PARIS
Alors que le coût des travaux est encore très approximatif, leur financement le semble tout autant.

Paris. « Le projet qui va vous être soumis est réaliste et financé », affirmait Emmanuel Macron dans son discours de présentation de la « Nouvelle Renaissance du Louvre » le 28 janvier dernier. Ce n’est pas tout à fait exact au vu des chiffres qui circulent, dont l’imprécision laisse perplexe sur l’état de préparation du projet. Laurence des Cars, présidente du musée parisien, a indiqué le 6 février au Monde que la rénovation coûterait 400 millions d’euros et la même somme pour la nouvelle entrée et les salles créées sous la cour Carrée.
L’extension serait financée par la redevance perçue au titre de la licence de marque du Louvre à Abou Dhabi et le mécénat. Sur les 565 millions d’euros de la licence de marque pour la période 2017-2047, selon nos calculs, 270 ont été versés au fonds de dotation et 70 ont abondé le budget de fonctionnement. Restent 225 millions, qui ont commencé à être versés par anticipation. Le Louvre a indiqué au JdA que 200 millions sont fléchés vers l’extension. Dont acte. On relève au passage que les revenus provenant de la licence de marque seront dépensés (d’ici à 2030) bien avant son échéance (2047), ce qu’un expert-comptable n’autoriserait sans doute pas pour une comptabilité privée.
Appel au mécénat
Il faut donc trouver 200 millions d’euros, en supposant que les travaux n’en coûtent que 400, ce qui reste à démontrer – ouvrir une entrée dans la colonnade construite par Charles Perrault, creuser des salles sous la cour Carrée, les relier à la pyramide ne coûterait que 400 millions d’euros ? Or les mécènes sont très sollicités pour le budget de fonctionnement du Louvre (en moyenne 14 M€ annuels sur la dernière période). L’objectif des 200 millions apportés par le mécénat paraît très ambitieux. Il est vrai que les commerces et fondations à proximité de la future entrée, à commencer par La Samaritaine (Bernard Arnault), vont largement en profiter et ont donc intérêt à ce que les travaux se terminent vite.

La rénovation serait, elle, financée par une contribution annuelle de 10 millions d’euros de l’État et les recettes de billetterie supplémentaires consécutives à l’augmentation du tarif pour les non-européens (env. 20 M€). Selon le Louvre, 2,2 millions de visiteurs étrangers étaient concernés en 2023, soit des recettes supplémentaires de 17,6 millions d’euros pour un tarif de 30 euros. 17,6 millions d’euros, ce n’est pas 20 millions, il faudrait donc que le nombre de visiteurs non-UE soit de 2,5 millions pour atteindre ces 20 millions d’euros. Possible, mais encore faut-il que tous ces visiteurs soient âgés de plus de 18 ans, car le Louvre a assuré au JdA que tous les jeunes de moins de 18 ans (non-européens compris) continueront à entrer gratuitement au Louvre après le 1er janvier 2026.
Tout cela est encore très approximatif. Le financement escompté apparaît plus périlleux encore au regard de la situation très dégradée des comptes de fonctionnement du Louvre. Le « plus grand musée du monde » affiche un déficit tout aussi grand, de 42 millions d’euros en 2022 et 60 millions en 2023 (hors écritures comptables de la licence de marque). Comment pourrait-il diminuer significativement ses pertes en 2024 et 2025 ? Et comme il ne va pas pouvoir puiser indéfiniment dans son fonds de roulement, l’État devra venir à la rescousse. Oui mais comment dans l’épure actuelle du budget de la Culture ?
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Le périlleux financement de la « Nouvelle Renaissance » du Louvre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : Le périlleux financement de la « Nouvelle Renaissance » du Louvre