Emmanuel Macron veut relever « les tarifs douaniers » du Louvre

Dans une lettre « confidentielle » envoyée par Laurence des Cars à Rachida Dati qui a opportunément fuité au journal Le Parisien (propriété de Bernard Arnault), la présidente-directrice du Louvre alerte la ministre sur la situation bâtimentaire du Louvre. A dire vrai il n’y a rien de neuf dans cette vraie-fausse lettre. Cela fait bien longtemps que la présidente-directrice plaide pour un grand schéma de travaux pour le Louvre.

En mai dernier, Laurence des Cars expliquait aux députés de la commission culturelle de l’Assemblée nationale qu’il était urgent de rénover la partie du bâtiment qui ne l’avait pas été lors des travaux de 1980-1990 du Grand Louvre, de désengorger la salle qui expose La Joconde et de mieux réguler le flux des visiteurs. A l’appui de son propos sur l’état du bâtiment, elle rappelait l’infiltration d’eau dans l’aile Sully en novembre 2023 qui avait contraint le musée à fermer l’exposition « Claude Gillot ». Cela fait d’ailleurs bien longtemps que plusieurs des fontaines qui entourent la pyramide de Pei ne fonctionnent plus pour éviter les fuites.

Une des solutions pour mieux réguler le flux des visiteurs est de limiter la jauge mais surtout d’ouvrir une nouvelle entrée à l’est du Louvre comme elle l’a indiqué à plusieurs reprises, notamment lors d’un entretien au Journal des Arts, ou aux Échos (propriété de Bernard Arnault). Le projet consiste à ouvrir un accès devant la colonnade du Louvre, face à l’église Saint-Germain- l’Auxerrois. L’un des avantages de cette entrée est de donner un accès direct aux collections égyptiennes. La Ville de Paris soutient ce projet qui permettrait d’animer cette vaste esplanade un peu déserte et la relier aux magasins tout proches de La Samaritaine (propriété de Bernard Arnault).

Mais tout cela coûte cher, entre 80 et 100 millions d’euros selon plusieurs sources. Les finances publiques étant dans l’état que l’on connaît et les investissements en cours et à venir dans les sites patrimoniaux se chiffrant en milliards d’euros, il paraît difficile de financer ces travaux sur fonds publics.

Rachida Dati a donné la solution au Figaro, en octobre dernier : « Ma position sur ce sujet est très claire : je souhaite que les visiteurs hors UE paient davantage leur billet d’entrée et que ce supplément aille financer la rénovation du patrimoine national. Les Français n’ont pas vocation à payer tout, tout seuls. C’est une vraie rupture dans la politique tarifaire de nos établissements culturels. Nous sommes en train d’y travailler, pour une mise en place au 1er janvier 2026 ».

De tous les musées nationaux, le Louvre est le plus susceptible de tirer avantage de cette augmentation du billet pour les non Européens qui est actuellement de 22 €. Une augmentation de 5 € pour les touristes américains, brésiliens, chinois, anglais (soit près de 2 millions de personnes), rapporterait 10 millions d’euros par an et permettrait ainsi de financer les travaux étalés sur plusieurs années. Si juridiquement cette différenciation ne pose pas trop de problèmes, comme Pierre Noual le rappelait, dans la pratique cela oblige à créer des files distinctes

L’AFP rapporte qu’Emmanuel Macron suit le dossier de près et s’apprête à faire des annonces. Poursuivant le plan de com bien huilé, Rachida Dati indiquait hier sur France Info qu’il fallait trouver un financement innovant. L’histoire retiendra que ce n’est pas Donald Trump qui a déclenché la guerre tarifaire entre les États-Unis, la Chine et l’Europe, mais Emmanuel Macron en faisant payer plus cher l’accès au Louvre aux touristes américains et chinois !