PARIS
Bien qu’il continue à organiser Paris Photo, l’organisateur de la Fiac n’exclut pas de poursuivre la RMN-GP en justice.
Paris. Filiale du groupe anglo-néerlandais RELX Group (33 000 employés pour un chiffre d’affaires de 8,5 milliards d’euros), RX France est une société française qui emploie quatre cents salariés à plein temps. Comme l’ensemble des acteurs de la filière événementielle, elle a été sévèrement affectée par la crise sanitaire. « Entre mars 2020 et septembre 2021, nous n’avons pu tenir aucun de nos événements hexagonaux. Un plan de sauvegarde de l’emploi était dès lors nécessaire, dans un contexte encore marqué par l’incertitude », rappelle Michel Vilair, son directeur général.
Que représentait une foire comme la Fiac, en termes d’images et de profits ? RX France ne communique pas sur ces revenus, constitués de la location des espaces par les galeries (de 640 euros à 690 euros le mètre carré en 2021) et de la billetterie. En octobre dernier, pour sa première édition au Grand Palais éphémère, la foire avait rassemblé cent soixante et onze exposants et enregistré 46 655 visiteurs. Ses recettes, de l’ordre de quelques millions d’euros, n’étaient donc pas négligeables. Mais la foire, connue dans le monde entier, était aussi un événement important sur le plan médiatique. « De son côté, Paris Photo est numéro 1 mondial des foires consacrées à la photographie. Nous sommes heureux d’avoir pu en conserver les dates au Grand Palais pour les sept prochaines années », se félicite Michel Vilair.
C’est en effet une consolation, bien que dans son appel à propositions la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (Rmn-GP) ait augmenté ses tarifs : pour conserver Paris Photo, RX se voit facturer des coûts en hausse de plus de 20 % par rapport à 2021. « Pour la Fiac, l’augmentation aurait été de plus de 35 % », selon Michel Vilair. « À cela s’ajoutent le coût du forfait technique qui augmente d’environ 30 % pour les deux foires, et d’autres coûts sous contrôle de la Rmn-GP dont nous ne savons rien à ce stade », souligne le directeur général de RX France, qui assure que la société, avec la Fiac et Paris Photo, « était le plus gros contributeur au budget de la Rmn-GP parmi les organisateurs d’événements ».
Au-delà de ces deux fleurons du marché de l’art, le portefeuille de RX France est très diversifié puisqu’il comporte une trentaine d’événements couvrant une quinzaine de secteurs, comme le Mipim, pour les professionnels de l’immobilier, Miptv, le rendez-vous des décideurs de la télévision et du cinéma, mais aussi le Mipcom, pour les contenus audiovisuels, Equip’Hotel, ou encore le salon Maison & Objet (à travers une filiale).
RX France dit toutefois se réserver « la possibilité de contester en justice la décision concernant la Fiac au profit de son concurrent ». Sur la base de quels arguments ? La société reste floue à ce sujet, mais étudie « sous tous les angles » le choix de la Rmn-GP de l’évincer au profit d’Art Basel. Elle avait dès décembre 2021, entamé une action en justice devant le tribunal administratif de Paris, visant à obtenir la reprise des relations contractuelles par la Rmn-GP. RX France estime en effet qu’en lançant son appel à propositions, la Rmn-GP a rompu pour 2022 et 2023 les engagements qu’elle avait pris à son égard. Cette action rejetée en référé se poursuit.
Alors que la Rmn-GP justifie sa décision par le besoin de faire appel à « un organisateur qui prenne en compte le nouveau paysage parisien des galeries, notamment internationales, et qui investisse dans l’avenir », RX France fait mine de s’interroger sur la place qui sera réservée par la future foire aux galeries françaises. Celles-ci se plaignaient déjà de ne représenter qu’un tiers des marchands sélectionnés par la Fiac. « La Fiac faisait beaucoup plus de place aux galeries nationales que n’importe quelle autre foire mondiale », soutient Michel Vilair. La Rmn-GP a assuré qu’elle serait vigilante sur ce point. On peut également penser que cette nouvelle configuration bénéficiera à Art Paris, qui se tient en septembre. Sous le coup du dépit, RX France, pour sa part, n’envisage pas d’abandonner la marque Fiac. « Elle nous appartient et nous regardons toutes les options possibles, sans en exclure aucune à ce stade. »
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RX France digère difficilement son éviction
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : RX France digère difficilement son éviction