Confronté à des travaux urgents sur ses quatre sites, l’Opéra national de Paris sera conduit à fermer ses salles en alternance, rappelle la Cour des comptes.
Paris. Dans son récent rapport sur l’Opéra national, la Cour des comptes fait état du plan d’investissements immobiliers, réalisé en décembre dernier par le comité stratégique de l’établissement. Celui-ci chiffre à 196 M€, les travaux indispensables à entreprendre d’ici à 2030, (voir tableau), travaux qui ne pourront être effectués qu’en fermant les deux salles, en alternance afin de limiter les conséquences sur le public. L’Opéra Garnier pourrait fermer pendant deux ans à compter de juillet 2027 et l’Opéra Bastille pendant deux ans également à partir de juillet 2030.
La Cour s’est naturellement interrogée sur le financement de ces travaux. La situation est moins problématique qu’au Centre Pompidou par exemple, mais est difficile. L’établissement peut mobiliser sur la période 50 millions d’euros mis en réserve (issus de travaux prévus pour la salle modulable de Bastille), 28 M€ de recettes publicitaires des bâches, 40 M€ d’autofinancement et 35 M€ de subvention de l’État. Reste donc à trouver 43 M€, mais sans doute plus. Car comme le signalent les magistrats, le coût des travaux reste prévisionnel et nécessite un chiffrage plus précis. Par ailleurs, la Cour ne semble pas prendre en compte la perte d’exploitation liée à la fermeture des sites.
Comme beaucoup d’établissements publics culturels, l’Opéra de Paris n’est pas en grande forme. Il n’a enregistré entre 2014 et 2024 que trois exercices bénéficiaires pour un déficit cumulé de 46 M€. Si la direction de l’Opéra a fait de nombreux efforts pour réduire le nombre de nouvelles productions, pratiquer une politique active de prix des billets et augmenter ses autres recettes (mécènes et privatisations), elle est contrainte par une masse salariale considérable (1 878 salariés en ETP pour un budget de 154 M€ en 2024). Outre la complexité de la gestion des ressources humaines dans le métier du spectacle, la direction doit aussi encaisser le coût des grèves qui ont fait perdre 18 M€ à l’Opéra entre 2018 et 2023.
L’Opéra a également été ralenti dans son processus de décision par la promesse faite en 2016 de la construction d’une Cité du théâtre sur l’implantation des ateliers Berthier dans le XVIIe arrondissement de Paris. Dans l’opération, Bastille devait disposer d’une nouvelle salle de spectacle (« modulable ») dans des espaces existants dans l’édifice et à l’origine conçus pour cela. Mais l’État a abandonné son projet en 2023. Cette salle a été confiée en 2021 à la RMN-Grand Palais qui a commencé à y organiser des expositions immersives avec un succès mitigé avant de jeter l’éponge et d’en confier la gestion au groupe Chargeurs. On peut d’ailleurs s’interroger sur le devenir de cette salle pendant la fermeture de l’Opéra Bastille. La liste des travaux urgents à entreprendre dans les édifices patrimoniaux et culturels ne cesse de s’allonger.
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Garnier et Bastille devront fermer pour travaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Garnier et Bastille devront fermer pour travaux