La Réunion des musées nationaux destitue la Fiac

Paris. La décision de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (RMN-GP), le 26 janvier, de ne pas reconduire la Fiac dès cette année, au profit de l’organisateur d’Art Basel a estomaqué le milieu du marché de l’art contemporain. Surprise par une remise en concurrence en décembre qu’elle estime brutale et non fondée, RX France, la filiale française du géant anglo-néerlandais, propriétaire de la Fiac et de Paris Photo (qui a cependant remporté l’appel d’offres pour une foire de photographie), avait tenté de gagner à sa cause les galeries et la presse via un lobbying inhabituel de sa part.

En vain. Non seulement c’est le groupe suisse MCH [lire page 7] qui a décroché l’appel d’offres pour l’organisation d’une foire d’art contemporain aux dates traditionnelles de la Fiac, mais en plus les galeries ne semblent pas mécontentes de cette décision [lire ci-dessous]. Le groupe suisse MCH s’est engagé pour sept ans et devra débourser près de 1,5 million d’euros de frais de location par an, plus des frais techniques – conséquents –, pour une foire qui ne s’appellera pas Art Basel.

Selon Marc Spiegler, le directeur des foires Art Basel et membre du comité de direction du groupe, ce qui a sans doute fait la différence par rapport à la Fiac est le lien étroit que MCH a su tisser depuis des années avec cinq cents galeries internationales et surtout avec les plus grands collectionneurs du monde, promettant d’accroître leur venue en France,. « Une foire ne doit plus simplement exister durant son ouverture, c’est toute l’année qu’elle doit être présente auprès des acteurs. Notre compte Instagram compte ainsi un million d’abonnés », explique-t-il au Journal des Arts. Il a également mis en avant sa volonté d’élargir les passerelles vers d’autres secteurs créatifs (mode, design, cinéma), répondant à une ambition de Chris Dercon, le patron de la RMN-GP, et de mieux s’inscrire dans le territoire.

Tout reste maintenant à construire : les équipes en France « entre dix et quinze personnes, comme à New York », le recrutement du directeur artistique – « ce ne sera pas Martin Bethenod »–, le projet et le nom de la manifestation. Compte tenu des investissements à réaliser, le Salon sera sans doute déficitaire la première, voire la deuxième année, mais grâce à son nouvel actionnaire, James Murdoch, le groupe a la trésorerie suffisante.