WASHINGTON / ETATS-UNIS
WASHINGTON (ÉTATS-UNIS) [16.03.17] – Le cataclysme annoncé vient de prendre corps. Le budget 2018 présenté ce matin par le président américain prévoit la suppression des budgets des agences culturelles fédérales, dont la NEA. Mais le texte doit encore être approuvé par le Congrès.
Cela ressemble fort à un scénario catastrophe pour l'art. Le président américain Donald Trump a dévoilé ce matin, jeudi 16 mars, sa proposition de budget pour l'année fiscale 2018. Et au chapitre de la culture, qui n'a pas de ministère à part entière aux Etats-Unis, le constat est sans appel : le républicain veut purement et simplement supprimer les quatre agences fédérales qui gèrent cette politique en supprimant leurs budgets. Autrement dit effacer 100 % des 971 millions de dollars de budget culture.
Certes, son projet de budget, qui offre la part du lion à la Défense ( 9 % avec 54 milliards de dollars supplémentaires) et rabote l'Environnement (-31 %), n'a quasiment aucune chance de passer en l'état pour les grands ministères et devra encore passer l'étape semée d'embûches du Congrès, avant fin avril. Mais le document de 53 pages intitulé « L'Amérique d'abord : un projet de budget pour rendre à l'Amérique sa grandeur » offre un aperçu chiffré de la vision à long terme de Donald Trump. Le message est clair. Non seulement l'art n'est pas une priorité - il ne l'a jamais caché -, mais il ne rentre pas du tout dans son projet politique.
Dans le détail, le texte prévoit de supprimer les 148 millions de dollars annuel de la NEA (National Endowment for the Arts). La NEA est la plus importante de ces agences fédérales de par son influence. Elle est chargée d'aider les institutions culturelles, les artistes et donne une caution de fiabilité aux entités et projets qu'elle parraine, leur permettant d'obtenir facilement des fonds privés, principale source de financement de l'art aux Etats-Unis.
La NEH (National Endowment for the Humanities), dotée également de 148 millions, l'Institute of Museum and Library Services (230 millions) qui gère les musées et les bibliothèques, ainsi que la Corporation for Public Broadcasting (445 millions), qui chapeaute les télévisions et radio publiques américaines et considérée comme une agence culturelle, ne seraient plus financés non plus.
Si leur budget ne forme qu'une infime partie du financement de l'art en Amérique (celui de la NEA, à titre d'exemple, ne représente qu'environ 1 %) et de l'enveloppe fédérale plus largement, leurs poids symbolique et leur rôle de locomotive du système culturel est en revanche majeur.
Les organisations culturelles et la communauté artistique attendaient avec anxiété l'annonce du budget. Elles mettent en garde depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump contre des coupes budgétaires qui auraient pour premières victimes les artistes et institutions pour lesquels le moindre dollar compte.
Les regards se tournent désormais donc vers le Congrès à Washington, où cette mouture du budget est déjà dénoncée aussi bien par l'opposition démocrate que par des membres de la majorité républicaine.
Pour que les quatre agences soient démantelées, le parlement devra abroger la loi qui avait permis de créer notamment la NEA et la NEH en 1965. A l'époque, le président démocrate Lyndon B. Johnson avait promulgué le texte, convaincu que l'art et la culture devaient être mis en valeur dans toute « civilisation avancée ».
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Le projet de budget de Trump supprime tous les financements à la culture
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Abonnez-vous dès 1 €Donald Trump © Photo Michael Vadon - 2016 - Licence CC BY-SA 4.0