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Laurence des Cars veut un nouveau « Grand Louvre »

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 16 mai 2024 - 780 mots

PARIS

Devant la commission des Affaires culturelles, la présidente a rappelé l’impérieuse nécessité d’un nouveau schéma directeur pluriannuel pour résoudre les problèmes du musée.

Laurence des Cars. © Musée du Louvre / Nicolas Guiraud
Laurence des Cars.
© Musée du Louvre / Nicolas Guiraud

Paris. Un Louvre à la traîne, dont le « modèle est bousculé », distancé dans l’innovation par ses équivalents internationaux : devant la représentation nationale, Laurence des Cars n’a pas enjolivé la réalité de son établissement. La présidente-directrice du Louvre était auditionnée le 30 avril par la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, et a voulu instiller un sentiment d’urgence dans l’esprit des députés présents. Pour régler les nombreux problèmes du plus grand musée du monde, Laurence des Cars discute depuis plusieurs mois avec le ministère de la Culture, et plus officieusement avec le président de la République, sur le bureau duquel transitent tous les grands dossiers culturels. Aussi, quelques élus acquis à sa cause ne seront pas de trop pour défendre le grand schéma directeur qu’elle appelle de ses vœux.

Durant son audition, la présidente du Louvre a multiplié les références au Grand Louvre, « un moment crucial, mais en aucun cas un achèvement », critiquant en creux l’attentisme de ses prédécesseurs qui se sont reposés sur ce chantier achevé en 1993 : « Le geste fondateur du Grand Louvre a fait oublier les besoins structurels d’un palais qui est aussi un musée, un musée qui est aussi un palais, et dont des pans entiers n’ont pas été touchés par les grands travaux des années 1980-1990. »

Colonnade du Louvre, édifiée entre 1667 et 1670. © Jean-Pierre Dalbéra - CC BY 2.0
La colonnade du Louvre, édifiée entre 1667 et 1670.

Quelques incidents graves ont remis l’entretien du palais-musée en haut de la pile des sujets de préoccupation pour l’établissement. Le 11 novembre 2023, une infiltration d’eau dans l’aile Sully contraint le musée à fermer définitivement l’exposition « Claude Gillot » inaugurée cinq jours plus tôt, et à renvoyer plus tôt que prévu les trésors du Musée national de Capodimonte (Naples) exposés temporairement dans une salle de la Chapelle qui s’est retrouvée inondée. Des écarts de température importants font également peser un risque pour la conservation des œuvres. La présidente du Louvre fait aussi état de l’obsolescence des équipements techniques installés il y a maintenant trente ans, « mis à l’épreuve de la surfréquentation », et rappelle que le grand chantier culturel du président François Mitterrand n’a pas traité tous les bâtiments entourant la cour Carrée : « Vers l’est du bâtiment, il y a des salles encore dans leur état 1970. »

L’enjeu de la surfréquentation

Auprès de sa tutelle ministérielle, Laurence des Cars défend l’idée d’un schéma d’investissement pluriannuel, prenant à bras-le-corps l’ensemble des problématiques que rencontre le Louvre : les désordres bâtimentaires qui se manifestent, mais aussi l’enjeu de la surfréquentation touristique comme celui de l’accessibilité. Il y a un an déjà, elle lançait dans le journal du musée Grande Galerie l’idée d’une ouverture à créer à l’est du musée, à travers sa grande « colonnade Perrault ». « Il n’y a aucune alternative concentrant autant de solutions », a-t-elle à nouveau défendu devant les députés.

Une fois ouverte, la colonnade donnant sur la place du Louvre permettrait de soulager une Pyramide engorgée : cette dernière a été conçue pour accueillir 4 millions de touristes annuels, quand le Louvre connaît désormais une fréquentation de 9 millions de visiteurs par an. Dans les fossés creusés après guerre devant la façade, le Louvre dispose aussi d’une réserve d’espace pour loger une salle d’exposition temporaire du niveau de celles des grands musées français, carence importante identifiée par la présidente : « En dépit de travaux menés dans le hall Napoléon, qui rouvrira à l’automne, cet espace que nous avons réussi à porter jusqu’à 1 300 m² n’offrira pas la modernité, l’amplitude et la modularité des salles d’exposition que nos visiteurs connaissent dans les autres musées. »

Des visiteurs patientent dans la file d'attente avant d'accéder à La Joconde © Photo Ludovic Sanejouand, 2020
Des visiteurs patientent dans la file d'attente avant d'accéder à La Joconde.
© Photo Ludovic Sanejouand, 2020

Est-ce également dans cette entrée orientale que Laurence des Cars imagine pouvoir loger La Joconde ? La proposition de réserver une salle à l’œuvre la plus connue du musée – une vieille idée revenant périodiquement – semble plus que jamais s’imposer. Soutenue par la présidente-directrice, elle trouve un écho auprès des conservateurs épuisés par l’embouteillage permanent devant le Portrait de Monna Lisa, et frustrés par le calme olympien qui règne dans certains départements.

Venue à l’Assemblée nationale pour convaincre de la nécessité d’une planification de chantiers sur une décennie, Laurence des Cars a également fait le point sur le développement du neuvième département du musée, celui de l’Art de Byzance et des chrétientés en Orient, créé par décret en octobre 2022. Il fait l’objet en ce moment d’un concours international de scénographie, avec une ouverture prévue en 2027. « Son déploiement est pensé en lien permanent avec la refonte du parcours dédié aux antiquités romaines et le réaménagement du département des Arts de l’Islam », a précisé la présidente à propos de ce nouveau département qui trouvera donc probablement sa place dans l’aile Denon.

pyramide du musée du Louvre
La pyramide du musée du Louvre.
Photo PickPik

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Laurence des Cars veut un nouveau « Grand Louvre »

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