La galerie Lelong présente des œuvres, issues des maquettes de l’artiste qu’il voulait agrandies post-mortem.
Paris. Non, « Banc-salon et Cerfs-volants » n’est pas une exposition de plus consacrée à Jean Dubuffet (1901-1985). Bien au contraire. Elle est centrée sur une œuvre monumentale qui donne son titre, précité, à l’ensemble et qui n’avait encore jamais été montrée à Paris. Elle a juste été présentée à la Foire de Bâle en juin dernier sur le stand de la Pace Gallery de New York qui l’a réalisée en 2024 en coordination avec la galerie Lelong et en étroite collaboration avec la Fondation Dubuffet (qui fêtait à cette occasion ses 50 ans), garante des indications et principes laissés par l’artiste.
Durant sa carrière et surtout à la fin des années 1960 et début 1970, qui correspondent à une période très dense pour lui en ce qui concerne sa production sculpturale (même s’il continue parallèlement la peinture), Jean Dubuffet a créé un certain nombre de maquettes de projets architecturaux et monumentaux destinées à être agrandies, selon ses instructions, après sa mort. « Banc-salon », à mi-chemin entre une sculpture et une pièce de mobilier, avait été pensée pour le Cabinet logologique, une « chambre d’exercice philosophique » de la Villa Falba-la à Périgny (dans le Val-de-Marne), là où il avait installé ses ateliers de sculpture. Mais pour des questions d’emplacement dans cet espace, elle n’y trouvera pas sa place. « L’agrandissement initial a été conservé dans la collection de la Fondation Dubuffet, jusqu’à ce que nous décidions d’un commun accord d’en réaliser cette édition », indique Patrice Cotensin, le directeur artistique de la galerie.
Il en est quasiment de même pour les « Cerfs-volants » ici dévoilés et eux aussi conçus, comme toutes les grandes pièces en résine époxy, par la nouvelle équipe d’artisans chargés des agrandissements.
On découvre également la maquette de L’Aléatoire (daté de 1968) d’une hauteur de quatre-vingts centimètres que la galerie a achetée sur le second marché et dont elle a procédé à son élévation jusqu’à trois mètres, ici montrée. Ou encore le Récit érigé pour lequel un projet d’agrandissement est en cours ainsi qu’un ensemble de trois Chiens de guet, dont l’un a déjà été présenté par la galerie, les deux autres pouvant donc encore l’être. Toutes ces œuvres sont en outre accompagnées de six peintures sur papier entoilé de la série des Parachiffres (1975) prêtées par la Fondation (et non à vendre) ainsi que d’un ensemble d’estampes et œuvres sur papier dans la salle voisine.
Signalons enfin que l’exposition s’inscrit dans un parcours commun jalonné par trois autres étapes. La première à la Fondation Dubuffet, rue de Sèvres, Paris 6e, avec une exposition (jusqu’au 11 juillet) intitulée « Dubuffet monumental » pour marquer la sortie du dernier fascicule du catalogue des travaux de l’artiste, consacré aux « Sculptures monumentales, Tour aux figures et autres ». La seconde sur l’Ile Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), avec justement La Tour aux figures, restaurée il y a cinq ans, d’une hauteur de vingt-quatre mètres, magnifique exemple de sculpture monumentale installée en plein air. Et la troisième actuellement à la Pace Gallery de New York, consacrée au cycle de l’Hourloupe avec un fort accent mis sur la sculpture.
Entre 6 000 et 29 000 euros pour les estampes et entre 500 000 et 1,8 million d’euros pour les sculptures en fonction de leur taille et de leur nombre d’éditions, les prix sont conséquents. Mais ils correspondent à la cote de Jean Dubuffet, l’un des artistes les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle et connu du monde entier.
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Jean Dubuffet agrandi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : Jean Dubuffet agrandi