Géopolitique. Le monde américain de l’art va-t-il pâtir de « Trump II » ? Rien n’est moins sûr dans un pays où la culture est surtout financée par le privé.
Il n’y a pas de ministère en titre au niveau fédéral et ce qui en fait office, le National Endowment for the Arts (NEA), ne dispose que d’un faible budget, l’équivalent de 197 millions d’euros. Trump I avait vainement tenté de l’étouffer en diminuant sa dotation. Elon Musk, que l’on présente déjà comme le « cost-killer » (tueur de coûts) de l’administration américaine, aura-t-il la peau du NEA ? Ce qui est certain, c’est que les fonds fédéraux n’iront pas vers des artistes et projets considérés comme « woke ». À cet égard, les artistes américains seraient bien avisés de ne plus mener de croisade frontale contre Trump, croisade dont l’inutilité a été largement démontrée le 4 novembre. Toute critique pourtant ultra sensée ne fait que renforcer le populisme ; pour éviter un successeur de Trump en 2028, il vaudrait mieux comprendre les inquiétudes de ses électeurs.
Wall Street a salué l’élection de Trump, escomptant une baisse de la fiscalité et une relance de l’économie, se souvenant que le PIB avait augmenté de 2,5 % par an jusqu’à la pandémie de Covid sous Trump I. Le marché de l’art mondial avait même bondi de 12 % en 2017 puis de 6 % en 2018. Et lorsque les entrepreneurs prospèrent, ils sont enclins à donner aux musées, comme ce fut le cas avec la donation en 2017 d’une superbe collection du siècle d’or hollandais au Musée de Boston ou l’apport par Michael Bloomberg de 70 millions d’euros au Shed de New York. À moins d’un nouveau Covid, qui avait été dévastateur pour la culture en Amérique (seuls les électeurs démocrates s’en émeuvent), le financement des musées américains va indirectement profiter de l’ultralibéralisme trumpien.
La guerre commerciale qu’il entend mener contre la Chine et dans une certaine mesure contre l’Europe ne sera en revanche pas sans conséquences sur la France, déjà fragilisée par une situation politique instable et une économie au ralenti. Les budgets de l’État ou des collectivités locales pour la culture risquent de baisser encore plus tandis que l’attentisme des collectionneurs va se prolonger. L’isolationnisme et le protectionnisme finissent toujours par se retourner contre les pays qui les pratiquent. Mais avant cela ce sont les autres qui souffrent.
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Trump II, une mauvaise nouvelle pour qui ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : Trump II, une mauvaise nouvelle pour qui ?