La ministre propose une tarification différenciée dans les musées nationaux et une entrée payante à Notre-Dame.
France. Déjà confrontée à un budget en baisse et craignant de nouveaux coups de rabots lors de la discussion au Parlement, la ministre de la Culture a fait part dans un entretien au Figaro de son intention de créer deux nouvelles recettes. Elle se dit favorable à augmenter le prix d’entrée dans les musées nationaux pour les visiteurs non européens étant entendu que les ressortissants de l’Union européenne ne peuvent pas être discriminés. La ministre n’indique pas de montants, mais selon nos propres estimations, une augmentation de 3 € des billets au Louvre et à Versailles pour les non-Européens rapporterait entre 15 et 17 millions d’euros chaque année.
Mais une telle mesure aurait des effets négatifs. D’abord en termes d’image, ne serait-ce qu’auprès des Britanniques qui ne font plus partie de l’UE. D’un autre côté, l’entrée dans les musées nationaux est gratuite pour les tous les jeunes de moins de 18 ans et pour les Européens de moins de 26 ans, ce qui concerne un nombre élevé de visiteurs et représente une belle économie pour les familles. Au MET de New York par exemple, la gratuité est limitée aux moins de 12 ans. Les effets les plus contraignants pèseraient sur le confort de tous les visiteurs puisqu’il faudrait contrôler leur nationalité, ce qui ne peut que ralentir le flux d’entrée dans les salles.
La ministre a en revanche estimé à 75 M€ les recettes d’une tarification payante, quelle que soit la nationalité à la Cathédrale Notre-Dame (voir ill.). Cette proposition a immédiatement suscité une réaction hostile de la part du diocèse de Paris, mais a reçu un accueil favorable par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur en charge du culte. L’économiste du patrimoine, François Benhamou, s’est également déclaré favorable dans un entretien à Libération : « Ça ne me choque pas du tout. Je pense que tout le monde voit bien la différence entre les églises et les cathédrales, lesquelles requièrent un entretien et des travaux particulièrement coûteux. Notre-Dame, c’est 15 millions de visiteurs par an avec des perturbations d’usage du monument lui-même dont l’accès gratuit finit par poser problème. »
Une telle mesure nécessiterait l’accord du législateur puisque selon l’article 17 de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État : « La visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés seront publiques : elles ne pourront donner lieu à aucune taxe ni redevance ». Rappelons que l’accès aux tours de Notre-Dame était payant avant l’incendie. Le Centre des monuments nationaux qui gère l’accès avait enregistré 476 000 visiteurs en 2018 pour un billet de 10 €. De nombreuses cathédrales font payer la visite à leur Trésor à l’instar de la Cathédrale de Chartres.
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Les propositions de Rachida Dati pour générer de nouvelles recettes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Les propositions de Rachida Dati pour générer de nouvelles recettes