Rachida Dati reste au ministère de la Culture (et du Patrimoine*)

Peu de noms circulaient sur le nouveau locataire de la Rue de Valois depuis le changement de composition de l’Assemblée nationale. Au début les commentateurs étaient bien en peine de savoir quelle serait la couleur politique du nouveau gouvernement, puis lorsque Michel Barnier a été nommé il n’y a pas eu les fuites habituelles lors de la constitution d’une équipe ministérielle ni même de candidats plus ou moins déclarés. 

Rétrospectivement, la reconduction de Rachida Dati au ministère de la Culture n’est pas vraiment une surprise, en tout cas nettement moins que lors de sa nomination en janvier dernier. Appartenant au même camp que le nouveau Premier ministre, elle coche de nombreuses cases : une femme, issue de la diversité, connue et sans doute appréciée par les Français. Elle fait donc partie des 7 ministres reconduits dans un gouvernement très marqué par le camp présidentiel et la droite.

Ce n’est certes pas sur son bilan qu’elle a été choisie. Elle ne peut se prévaloir que d’un plan sur la culture dans les zones rurales, rapidement lancé, plein de bonnes intentions mais à l’effet limité. Elle n’a pas pu empêcher une baisse de 204 millions de crédit de paiement de son ministère pour 2024, annulant une hausse de 182 M€ obtenue par Rima Abdul Malak. Mais il est vrai qu’il est difficile à un ministre de porter des réformes ou programmes importants en un peu moins de 5 mois.

En revanche elle a marqué son territoire par sa personnalité. Plutôt simple et à l’écoute en petit comité, elle maîtrise peu sa communication en public, donnant volontiers son sentiment (sur les écoles d’art, sur les archéologues...) sans mesurer l’impact de la parole ministérielle. Elle ne craint pas non plus de revenir sur ses décisions comme pour le démontage du Pavillon des Sources.

La profession va naturellement la juger sur sa capacité à protéger son budget 2025 et les arbitrages qu’elle sera amenée à prendre entre les différents secteurs. Les lettres plafond envoyées le 20 août dernier par Gabriel Attal aux ministres indiquaient une reconduction des budget 2024 soit une baisse en tenant compte de l’inflation (environ 2 %). Le changement de nom du ministère qui devient ministère de la Culture et du Patrimoine (*) laisse penser que le patrimoine sera plus aidé que le spectacle vivant. Des sources d’économies sont possibles dans le Pass Culture, mais jusqu’à quel point le Pass est-il une ligne rouge pour Emmanuel Macron ? La loi sur les restitutions dans le contexte colonial sera sans doute vidée de sa substance compte tenu de la composition très à droite de l’Assemblée nationale et du Sénat. A l’inverse, et pour les mêmes raisons, la loi sur le rapprochement entre France Télévision et Radio France va très certainement aller au bout.