PARIS
Paris+ par Art Basel entraîne dans son effervescence de nombreuses foires satellites et des ventes publiques de prestige.
Paris. La semaine de l’art contemporain revient plus vaillante que jamais, portée par la petite musique entraînante selon laquelle Paris a le vent en poupe, notamment face à Londres, sa rivale de toujours. Parmi les mesures qui composent cette musique il y a l’arrivée des grandes enseignes internationales comme récemment Hauser & Wirth et Mendes Wood DM, la riche programmation des lieux d’exposition parisiens et le déplacement de plusieurs ventes publiques de Londres à Paris. Et pour soutenir les musiciens, le gouvernement vient même d’annoncer l’application du taux réduit de TVA sur les œuvres d’art, un psychodrame joué d’avance savamment entretenu par les uns et les autres.
Pour la plupart des observateurs, le remplacement de la Fiac par Art Basel est le signe le plus manifeste de cet engouement, malgré les espaces contraints du Grand Palais éphémère où se tient la foire, en attendant son retour l’an prochain au Grand Palais. Art Basel a renforcé la présence des grandes galeries internationales et plus encore, de l’avis de nombreux marchands, celle des collectionneurs étrangers. Et ce, dès son arrivée l’an dernier, de sorte que les changements ne sont qu’à la marge. Une petite dizaine seulement de stands change de titulaires en 2023 parmi les 140 galeries du secteur principal dont 9 sont des clients habituels du groupe MCH, l’organisateur d’Art Basel, que ce soit à Bâle, Miami ou Hongkong (les galeries américaines Blum & Poe, et Pace, l’allemande Thomas Zander…).
On se demande quel jeu joue MCH puisque 86 % des exposants parisiens sont à Bâle (et à Miami). Avec un tel parterre de galeries, comme le souligne Daniel Templon, de plus en plus d’acheteurs vont préférer Paris et ses multiples séductions à la petite ville de Bâle. Ce n’est d’ailleurs pas la seule des ambiguïtés de MCH qui s’apprêterait à changer le nom de la foire (toujours selon le même Daniel Templon) de Paris+ par Art Basel en Art Basel Paris, comme si le nom de la marque était plus important que le nom de la ville où elle se déploie. On remarque aussi que les belles promesses d’une grande manifestation qui jetterait des passerelles vers la créativité à la française que sont la mode, le cinéma ou le jeu vidéo n’ont toujours pas trouvé de début de commencement d’exécution.
Le renouvellement des exposants est bien plus important dans le secteur dit des « galeries émergentes » où 11 des 14 marchands sont nouveaux avec, là aussi, une autre interrogation sur la stratégie de MCH : aucun des nouveaux arrivants de cette section n’est français, comme si la nouvelle création française n’avait pas d’intérêt. La création française en général, elle, a un chiffre : 30 %, c’est-à-dire le nombre de galeries françaises présentes à Paris+. Et encore un chiffre largement surévalué puisque ces galeries présentent beaucoup d’artistes étrangers.
C’est sur cette partition faite de « lento » (il n’y a pas assez d’espace à Paris+ pour accueillir toutes les galeries qui le méritent) et d’« allegro » (la venue de collectionneurs étrangers à Paris) que prospèrent les salons satellites avec une certaine forme de stabilité d’une année sur l’autre avec l’implantation de Design Miami / Paris, un nom bien compliqué pour désigner une foire (détenue en partie par MCH) qui expose… du design.
Mais là aussi on peut s’interroger sur la faible représentation de la scène française. Mise à part Moderne Art Fair qui retrouve ses tentes des Champs-Élysées et accueille surtout des galeries de second marché, les autres foires off se veulent surtout une fenêtre ouverte sur la création internationale : de la bien nommée Paris Internationale aux explicites Asia Now et Also Known As Africa (AKAA). En définitive, c’est tout un lot de galeries françaises qui sont absentes de cette semaine de l’art contemporain, en somme les galeries qui exposent à Art Paris au printemps.
L’effervescence parisienne (à défaut de scène parisienne) est manifeste, mais il ne faut pas enterrer Londres trop vite. Trente-huit galeries sont présentes à la fois à Frieze London, qui se tient une semaine plus tôt (du 11 au 15 octobre) et à Paris+. Et Frieze n’est plus un acteur local depuis son rachat par le géant américain de l’entertainment Endeavor qui multiplie les acquisitions (l’Armory, Chicago). Ce qui est en revanche indiscutable, c’est que le marché de l’art contemporain est vraiment un big business.
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Les folles journées de Paris contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : Les folles journées de Paris contemporain