Fondateur de 193 Gallery, à Paris et Venise
J’ai ouvert [à Paris] en 2018 avec pour principe d’aller à la rencontre d’autres scènes et d’instaurer un dialogue entre différentes cultures. Je suis un voyageur impénitent, et c’est cette passion de la découverte que j’avais envie de partager à travers l’art contemporain, notamment relatives aux scènes du Sud. La galerie a participé ces deux dernières années à une vingtaine de foires par an. La promesse que nous faisons à nos artistes, c’est de les promouvoir sur d’autres territoires afin d’accroître leur visibilité. Par exemple Joana Choumali [née en 1974 à Abidjan, Côte d’Ivoire], bénéficie d’une reconnaissance aux États-Unis et en Europe : nous lui offrons d’aller à Bogota, à Istanbul, à Shanghaï. Sur notre stand de Zona Maco (México), nous montrons des artistes de Nouvelle-Zélande, d’Afrique, d’Europe de l’Est. Et quand nous allons à Kiaf Seoul, nous ne présentons pas d’artistes coréens.
Une exposition sur deux est conçue avec un commissaire spécialiste d’une scène (camerounaise, indienne, etc.), ce qui nous a aussi permis de développer notre réseau. Parmi les artistes avec lesquels nous travaillons, certains en effet ont déjà acquis une visibilité internationale comme Hassan Hajjaj, Aldo Chaparro ou Joana Choumali, dont des œuvres sont présentes dans les institutions.
La galerie réalise en effet près de la moitié de son chiffre d’affaires aux États-Unis. La France est notre deuxième marché le plus important, suivie du Mexique et de l’Italie.
J’étais consultant en management pendant dix ans ; je ne viens pas du milieu de l’art. J’ai monté la galerie seul avec 50 000 euros, en m’installant d’abord dans un petit local. Pendant trois ans je ne me suis pas versé de salaire. Les quatre premiers exercices ont été bénéficiaires. La galerie s’est autofinancée. J’ai pris le risque en période de Covid d’emménager dans un espace plus grand, rue Béranger, car il faut savoir saisir les opportunités en période de crise.
C’est exact. Mais la galerie marche bien depuis le début. Tous les revenus ont été réinvestis dans les foires et les projets, comme celui en « off » de la [60e] Biennale de Venise (« Passengers in Transit » avec le Centre pour l’art contemporain de Lagos, Nigeria), qui a coûté 250 000 euros. Ce sont des budgets de très grosse galerie. Aussi, pour faire face aux problèmes de trésorerie d’une entreprise en pleine croissance qui emploie aujourd’hui huit personnes, j’ai décidé il y a six mois de faire entrer à hauteur de 20 % un nouvel actionnaire, afin d’augmenter le capital. Ce partenaire est français, et il s’agit de sa première participation dans une galerie.
Venise est à moins de deux heures de Paris en avion et c’était une évidence : en étant présents sur place, nous voulons consolider nos liens avec la Biennale et capter l’attention des grands collectionneurs de passage, notamment américains. Nous projetons d’ouvrir à México, mais nous attendons de voir comment la situation économique et politique évolue au Mexique.
Cette année a été complexe, le marché a ralenti, et le moment est venu de rationaliser certains choix, de réduire le nombre de foires après en avoir testé beaucoup. Notre prochain objectif est d’investir dans les relations avec les institutions, notamment aux États-Unis.
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César Lévy : « Le moment est venu de rationaliser certains choix »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°645 du 13 décembre 2024, avec le titre suivant : César Lévy, fondateur de 193 Gallery, à Paris et Venise : « Le moment est venu de rationaliser certains choix »