Créer n’importe quel objet chez soi, en quelques clics, n’est quasiment plus de la science-fiction. Tout le monde y songeait, sans trop y croire, mais la machine est désormais réalité : l’imprimante 3D.
C’était un rêve vieux de trente ans – les premières machines sont apparues au début des années 1980 –, mais leur développement s’est accéléré.
Concrètement, une imprimante 3D ressemble peu ou prou à une grosse photocopieuse. Le principe est simple et plutôt magique : la machine,
lorsqu’elle « ingurgite » un fichier numérique contenant les informations nécessaires à l’élaboration d’un objet, est capable, en quelques heures, de le fabriquer. Au lieu, comme une photocopieuse classique, de déposer un jet d’encre sur une feuille de papier en deux dimensions, elle dépose strate par strate une poudre, de plastique, de métal ou de céramique, à la manière d’un mille-feuille, lesquelles couches sont ensuite polymérisées à l’aide d’un laser. On se souvient de la flopée d’objets apparus à l’orée des années 2000, parmi lesquels des sièges du Français Patrick Jouin ou des luminaires du Finlandais Janne Kyttanen et du Néerlandais Jiri Evenhuis, le duo de Freedom of Creation.
Utilisée à l’origine par les secteurs automobile et aéronautique pour concevoir maquettes et prototypes, la technique permet aujourd’hui de réaliser des « produits finis ». Et cet outil, jadis réservé à l’industrie, est désormais accessible aux créateurs. Ainsi se sont multipliés, en quelques années, les « Fab-Lab », ces « laboratoires de fabrication » dans lesquels les designers produisent leurs propres objets. Les fabricants, eux, sont en passe de proposer des imprimantes 3D à usage domestique. À Paris, une poignée de bureaux de poste parisiens a récemment mis à la disposition de leurs clients quelques imprimantes 3D. De leur côté, certains dentistes en usent déjà dans leur cabinet pour fabriquer in situ des prothèses dentaires. Dans le futur, on peut donc rationnellement imaginer des cybercafés équipés d’imprimantes 3D.
La nouveauté n’est pas tant la technologie que la profusion de ses applications, grâce au numérique et à Internet. En 2012, le duo italo-nippon Minale-Maeda a ainsi imaginé le « Downloadable Design » (« design téléchargeable »), proposant une collection de meubles baptisée Keystones qui se compose d’éléments basiques en bois réalisables soi-même associés à des « rotules » fabriquées à partir d’une imprimante 3D.
Le marché de l’imprimante 3D s’est développé au XXIe siècle. Selon le rapport Wolhers 2012, qui analyse l’évolution du secteur depuis plus de 25 ans, ce marché devrait peser 3,1 milliards de dollars dans le monde en 2016 et 5,2 milliards de dollars d’ici à 2020. Même Google commencerait à s’intéresser à cette technologie. En février 2011, The Economist s’était penché sur la question de l’impression 3D, estimant qu’elle apporterait « un changement technologique si profond que l’économie industrielle sera “réinitialisée” ». L’hebdomadaire économique parlait déjà de « troisième révolution industrielle ».
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L’impression en 3D, une révolution
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°410 du 28 mars 2014, avec le titre suivant : L’impression en 3D, une révolution