeraient que le CMN établisse un plan d’entretien dans le cadre de son plan triennal qui arrive bientôt à son terme, et dont devrait faire partie la tour Saint-Nicolas à La Rochelle fermée jusqu’à nouvel ordre et pour laquelle la restauration est estimée à elle seule à 27 millions d’euros.
Le périmètre du CMN a beaucoup changé depuis plusieurs années. Entre 2005 et 2007, les châteaux de Chambord et de Chaumont-sur-Loire ont quitté le giron du CMN et plus tard le château du Haut-Koenigsbourg à la suite du rapport de la Commission Rémond en 2003 sur le transfert de monuments nationaux vers les collectivités locales. Si la plupart des sites issus de la Commission Rémond étaient déficitaires, ce n’était pas le cas des trois châteaux précités.
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Le Sénat veut geler les lourds investissements du CMN
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Le Sénat veut geler les lourds investissements du CMN