Touché de plein fouet par la pandémie, le groupe MCH revient dans la course aux foires grâce à James Murdoch devenu actionnaire majoritaire. Le groupe se redéveloppe à l’international.
Suisse. Les deux dernières semaines semblent balayer tous les doutes sur la pérennité du groupe MCH. Depuis 2020, le groupe suisse organisateur de foires, déjà affaibli par des revers financiers en 2019, était en mauvaise posture : avec une activité de foires qui s’écroulait aux trois quarts sous l’effet de la pandémie, son chiffre d’affaires s’élevait en 2020 à 187 millions de francs suisses, soit 180 millions d’euros (contre 445 MCHF en 2019, soit 428 M€). Les résultats du premier semestre 2021 rendus publics par le groupe en septembre dernier reflétaient les effets du confinement et des annulations successives de foires avec une baisse du chiffre d’affaires à 57 millions d’euros (contre 127 M€ pour le premier semestre 2020) ; les pertes semestrielles du groupe s’élevaient à 29,4 millions de francs suisses (28 M€) et les liquidités ont fondu à 99,7 millions de francs suisses (96 M€) – contre 130,1 millions de francs suisses (125 M€) à la fin de 2020.
Autre ombre au tableau : l’annulation de la foire d’horlogerie Baselworld, fleuron du groupe, en 2020, puis en 2021 et le lancement d’une foire concurrente à Genève. Le redémarrage de Baselworld prévu pour 2022 a été encore une fois reporté et la démission du directeur de la foire qui suivit en novembre fut un nouveau coup dur pour MCH.
Sans l’entrée au capital de MCH du milliardaire anglo-américain James Murdoch, fondateur et PDG de Lupa Systems, qui devenait l’actionnaire majoritaire du groupe à 49 %, le sort de MCH aurait été difficile. Cette annonce faite en novembre 2020 augurait cependant de jours meilleurs en s’accompagnant d’une forte recapitalisation à hauteur de 104,5 millions de francs suisses (soit 100 M€).
Après un second semestre 2021 qui signait une reprise notable d’activité mais s’achevait en demi-teinte avec une cyberattaque, le rebond attendu semble néanmoins avoir pris le monde de l’art par surprise en ce début 2022. Il y eut d’abord, en date du 24 janvier, l’annonce de la participation à hauteur de 15 % de MCH à la Singapore Art Fair. Reportée à plusieurs reprises à cause de la pandémie, la foire asiatique nouvelle formule baptisée ART SG, qui aura lieu du 12 au 15 janvier 2023, mise sur la participation de plus de cent galeries et entend devenir l’une des foires d’art majeures en Asie du Sud-Est. Ira-t-elle jusqu’à supplanter Art Basel Hongkong qui, à cause de la politique chinoise de restrictions semble devenir de plus en difficile à organiser ?
Deux jours plus tard, le coup de théâtre de la reprise de la foire d’art contemporain de Paris par Art Basel semble entériner le repositionnement de MCH, confirmé par le PDG de MCH, Beat Zwahlen, interrogé par le quotidien Basler Zeitung : « Le Salon de Paris s’inscrit parfaitement dans la stratégie de croissance du groupe MCH, qui bénéficie depuis deux ans du soutien d’un investisseur très bien doté en la personne de James Murdoch. »
Hasard du calendrier ? Le 13 janvier, MCH annonçait également la mise en valeur du quartier de la foire de Bâle. Au programme, la construction d’une tour dont le concours d’architecture a été lancé pour créer des surfaces commerciales et des bureaux, mais pas d’hôtels, ni de halls de foires supplémentaires.
Pour beaucoup d’observateurs suisses, les annonces de janvier semblent être autant d’indices concordants qui confirment la piste d’une « internationalisation » toujours plus grande d’Art Basel et d’une lente dissociation avec sa ville d’origine – et ce malgré la promesse faite à l’arrivée de Lupa Systems au capital de MCH de maintenir la foire d’art contemporain à Bâle pour les quinze prochaines années.
L’expansion d’Art Basel à Miami ou à Hongkong ne menaçait pas autant la foire suisse comme peut le faire Paris, à 500 kilomètres de la frontière helvète, qui est, selon les dires du président du conseil d’administration de MCH, Andrea Zappia, « devenue une destination incontournable pour le monde de l’art ». Pour le rédacteur en chef culture du quotidien alémanique Tages-Anzeiger, Christoph Heim, « un Art Basel Paris, qui aurait lieu seulement quatre mois après la foire de Bâle, sera sans aucun doute un gros concurrent ». Des doutes balayés par le PDG du groupe MCH qui continue à affirmer : « Pour nous, Art Basel, c’est le noyau dur. Nous continuerons à renforcer la marque Art Basel là où elle a été fondée. »
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MCH Group reprend des forces
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Art Basel reprend des forces