La France et l’Ouzbékistan consolident leurs relations culturelles

Ouzbékistan et France. Situé au cœur de l’Asie centrale, l’Ouzbékistan reste mal connu en France et son président Shavkat Mirziyoyev compte sur le nouveau partenariat stratégique pour y remédier. Ce partenariat fait suite à plusieurs déclarations d’intention qui établissaient déjà des bases pour une relation bilatérale. Suite à l’élection de Mirziyoyev en 2016, le pays s’est en effet ouvert aux investisseurs étrangers après quinze ans d’isolement diplomatique, comme le signale Michael Levystone (doctorant au Centre de recherche Europe-Asie à l’Inalco et cofondateur de l’Observatoire de la Nouvelle Eurasie). En 2023, Emmanuel Macron s’est rendu à Tachkent et il a reçu Mirziyoyev à Paris, en mars 2025 : la dernière visite d’État d’un président français en Ouzbékistan remontait à 1994. Les liens entre les deux pays se sont donc tissés en quelques années, et s’y ajoute « une très bonne relation entre les deux présidents », selon Michael Levystone.

La présence française en Ouzbékistan s’incarne à travers le soft power et les contrats avec des entreprises du secteur de l’industrie et de l’énergie, ce que le partenariat stratégique permettra de développer. Tachkent, la capitale, compte l’unique lycée français d’Asie centrale, ainsi qu’une Alliance française créée en 2015 (une seconde a ouvert à Samarcande en 2024). Plusieurs universités proposent des cursus de langue française, ainsi que quelques collèges et lycées : en 2024, dix-sept établissements d’enseignement secondaire et supérieur ont reçu des manuels d’apprentissage du français selon l’ambassade de France en Ouzbékistan. De nombreux chercheurs français spécialistes d’Asie centrale et des ex-républiques soviétiques mènent des projets en Ouzbékistan depuis février 2022, car « la guerre en Ukraine a amené de nouveaux partenariats entre universités » d’après Michael Levystone. On note que l’Agence française de développement a mené pour 1,3 milliard d’euros de projets en Ouzbékistan depuis 2016, un montant non négligeable. Même si les Français en Ouzbékistan restent peu nombreux, on observe une croissance régulière : en 2019, le Sénat notait que le nombre de Français en Ouzbékistan inscrits sur le registre des Français de l’étranger avait augmenté de 27 % entre 2017 et 2018 pour atteindre plusieurs centaines de personnes.

Les projets annoncés dans le partenariat stratégique ne vont donc pas éclore dans le vide : le futur centre culturel franco-ouzbek de Tachkent, la future université franco-ouzbek, le projet de formation des conservateurs de musée par l’Institut national du patrimoine (INP) et la coopération pour les contenus audiovisuels prolongent des liens préexistants.

Car le soft power ouzbek est à l’œuvre en France et en Europe depuis plusieurs années, et selon Michael Levystone « le président Mirziyoyev veut approfondir la relation avec l’Union européenne par la politique culturelle et le “soft power”, et il a signé un accord de coopération renforcée » en amont du premier sommet UE-Asie centrale, en avril 2025. En France, l’Ouzbékistan a noué des liens avec les grands musées, comme l’ont montré les deux expositions au Louvre et à l’Institut du monde arabe en 2022 et 2023 sur les routes de la soie. L’Ouzbékistan met régulièrement en avant ses « villes musées » à l’étranger. Le partenariat stratégique prévoit d’ailleurs plusieurs grandes expositions d’art ouzbek en France en 2026. Le soft power ouzbek s’est également manifesté pendant les Jeux olympiques de Paris, où les athlètes ouzbeks ont remporté plus de médailles que ceux des autres pays d’Asie centrale. Enfin, l’Ouzbékistan a assisté pour la première fois au sommet de la francophonie à Villers-Cotterêts en octobre 2024, bien qu’il ne soit pas membre de l’Organisation internationale de la francophonie. C’est un signe supplémentaire de la volonté de l’Ouzbékistan de s’affirmer sur la scène internationale tout en renforçant sa coopération avec la France, qui y voit un avantage pour s’implanter durablement en Asie centrale.