PARIS
Le Musée souhaite exploiter sa monumentale entrée orientale, aujourd’hui fermée, afin de désengorger la Pyramide.
Paris. « Une entrée naturelle » : c’est ainsi que Laurence des Cars qualifiait en mars dans Grande Galerie, le magazine trimestriel du Musée du Louvre, la colonnade construite par Claude Perrault en 1660-1670. Dans un entretien, la présidente-directrice du musée dévoile un projet de chantier, qui consisterait à se réapproprier la monumentale entrée qui fait face à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, à l’est du Louvre. Pour l’heure, la façade classique de cette partie du palais ressemble à celle d’une forteresse impénétrable, et ses abords restent désaffectés quand ils ne sont pas occupés par des baraques de chantier Algeco. Cette face délaissée du Louvre pourrait répondre à de nombreuses problématiques rencontrées par le musée.
Une aile Denon remplie jusqu’au trop-plein et des départements vides de tout visiteur : en ouvrant les portes de la façade ouest, Laurence des Cars entend réparer ces déséquilibres, tout en soulageant la Pyramide. La colonnade donne, elle, directement sur les antiquités égyptiennes, gréco-romaines, et le département de Peinture française. « Le Louvre est le seul musée au monde qui ne communique pas sur sa programmation à l’extérieur, hormis face au Conseil d’État, rue de Rivoli », précise Laurence des Cars, qui veut reconnecter le Louvre à Paris grâce à cette entrée retrouvée.
Pour ce faire, le musée projette de combler les fossés qui séparent la colonnade de la grande place du Louvre, creusés à l’initiative d’André Malraux en 1965 : « un geste assez étrange », commente la présidente-directrice dans son entretien. Les fossés représentent par ailleurs une réserve foncière importante et inexploitée, où le Louvre pourrait développer les espaces d’expositions temporaires qui lui manquent. Laurence des Cars imagine un espace indépendant du reste du musée, doté de sa propre entrée.
C’est avec Emmanuel Macron que Laurence des Cars discute en priorité de ce grand projet, comme le révélait en mars un article de La Lettre A. Mis sur la touche, le maire du secteur Paris-Centre, Ariel Weil, nourrit pourtant de grands projets pour la place attenante, partagée entre le Louvre et la Ville de Paris : « Au moment où je mène campagne pour redevenir maire de Paris-Centre [en 2020], je m’intéresse déjà à l’incroyable déshérence de la partie est de la place, retrace Ariel Weil. Je vois alors l’ancien président-directeur du Louvre [Jean-Luc Martinez], qui me donne raison et m’apprend qu’il a un projet d’ici deux ou trois ans. Puis, à son arrivée, Mme des Cars nous fait part de sa volonté de rouvrir l’entrée est. Nous avons alors la volonté de l’accompagner dans l’immense opportunité de redessiner toute la place. »
Mais les desseins du Louvre se limitent-ils à sa parcelle jouxtant la colonnade ? Le maire plaide, lui, pour un chantier à la gouvernance partagée entre musée, Ville, diocèse et État : une idée qui reste à concrétiser, mais qui aurait reçu un « écho favorable » de la part du président de la République, confie Ariel Weil. « L’importance du projet et sa complexité en font un défi passionnant pour le musée. Cela nécessite […] l’engagement de tous les acteurs publics et une large recherche de financements », précise de son côté le Louvre, entrouvrant la porte au maire de Paris-Centre, mais aussi au mécénat du secteur privé. En forme d’appel du pied, Laurence des Cars évoquait dans sa présentation du projet l’écosystème sur lequel cette nouvelle entrée ouvrira : la Samaritaine, la Bourse de commerce-Pinault Collection, et bientôt la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
La rumeur de l’implantation en façade ouest d’un restaurant du groupe LVMH, rumeur depuis démentie, a soulevé une vague de protestations, sous la forme d’une pétition lancée par le responsable des élus communistes de Paris-Centre et réunissant 40 000 signatures. Le musée devra certainement compter sur ses donateurs réguliers pour mener cet important chantier, à l’heure où le Centre Pompidou part en quête de 160 millions d’euros afin de boucler le budget de sa rénovation. Laurence des Cars imagine en tout cas un « concours d’architecte international », tout comme Ariel Weil qui évoque « un grand projet qui fasse justice à la dimension patrimoniale des lieux tout en accordant une place plus grande à la végétation et aux piétons ». Reste à savoir s’ils mèneront ce chantier ensemble ou chacun de leur côté, et quels financements viendront abonder ces grandes ambitions.
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Le Louvre veut ouvrir sa colonnade
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°615 du 7 juillet 2023, avec le titre suivant : Le Louvre veut ouvrir sa colonnade