Ambiance. Au moment où vous lirez ces lignes, un Premier ministre aura été nommé, du moins on peut l’espérer.
Mais cela ne va pas pour autant régler les problèmes de fond, dans le contexte géopolitique dramatique que l’on connaît. D’abord très concrètement, ce Premier ministre va devoir composer un gouvernement puis boucler au plus vite le projet de budget 2025. Sa préparation faisant la une de l’actualité, tout le monde sait maintenant que le budget est la traduction chiffrée des programmes de l’exécutif pour l’année à venir, soit un document majeur. Les attentes sont nombreuses et il ne peut y avoir que des mécontentements compte tenu du déficit budgétaire abyssal de la France. À moins d’augmenter les impôts des particuliers et des entreprises et/ou de rétablir l’ISF, ce qui ne manquera pas aussi de susciter de la colère.
Trouver un ministre de la Culture ne sera pas compliqué, les postulants sont nombreux. D’ailleurs ces ministres changent tellement souvent (huit en dix ans) qu’ils ne sont plus le centre de gravité de la politique culturelle. Les grands opérateurs et les collectivités locales ont acquis de plus en plus d’autonomie et ont appris à composer avec une administration centrale de la Culture sans boussole. Quand un nouveau ministre de la Culture arrive en moyenne tous les vingt mois, un dirigeant d’établissement public reste en poste entre neuf et onze ans.
Trouver un « bon » ministre sera plus compliqué. Qui a envie de mettre dans la rue les archéologues ou être interpelé dans une tribune vengeresse par les intermittents du spectacle parce qu’il aura diminué leur budget de 5 % ? Qui a assez d’habileté parlementaire pour faire voter la loi sur les restitutions dans le contexte colonial ? Qui saura résister aux pressions de ceux qui veulent supprimer le Pass culture ? Qui veut composer avec certains élus locaux qui veulent se débarrasser de leur école d’art ? Tout cela sous la menace d’une motion de censure ou d’une nouvelle dissolution dans un an qui les éjectera de la Rue de Valois. À cet égard le ministre n’est pas le seul concerné, il lui faut s’entourer d’un cabinet compétent qui veille au grain, prépare les dossiers, rédige les fiches du ministre pour les auditions parlementaires ou les interviews dans les matinales. Quel bon conseiller révocable ad nutum a envie de venir Rue de Valois dans un tel contexte ? Le temps des incertitudes n’est pas terminé.
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Le temps des incertitudes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Le temps des incertitudes