Après la façade sud du Palais Garnier, c’est au tour du Grand Foyer de l’Opéra national de Paris d’être entièrement restauré.
PARIS - Engagés il y a près d’un an, les travaux (d’un coût de 5,8 millions d’euros) ont permis à cet ensemble, composé de cinq travées, prolongé de chaque côté par un salon octogonal et un petit salon, de retrouver son éclat d’origine. Choisi en 1861 pour construire le futur opéra de Paris, Charles Garnier avait fait appel à son ami le peintre Paul Baudry pour réaliser la décoration du foyer. Dans un premier temps, celui-ci exécute six médaillons au-dessus des grandes baies et douze voussures ayant pour thème le pouvoir de la musique et de la danse (à travers des scènes mythologiques et bibliques), le Parnasse et les poètes civilisateurs. Puis, en 1866, Baudry compléte son œuvre avec la décoration du plafond par les allégories de la Musique, de la Mélodie et de l’Harmonie couronnées par la Gloire et la Poésie. Il réalise également huit panneaux entre les voussures latérales, représentant les figures de la Tragédie, de la Comédie et de huit muses sur fond d’or. Quasiment toutes achevées en 1869, les toiles marouflées ont souffert d’un encrassement considérable – le Grand Foyer étant chauffé au gaz dès les années 1890, les peintures étaient recouvertes d’une suie épaisse –, que les restaurations postérieures n’ont pas arrangé. Après leur nettoyage, l’allègement des vernis et des interventions sur les décollements, elles ont été recouvertes d’un vernis léger et incolore destiné à les protéger. Effectuées par Rubé et Chaperon, les fresques des coupoles des deux rotondes, représentant la Lune et le Soleil, ont également retrouvé toute leur luminosité. « Il fallait que la patine soit très forte puisque ces fresques ne bénéficient pas d’un éclairage naturel. Elles devaient être très vives tout en respectant l’atmosphère générale. C’est toute la difficulté de ce genre d’opération : tout en s’attachant au moindre détail, il faut conserver l’harmonie complète du lieu », explique l’architecte en chef des Monuments historiques chargé du projet, Alain-Charles Perrot.
Les restaurateurs ont, en outre, nettoyé l’ensemble des peintures et dorures des décors. Des travaux qui permettent aujourd’hui d’apprécier la grande variété d’or utilisée : or blanc, jaune, vert ou rouge. Les parquets en chêne, noyer et ébène ainsi que les décors en bois, en staff et en plâtre ont aussi été restaurés. Le mobilier qui jadis ornait le foyer a fait l’objet de traitements similaires et les pièces manquantes ont été restituées d’après les dessins de Charles Garnier. Mais l’opération la plus onéreuse concerne les tentures et rideaux qui habillaient les baies ouvertes, miroirs et portes-fenêtres. Des recherches auprès du Mobilier national, du Musée Carnavalet et de la maison Prelle ont permis de retrouver les modèles originels et de restituer les luxueuses paires de rideaux et de lambrequins brodés.
Ouvert au public avant le spectacle et à l’entracte, le Grand Foyer, quelque peu déserté ces dernières années, devrait retrouver pleinement sa fonction passée et attirer à nouveau les foules...
Alors que vient de s’achever la restauration du Grand Foyer de l’Opéra Garnier, les Éditions du patrimoine publient un ouvrage consacré à l’architecture et aux décors intérieurs de l’édifice (un premier volume était paru sur les façades et éléments extérieurs du Palais Garnier lors de la rénovation de la façade en 2000). Largement illustré, ce livre permet de découvrir dans ses moindres détails le Grand Foyer, mais aussi les vestibules d’entrée, l’escalier théâtral, la salle des spectacles au plafond peint par Chagall... - Gérard Fontaine (photographies de Jean-Pierre Delagarde et Jacques Moatti), L’Opéra de Charles Garnier. Architectures et décor intérieur, Éditions du patrimoine, Paris, 2004, 192 p., 30 euros. ISBN 2-85822-800-0.
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Opéra Garnier : le grand nettoyage de printemps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°192 du 30 avril 2004, avec le titre suivant : Opéra Garnier : le grand nettoyage de printemps