La Région Pays de la Loire coupe drastiquement dans les budgets 2025

Nantes (Loire-Atlantique). La tension monte à l’approche du vote du budget 2025 de la Région Pays de la Loire, prévu le 19 décembre. Nombre d’acteurs culturels s’inquiètent et s’insurgent contre les coupes budgétaires drastiques déjà annoncées par Christelle Morançais (parti Horizons), présidente de la Région depuis 2017. Alors que le gouvernement diminue sa dotation au nom du rétablissement des comptes publics, elle promet d’aller chercher 100 millions d’euros d’économies en ponctionnant dans les dépenses de fonctionnement (1,2 milliard d’euros en 2024).

Grandement décrié, ce coup de rabot affectera avant tout les secteurs de la culture, du sport et de la vie associative. Si la Région avait déjà diminué les subventions allouées aux structures culturelles l’an passé – le budget Culture était passé de 42,2 millions d’euros en 2023 à 36 millions en 2024 –, les coupes qui se profilent pour 2025 se révèlent bien plus fortes. Divers acteurs culturels et syndicats font état d’une baisse pouvant aller jusqu’à 73 % du budget consacré à la culture (qui ne dépasserait donc pas les 10 millions d’euros), chiffre qui n’a pas été officiellement confirmé ou démenti par le Conseil régional.

Mais si le budget n’a pas encore été voté, de nombreuses structures culturelles ont d’ores et déjà été informées de la diminution voire de la suppression totale de leur subvention régionale. Par téléphone, par courriel ou par courrier, les annonces affluent brutalement, alimentant la colère et la stupeur des acteurs touchés. Festivals, spectacles, associations et sociétés d’édition paient le prix fort de ce tour de vis budgétaire. À seulement deux mois de sa 31e édition, La Folle Journée, festival nantais de musique classique, vient d’apprendre l’arrêt de sa subvention de 180 000 euros en 2025. Le festival de spectacle vivant Le Chaînon manquant de Laval (Mayenne) se voit lui aussi retirer son soutien financier (161 500 €), tout comme l’association Les Escales chargée du festival du même nom et de la salle de concert Le VIP à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique (117 800 €). Également concerné par ces coupes, le Théâtre régional des Pays de la Loire, sis à Cholet (Maine-et-Loire) perdra 16 % de sa subvention en 2025 (soit 27 500 €) puis la totalité en 2026 (soit 165 000 €). « Cette perte représentera 20 % de notre budget global en 2026 », s’afflige Camille de La Guillonnière, directeur de la compagnie. D’autres structures s’inquiètent pour leur survie, à l’instar de la Maison Julien-Gracq à Mauges-sur-Loire (Maine-et-Loire) qui perdra 60 % de sa subvention dès 2025 (elle recevra 64 000 €). « Le dialogue est, je l’espère, encore ouvert, confie son directeur, Jérémy Fabre. La Région est le premier financeur de la Maison Julien-Gracq, donc sans elle, ou avec une baisse aussi importante, le projet même de la Maison est mis en péril. »

Sous le feu des critiques, Christelle Morançais s’est fendue d’une réponse virulente, postée sur le réseau social X : « La culture serait donc un monopole intouchable ? […] Quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public […] ; et à plus forte raison quand cet argent public n’existe plus ? […] N’est-ce pas la preuve que notre modèle culturel doit d’urgence se réinventer ? » En réaction, une tribune a été publiée dans le quotidien Libération le 24 novembre, dénonçant « ce qui s’apparenterait à un plan social de la culture » et qui « serait mortifère pour les 150 000 emplois concernés ». La pétition associée a recueilli, à ce jour, plus de 90 000 signatures. Le lendemain, près de 3 000 manifestants ont protesté devant le Conseil régional à Nantes, dans l’espoir d’infléchir le vote.