Belgique - Foire & Salon

FOIRE INTERNATIONALE D’ART CONTEMPORAIN

Art Brussels 2025, un rendez-vous chaque année plus attendu

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2025 - 876 mots

Avec 165 galeries venues de 35 pays, la foire affiche une ambition européenne et prospective. Une nouvelle section se retourne cependant sur la période 1968 à 2000.

Bruxelles. La 41e édition d’Art Brussels, programmée du 24 au 27 avril, réunit 165 exposants, soit douze de moins qu’en 2024. Cette baisse de régime reflète en partie un marché ralenti, obligeant nombre de galeries, en particulier celles de taille moyenne, à revoir leurs frais. « Nous avions participé à l’édition de 2022 avec des œuvres de Jochen Gerner et de Stéphanie Saadé, tous deux peu connus en Belgique », relate ainsi Anne Barrault, qui n’a pas renouvelé l’expérience. « C’était intéressant de mener ce travail de défrichage, et financièrement abordable car nous étions dans la section “Discovery” où les stands sont moins coûteux. »

La taille de la foire varie d’une année sur l’autre, explique de son côté la directrice d’Art Brussels, Nele Verhaeren, rappelant qu’en 2023 celle-ci ne réunissait que 152 galeries. « Et contrairement aux années précédentes, nous n’avons enregistré aucune annulation de dernière minute. »

La proximité géographique et culturelle contribue à une importante présence des galeries françaises : près de trente font le déplacement cette année. Les fidèles telles que Bigaignon, Ceysson & Bénétière, Claire Gastaud, Galerie Lelong & Co., Magnin-A, Maubert, Papillon, Michel Rein, Sator, Semiose, Suzanne Tarasiève… sont rejointes par sept nouvelles participantes : Brigitte Mulholland, Galerie Prima, By Lara Sedbon, Galerie Sabine Bayasli, Les Douches la Galerie, Romero Paprocki. Une quinzaine de galeries étaient présentes déjà à Art Paris, qui s’est tenue cette année début avril [lire p. 27]. Tandis que cette dernière se concentre principalement sur la promotion de la scène artistique parisienne en s’adressant à un public largement hexagonal, Art Brussels se positionne comme une foire européenne.

Un quart de galeries belges

Cette édition compte environ un quart de galeries belges, noyau dur de la sélection, dont six qui y font leur première apparition parmi lesquelles les bruxelloises Beige, Belgian Gallery et Lodovico Corsini, et Pizza Gallery (Gand), Verduyn Gallery (Vortegem-Petegem), Barbé (Gand).

La réputation des collectionneurs locaux, reconnus pour leur passion et leur expertise – « la Belgique est souvent citée pour avoir la plus haute densité de collectionneurs d’art par habitant au monde », rappelle Nele Verhaeven – attire plusieurs galeries étrangères. Certaines, peu identifiées sur la scène internationale, figurent dans la section « Discovery », comme Monopol, Ewa Opalka Gallery (toutes deux de Varsovie) ou Calvaresi (Buenos Aires). La Van de Weghe Gallery (New York) fait, elle, son entrée dans la section « Prime », la principale. Cependant, à l’exception d’Almine Rech, qui dispose d’une antenne sur place, Art Brussels ne compte pas de méga-galerie.

Accueillis par une installation sculpturale du jeune artiste Willem Boel (Barbé) et une entrée théâtrale de Céline Condorelli (Vera Cortês, Lisbonne), les visiteurs trouveront quelques valeurs sûres sur cette édition, à l’instar des peintures de Paul Delvaux (Galleria d’Arte Maggiore, Bologne) ou des œuvres de Marcel Broodthaers (Galerie Guy Pieters, Knokke-le-Zoute). Parmi les pièces phares, on remarquera sur le stand de Lelong une haute tête en marbre de Jaume Plensa, un immense papier marouflé de Pierre Alechinsky (exposé en 1987 au Solomon R. Guggenheim Museum, New York) ainsi qu’une grande broderie de Barthélémy Toguo.

Van de Weghe fait dialoguer deux générations différentes à travers les œuvres de Robert Mangold (né en 1937) et de Frederic Anderson (née en 1973). Xavier Hufkens (Bruxelles) présente une série de peintures de Walter Swennen. Almine Rech propose un focus sur l’œuvre d’Oliver Beer, dont l’installation vidéo a marqué la 17e Biennale de Lyon, en 2024. Ceysson & Bénétière apporte une pièce importante de Frank Stella.

Greta Meert (Bruxelles) met en avant des artistes belges établis à l’exemple de Koen van den Broek, Sophie Nys, Edith Dekyndt et Pieter Vermeersch. La QG Gallery (Bruxelles, Knokke) consacre l’intégralité de son stand au sculpteur Frank Gerritz dont les compositions géométriques monochromes utilisent des matériaux industriels tels que la fonte et l’aluminium anodisé.

Toujours dans la section « Prime », Harlan Levey Projects (Bruxelles) présente en solo les sculptures vidéo les plus récentes d’Emmanuel Van der Auwera, tandis que Rodolphe Janssen (Bruxelles) met en avant les tableaux surréalistes de Matthew Hansel [voir ill.].

La gamme de prix varie selon les sections ; elle oscille généralement entre 800 et 10 000 euros sur « Invited » et « Discovery », dévolues respectivement aux galeries jeunes et aux nouvelles découvertes. « Pour la majorité des galeries présentes dans la section “Prime”, les transactions se situent habituellement dans une fourchette de 7 000 à 70 000 euros. Quant aux galeries de premier plan, leurs prix peuvent approcher du million d’euros », affirme Nele Verhaeren.

Art Brussels cultive l’image d’une foire prospective, où les amateurs sont susceptibles de faire des trouvailles. Mais dans une période plus tendue, la toute nouvelle section « ’68 Forward », qui offre de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, n’a-t-elle pas plutôt vocation à rassurer les collectionneurs ? « ’68 Forward permet de revisiter des œuvres et des mouvements artistiques significatifs de la période allant de 1968 à l’année 2000, créant un contexte historique enrichissant, précise Nele Verhaeven. En établissant un dialogue entre le passé et le présent, cette section souligne comment les périodes antérieures ont façonné l’art contemporain. Cela offre aux collectionneurs une perspective plus large, tout en restant fidèle à notre réputation de foire qui regarde vers l’avenir. »

Art Brussels,
du 24 au 27 avril, Brussels Expo, Hall 5, place de la Begique 1, Bruxelles.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°653 du 11 avril 2025, avec le titre suivant : Art Brussels 2025, un rendez-vous chaque année plus attendu

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