La baisse des recettes commerciales préoccupe les magistrats, sans qu’il y ait toutefois péril en la demeure.
Paris. Les rapports financiers des établissements culturels se ressemblent tous en ce moment : des recettes commerciales en baisse, des subventions publiques stagnantes et des charges qui augmentent mécaniquement en raison de l’inflation et des hausses de salaire. Résultat, des comptes tout juste équilibrés, au prix d’une baisse des dépenses de programmation. C’est ce qui arrive à la Maison de la culture d’Amiens (MCA), un établissement public, comme le montre un rapport récent de la chambre régionale des comptes.
La MCA a une valeur symbolique forte. Troisième maison de la culture a être inaugurée par André Malraux en 1966 (la première, en 1961, est au Havre), elle dispose depuis l’origine de son propre bâtiment conçu à cet effet. Comme de nombreuses maisons de la culture, sa programmation concerne majoritairement le spectacle vivant – elle est labellisée « Scène nationale – (mais aussi le cinéma), ce qui ne l’empêche pas d’accueillir quelques expositions d’art contemporain temporaires.
Elle n’est pas encore tout à fait remise de la crise liée au Covid-19, le public du cinéma et des spectacles n’est pas complètement revenu, entraînant une baisse des recettes correspondantes. Celles-ci passent de 979 000 euros en 2018 à 609 000 euros en 2022, soit une chute de 38 % en partie compensée par la moins mauvaise tenue des recettes du bar et de privatisation. La part des recettes commerciales dans les dépenses ne cesse de baisser, ce qui inquiète les magistrats qui projettent les courbes pour les années futures. Déjà la chambre avait relevé que la MCA avait du mal à boucler son budget 2024. Ce qu’infirme Jean-Michel Puiffe, qui dirige par intérim l’établissement public pendant le congé maladie de son directeur, Laurent Dreano (un ancien conseiller des différents ministres de la Culture de François Hollande). Il indique au Journal des Arts que le budget 2024 va se terminer à l’équilibre, grâce notamment à l’adoption d’un régime de TVA plus favorable à l’établissement. Mais cela ne résout pas les projections futures. Si statutairement les subventions des différents partenaires publics sont restées stables les années précédentes, voire ont augmenté grâce à des apports exceptionnels, il n’est pas sûr qu’elles augmentent les prochaines années à proportion de l’inflation. D’autant que se profile un « sujet » bâtiment. Ouvert en 1965, avant son inauguration, celui-ci a bénéficié d’une vaste rénovation il y a plus de trente ans, en 1992. Selon Jean-Michel Puiffe, le bâtiment en lui-même ne nécessite pas de gros travaux, mais les équipements de scène auraient besoin d’un coup de jeune.
La situation est tendue sans être critique. Le budget global de fonctionnement, d’un montant de plus de 6 millions d’euros, est raisonnable pour un équipement très important pour les Amiénois, et des marges de manœuvre existent : offrir une programmation plus grand public et avec davantage de représentations pour diminuer les coûts, recourir à l’emprunt pour les travaux, solliciter des mécènes…
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La Cour des comptes s’inquiète pour la santé financière de la Maison de la culture d’Amiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°645 du 13 décembre 2024, avec le titre suivant : La Cour des comptes s’inquiète pour la santé financière de la Maison de la culture d’Amiens