Ventes aux enchères

VENTES PUBLIQUES

Les ventes aux enchères veulent être de la partie

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 19 octobre 2023 - 707 mots

PARIS

Profitant de la venue des collectionneurs à Paris+, les maisons de ventes organisent quelques-unes de leurs plus belles vacations du second semestre en matière d’art moderne et contemporain.

Gerhard Richter, Waldstück (Okinawa), 1969, huile sur toile, 174 cm x 124 cm. © Christie’s Images Limited 2023
Gerhard Richter, Waldstück (Okinawa), 1969, huile sur toile, 174 x 124 cm.
© Christie’s Images Limited 2023

Paris. Rien de tel, pour renforcer l’attractivité d’une place de marché, que tous les acteurs synchronisent leurs actions. Et ceci est d’autant plus nécessaire à l’heure où Paris est en train de regagner du terrain face à Londres. Avec la globalisation et la numérisation du marché, « Paris a acquis une place du fait de l’installation des plus grandes galeries internationales, du Brexit et du renouveau des foires après le remplacement de la Fiac par Art Basel, une structure étrangère », estime Cécile Verdier, présidente de Christie’s France. Aussi, les maisons de ventes parisiennes soumettent au feu des enchères des collections et des œuvres importantes, qui, il y a dix ans, auraient probablement été mises en vente à Londres ou New York. Christie’s – qui espère faire encore mieux que la session de l’an passé (75 M€) – présente plusieurs collections d’envergure, dont celle rassemblée pendant près de trente ans par Anne et Wolfgang Titze. Comprenant 39 œuvres touchant au minimalisme ou à l’abstraction contemporaine, la vente, dont le produit ira à la création d’une fondation qui gérera la collection, est estimée entre 20 et 30 millions d’euros. « Les propriétaires, franco-autrichiens, ont voulu présenter cette collection à Paris, devenue pour eux une vraie place internationale », souligne la présidente. L’un des tableaux remarquables de la vente est Waldstück (Okinawa), de Gerhard Richter (1969, voir ill.), qui marque une période de transition entre le réalisme photographique et l’abstraction (est. 4 M€).

En parallèle, pas moins de trois ventes sont consacrées à la dispersion de la collection Sam Josefowitz – en plus de Londres (pendant Frieze), Paris et New York. La session parisienne se concentre sur l’art moderne et l’école de Pont-Aven, dont Sancta Martha, de Maurice Denis (est. 700 000 à 1 M€). Entre-temps, l’opérateur orchestre sa vacation annuelle intitulée « Avant-gardes » (incluant la vente « Thinking Italian »), avec entre autres, Peinture (Femme, Lune, Étoiles) de Joan Miró (1949) provenant du mythique hôtel-restaurant La Colombe d’Or à Saint-Paul de Vence.

Un Magritte estimé à plus de 10 M€

Sotheby’s, de son côté, organise trois ventes aux enchères dont une en ligne et une autre d’art impressionniste et moderne. Sa vacation annuelle « Modernités » (19 octobre) contient le lot le plus chèrement estimé de la semaine, soit La Valse hésitation, une huile sur toile de René Magritte (1955) estimée entre 10 et 15 millions d’euros, inédite sur le marché depuis 1979, lors d’une exposition à la galerie Isy Brachot en Belgique. C’est la plus haute estimation jamais proposée en ventes publiques chez Sotheby’s en France.

Artcurial dame le pion à Londres en mettant aux enchères « une collection provenant d’un appartement londonien », le 20 octobre. Vingt ans auront été nécessaires pour réunir cet ensemble comprenant des artistes modernes comme Berthe Morisot ou Pierre Bonnard et contemporains comme Peter Doig (dont Driveway, 1997, est. 300 000 à 500 000 €), mais aussi du mobilier et des objets d’art ancien.

Barry, un squelette de camptosaure

C’est aussi un temps fort pour le design puisque la foire Design Miami / Paris, dont c’est la première édition, entraîne dans son sillage plusieurs ventes de cette spécialité. Christie’s se distingue avec une vente comprenant un lot unique, un Rhinocrétaire I, de François-Xavier Lalanne (1964), provenant de la collection de la galeriste Jeanine Restany, qui l’a présenté dans sa galerie la même année (est. 4 à 6 M€). Trois jours avant, le 17 octobre, De Baecque & associés disperse à Drouot un ensemble de Jean Prouvé provenant de sa maison de Nancy, dont des chaises dites Standard, vers 1950, mais aussi un fauteuil Visiteur à lattes, vers 1940 (est. 80 000 à 120 000 €).

Autre vente importante, celle de Giquello & associés (20 octobre), qui profite « du jour anniversaire des trente ans de la sortie du film “Jurassic Park” en France et de la présence à Paris d’un flux incroyable d’amateurs d’art drainés par Paris+ », explique Alexandre Giquello, pour proposer aux enchères Barry, un squelette de camptosaure. Vieux de 150 millions d’années, le plus complet jamais vendu aux enchères (est. 800 000 à 1,2 M€), ce spécimen pourrait bien attirer de nombreux enchérisseurs.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : Les ventes aux enchères veulent être de la partie

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