De plus en plus fragilisée, la tour va faire l’objet de travaux d’urgence dès janvier puis d’une importante restauration qui devrait durer plusieurs années.
La Rochelle (Charente-Maritime). Fièrement dressée à l’entrée du Vieux-Port, la tour Saint-Nicolas (voir ill.) a longtemps défendu l’entrée du port. Un édifice emblématique, loin d’être inébranlable pour autant. Depuis sa construction au XIVe siècle, la tour bouge légèrement, oscillant constamment de quelques millimètres à peine. Mais en mars dernier, des mouvements inhabituels ont été détectés, contraignant de fermer la tour au public dès juillet pour préparer, dans l’urgence, le lancement d’une restauration d’ampleur.
« Ce qui nous a alertés, c’est que le mouvement repéré par nos capteurs était plus important que d’habitude, précise Stéphanie Lhortolary, administratrice des tours de La Rochelle, gérées par le Centre des monuments nationaux (CMN). On parle d’un basculement de près de deux centimètres, qui a beaucoup tardé pour faire son mouvement de retour. » Des mouvements anormaux de par leur intensité, mais aussi de par leur position : les experts ont découvert qu’au lieu d’être monolithique, l’édifice bougeait en réalité dans trois directions différentes, avec des mouvements divergents au niveau de l’éperon et de la tourelle nord-ouest. Pour expliquer ces anomalies, plusieurs facteurs sont avancés, à commencer par le phénomène des grandes marées qui dégrade les pieux de fondation de la tour en les exposant trop longtemps à l’air libre. Autre hypothèse, celle des travaux de remaniement du port menés au XIXe siècle, qui pourraient eux aussi avoir déstabilisé l’édifice.
« Cela fait longtemps que le projet de restauration de la tour est dans les tuyaux. On prévoyait notamment de consolider le soubassement. Mais on pensait avoir plus de temps, confie Stéphanie Lhortolary. La mission qui prime aujourd’hui, c’est de redonner une cohérence monolithique à l’édifice. » En janvier, débutent donc des travaux d’urgence qui se concentreront sur le frettage de l’éperon de la tour, déformé par d’importantes fissures, et le cerclage des parties hautes. « Il faut à tout prix qu’on reconsolide cet éperon. Notre plus grande crainte, c’est qu’il tombe dans le port », s’inquiète-t-elle. Cette étape impérative achevée, un chantier de restauration pourra être lancé en 2026, prévu pour durer quatre ans. Il faudra alors consolider le soubassement tout en préservant les pieux d’origine, avant d’entamer la restauration de tous les niveaux. « Ce sera un chantier historique en termes de technicité », assure Stéphanie Lhortolary. Un chantier historique, qui nécessite de facto une enveloppe conséquente : le coût total des opérations est estimé à 25 millions d’euros. Il sera principalement financé par le ministère de la Culture (le montant des aides allouées n’a pas encore été précisé).
De cette longue période de fermeture forcée, l’administratrice tire le positif : « On accumule beaucoup de données scientifiques à propos de la construction de la tour, qui nous faisaient défaut jusque-là et que l’on pourra présenter au public. Ce serait aussi intéressant d’exploiter le chantier en lui-même en organisant des chantiers-écoles. » Des opérations de médiation seront également menées dans les deux tours adjacentes, la tour de la Lanterne et la tour de la Chaîne.
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La tour de la Rochelle bouge dangereusement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°646 du 3 janvier 2025, avec le titre suivant : La tour de la Rochelle bouge dangereusement