Le Salon du dessin séduit les États-Uniens

Paris. La 33e édition du Salon du dessin, qui rassemblait 39 exposants du 26 au 31 mars au palais Brongniart, a vu défiler plus de 15 000 visiteurs tandis que près de 500 conservateurs de musée se sont déplacés.

De nombreuses transactions ont été conclues. « Nous avons vu tous les musées américains qui ont des cabinets d’art graphique, comme le Met [New York], le musée de San Francisco, le Clark Art Institute [Williamstown, Massachusetts], le musée de Boston [Massachusetts]…, s’est réjoui Gabriel Terrades. J’ai trouvé qu’ils étaient plus nombreux que l’an passé, et il y avait aussi pas mal de musées allemands. » Le marchand a ainsi vendu Armide et Renaud endormi (1788), de Louis Gauffier à une institution allemaned ainsi qu’un Intérieur de cour (vers 1800), de Charles Percier, au Musée de San Francisco. En tout, la Galerie Terrades a cédé près d’une dizaine d’œuvres, à des prix situés entre 50 000 et 100 000 euros. « Depuis quatre ans que je fais le Salon du dessin, à chaque fois, je vends à des musées américains. C’est vraiment la grande force du Salon : tous les conservateurs spécialisés dans les œuvres sur papier étaient là », a relevé pour sa part Ambroise Duchemin, qui a vendu une quinzaine d’œuvres à des musées des États-Unis, dont une série de 17 dessins de Frédéric Juncker (1822-1906). La galerie De Bayser, elle, s’est dessaisie d’une sanguine de François-André Vincent (1746-1816), Le Dédain, et d’une Étude pour le Portrait en cuirasse de Louis de France, dauphin, de Jean-Marc Nattier (1685-1796) ; l’une et l’autre sont allées à un musée américain. « Les institutions ont été plus actives que les années passées et beaucoup d’Américains sont venus », a confirmé Louis de Bayer, aux commandes de la manifestation.

Le Salon est également très couru des grands collectionneurs. « Il y a eu du monde tout le temps. Ce salon est vraiment une réussite. On y rencontre des clients très importants qu’on ne rencontre pas ailleurs », a souligné Alexis Pentcheff (Marseille), qui a « très très bien vendu », soit 21 œuvres sur 48, dont 5 (André) Vuillard, un Odilon Redon, deux aquarelles de Paul Signac, plusieurs œuvres de Paul Jouve, pour des prix compris entre 800 000 et 120 000 euros.

« Les acheteurs sont intéressés par les images un peu fortes, un peu dures, un peu intenses comme Autoportrait. Le Paysan et la semence (1940), d’André Masson. Ce n’est pas un bouquet de fleurs ! », a noté Ambroise Duchemin. Une autre image forte a tout de suite séduit un acheteur : Au-dessus des cimes (vers 1816), une aquarelle de Giuseppe Pietro Bagetti, exposée chez Michel Descours (Paris), où elle a fait sensation. La version tempera sur papier de cette aquarelle appartient au palais royal de Turin (dans les collections du roi d’Italie).

D’après Florence Chibret-Plaussu (Galerie de la Présidence, Paris), qui a vendu des Henri Edmond Cross, trois Marcel Gromaire et une aquarelle de Jean Hélion, « il n’y a pas du tout de tendance d’achat. Les gens achètent vraiment au coup de cœur ». Ce qui n’est pas vrai pour les musées, qui cherchent des œuvres pointues pour compléter leur collection. Pour autant, les acheteurs lambda apprécient les feuilles décoratives, tout comme les représentations d’animaux. Le stand de Fabienne Fiacre (Paris) a connu un grand succès, avec des aquarelles d’oiseaux de Paul Barruel (1901-1982) ou des études de chats comme celles de Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923) entourant un beau Perroquet (XVIIIe siècle) de Jean-Baptiste Oudry, sur papier bleu [voir ill.].