Le Centre des monuments nationaux (CMN) annonce diversifier sa stratégie et ses priorités d’ici à 2030 en accentuant la conservation préventive.

France. De l’ouverture de la Cité internationale de la langue française (Villers-Cotterêts) à la réouverture de Notre-Dame en passant par les étapes de la flamme olympique, le CMN a été absorbé par des chantiers importants en 2023 et 2024 qui ont parfois occulté les sites plus modestes. Sa présidente, Marie Lavandier, se réjouit que la fréquentation en 2024 reste assez élevée avec 11 millions de visiteurs, mais fait le constat que l’établissement public doit opérer des « mutations » pour plus d’efficacité. Le CMN gère cent dix monuments de nature et de taille très disparate, des alignements de Carnac à la maison de George Sand (Nohant), dont plusieurs attendent des travaux de restauration ou de prévention dans un contexte budgétaire tendu. Sur ce point, Marie Lavandier espère « un budget 2025 stable voire en légère hausse », autour de 230 millions d’euros, mais souligne la nécessité de diversifier les ressources propres du CMN. Le plan 2030 doit répondre à ces défis par de nouvelles orientations stratégiques qui prennent aussi en compte le changement climatique et l’évolution récente du tourisme culturel.
Parmi les axes stratégiques, Marie Lavandier met en avant l’importance d’une « écologie de la conservation », soit privilégier l’entretien et la conservation préventive aux grands chantiers de restauration. Il s’agirait donc de conserver l’état existant des monuments et sites plutôt que de les restaurer à un état antérieur. Un suivi plus fin de l’état des sites devrait permettre d’anticiper les travaux d’entretien dans le contexte du changement climatique (taux d’humidité, parasites, qualité de l’air). Pour ce faire, le CMN envisage de s’appuyer aussi sur les habitants des communes à proximité des sites, avec des bénévoles et des chantiers participatifs, ainsi que des coopérations renforcées avec les collectivités pour la gestion des sites. Ce changement de stratégie influencera peu les grands chantiers déjà engagés comme le précise Marie Lavandier, notamment au Mont-Saint-Michel, à Carcassonne et au château de Rambouillet : pour ces programmes pluriannuels (5 à 10 ans), le CMN doit cependant « justifier ses choix » selon sa présidente. À noter que des chantiers d’urgence seront toujours financés, comme les travaux de stabilisation de la tour Saint-Nicolas à La Rochelle.

Reste la question du financement de cette nouvelle stratégie, alors que la tendance générale est à l’austérité budgétaire. Sur les 230 millions d’euros, 120 proviennent de ressources propres selon le CMN, une proportion stable mais amenée à évoluer (boutiques, restaurants, partenariats à l’international). Côté mécénat, Marie Lavandier signale qu’en 2024 les mécènes ont contribué à hauteur de 4,5 millions, un montant qu’elle souhaite voir augmenter en développant entre autres le mécénat participatif (crowdfunding). Ce type de mécénat semble fonctionner efficacement pour le patrimoine naturel (parcs, roseraies) d’après le CMN. Enfin, le recours à des mécènes étrangers pourrait devenir systématique, puisque le CMN a lancé en 2024 un cercle de mécènes asiatiques avec la collaboration de la Fondation de France (Chine, Japon, Corée). La fin de l’été 2025 sera marquée par la réouverture des tours de Notre-Dame gérées par le CMN, un événement à forte visibilité qui pourrait motiver les mécènes à investir dans le patrimoine sur le long terme.
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Le CMN révise son plan d’actions
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°650 du 28 février 2025, avec le titre suivant : Le CMN révise son plan d’actions