Éditorial

Le testament culturel de Macron

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 11 décembre 2024 - 416 mots

Héritage. Le mandat d’Emmanuel Macron ne se termine – théoriquement – que dans deux ans et demi, mais l’on peut déjà esquisser son bilan dans le domaine culturel.

Celui-ci se résume à deux chantiers, Villers-Cotterêts (Aisne) et Notre-Dame de Paris, et à un nouveau programme, le Pass culture. Des trois, c’est la restauration de Notre-Dame qui marquera le plus l’histoire alors qu’elle ne figurait pas dans ses engagements de campagne de 2017 (et pour cause) et qu’elle n’a rien coûté aux deniers publics. Il faut mettre au crédit du président de la République d’avoir su tirer parti de l’émotion mondiale suscitée par l’incendie de 2019 et imposer une restauration en cinq ans et demi, qui a galvanisé les donations. Il reste encore beaucoup à faire, les images de l’inauguration du 7 décembre ont soigneusement évité de montrer les échafaudages posés sur le flanc nord. Mais dans quelques années, les extérieurs de la cathédrale seront bien plus beaux qu’avant l’incendie (l’intérieur est aujourd’hui magnifique), tandis que les abords seront plus soignés.

Emmanuel Macron a mis la même énergie à faire restaurer le château de Villers-Cotterêts en l’espace de trois ans afin d’y installer une Cité internationale de la langue française, ouverte en octobre 2023. Cette fois le budget de l’État a financé les plus de 210 millions d’euros de travaux. Malgré de premiers bons chiffres de fréquentation, il n’est pas certain que la Cité résiste au temps. Il va lui falloir bâtir des expositions événements et organiser des manifestations sur le modèle du Festival de l’histoire de l’art (Fontainebleau) ou des Rendez-vous de l’histoire (Blois) pour l’ancrer dans le paysage culturel. Le château, lui, trouvera toujours une vocation.

L’avenir du Pass Culture est encore plus problématique. Il a déjà coûté près de 750 millions d’euros (pour la seule part individuelle), soit autant que la restauration de Notre-Dame, et coûte 210 millions par an. Les critiques sont nombreuses sur sa difficulté à diversifier les pratiques culturelles des jeunes et le passe est à la merci d’un nouveau gouvernement à la recherche d’économies budgétaires. Comme le secteur culturel, qui a déjà oublié les milliards injectés pour le protéger au moment de la crise liée au Covid, les jeunes et leurs parents ne témoignent pas de beaucoup de reconnaissance à l’État qui leur donne cette bourse de 300 euros.

Il se pourrait que ne subsistent dans le testament culturel de l’actuel président que deux sites patrimoniaux restaurés et un conseil pour ses successeurs : mieux vaut investir dans la pierre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°645 du 13 décembre 2024, avec le titre suivant : Le testament culturel de Macron

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