PARIS
De nombreux chefs-d’œuvre sont proposés par les grandes enseignes, dont certains dépassent le million d’euros.
Paris. Almine Rech (Paris, New York, Londres, Bruxelles, Shanghaï et Monaco) inaugure début octobre à Tribeca, à New York, son nouveau vaisseau amiral de 900 mètres carrés. Quinze jours plus tard, à Paris+, elle montre un panel de ses artistes. De Joël Andrianomearisoa, qui vient juste de la rejoindre – qui est également présent dans le parcours Hors les murs, aux Tuileries, avec une sculpture spécifiquement créée – à Tom Wesselman, dont elle représente la succession et dont elle expose un beau tableau de 1999, Still Life with Odalisque and Seascape Painting (entre 850 000 et 900 000 dollars, soit aux alentours de 850 000 euros). La galleria Continua (San Gimignano, São Paulo, Pékin, La Havane, Boissy-le-Châtel, Paris, Rome et Dubaï) promeut cette année l’artiste française Eva Jospin, dont elle présente une emblématique Forêt en carton sculpté (entre 65 000 et 80 000 €). Le stand de la galerie se signale, comme toujours, par la présence spectaculaire d’une sculpture murale d’Anish Kapoor, ainsi que par celle d’une œuvre de Michelangelo Pistoletto, cette fois-ci, un diptyque au cadre doré (Color and Light, 2023, proposé autour de 315 000 €).
Gagosian (New York, Los Angeles, Beverly Hills, Hongkong, Paris, Athènes, Rome…) est impliqué dans l’installation de la monumentale sculpture en aluminium d’Urs Fischer, place Vendôme (Wave, 2018). Sur son stand, au Grand Palais éphémère, le marchand accorde, pour la première fois, une place à Carol Bove. Hauser & Wirth (Zurich, Gstaad, Saint-Moritz, Londres, Somerset, Los Angeles, New York, Hongkong, Monaco, Minorque et Paris), qui inaugure sa succursale parisienne, dans un hôtel particulier de la rue François 1er, le week-end précédant l’ouverture de la foire, montre un tableau récent de George Condo (Female Portrait Composition, 2023) en vente pour plus de 2 millions d’euros. Les pièces phares proposées par Thaddaeus Ropac, sont signées Yan Pei-Ming, Antony Gormley et Martha Jungwirth. Deux œuvres de Robert Rauschenberg figurent également sur le stand, dont une sérigraphie sur cuivre, à 1,7 million de dollars (Copperhead-Bite IV / ROCI CHILE, 1985). Tornabuoni (Paris, Florence, Crans, Milan…) poursuit son exploration du panorama artistique italien de l’après-guerre en mettant Alighiero Boetti (1940-1994) à l’honneur avec une œuvre monumentale qui n’a jamais été montrée en Europe. Il s’agit de la mosaïque Alternando da uno a cento e viceversa créée in situ [voir ill.] en 1984 pour l’exposition « Il modo Italiano » au Los Angeles Institute of Contemporary Art. Elle est composée de cent cases divisées elles-mêmes en cent petits carrés noir et blanc. Le prix demandé pour cette création « mathématique » de Boetti est de 1 million d’euros environ.
En parallèle de l’exposition consacrée au duo croate TARWUK dans son local de l’avenue Matignon, White Cube (Londres, Hongkong, Paris, New York, Séoul, West Palm Beach) montre sur la foire une peinture de leur toute dernière série. La galerie, qui fête ses trente ans, présente aussi un tableau d’Ilana Savdie, actuellement à l’affiche du Whitney Museum of American Art, à New York, ainsi qu’une sculpture de la Colombienne Doris Salcedo, dont la rétrospective vient de fermer ses portes à la Fondation Beyeler, en Suisse.
Blum & Poe (Los Angeles, New York et Tokyo) compte parmi les sept nouvelles galeries internationales sélectionnées sur cette édition. Elle consacre son stand à un solo show de l’artiste multimédia Lonnie Holley. On reconnaît dans ses peintures et dans ses sculptures ready-made le motif du profil démultiplié, caractéristique de cet artiste autodidacte installé à Atlanta. À la façon d’un échantillonnage succinct de l’œuvre de Holley, cette présentation comporte des objets d’art datant de 1989 et des créations tout juste sorties de l’atelier (entre 7 500 et 100 000 dollars). Pour ses premiers pas à Paris+, Bortolami (New York) fait dialoguer les abstractions géométriques de Mary Obering (1937-2022) avec les sculptures textiles colorées de la Brésilienne Leda Catunda.
Le stand de Pace (New York, Los Angeles, Palm Beach, Hongkong, Séoul, Genève, Londres) est de ceux qui font sensation. Intitulé « Pace Artists Respond to Rothko », son projet fait référence à l’influence de l’artiste américain célébré au même moment par une rétrospective à la Fondation Vuitton. La galerie qui gère en exclusivité la totalité de la succession de Rothko a jugé opportun de rendre hommage au peintre à travers la mise en scène d’œuvres créées spécifiquement par des artistes contemporains tels que Robert Longo, Marina Perez Simão ou Lee Ufan en réponse à l’influence de Rothko sur leur propre pratique. Le stand comprend également des œuvres d’artistes contemporains de Rothko, tels qu’Agnes Martin, Adolph Gottlieb… Et bien sûr, une pièce majeure de l’artiste lui-même. La galerie Lévy Gorvy Dayan (New York) accroche elle aussi sur ses cimaises un très beau Rothko, un papier marouflé sur toile dans les tons de bleu, de noir et de vert (autour de 12,5 M€).
On peut par ailleurs admirer quelques chefs-d’œuvre d’artistes du XXe siècle, notamment Jean Arp, Marc Chagall et Pablo Picasso chez Landau Fine Art (Montréal). Ainsi que des œuvres rares de représentants de l’avant-garde allemande et autrichienne du début du XXe siècle, parmi lesquels Egon Schiele et Otto Dix, sur le stand de Richard Nagy Ltd (Londres).
Outre Rothko à la Fondation Vuitton, les échos à l’actualité culturelle parisienne ne manquent pas sur la foire, par exemple, chez Emanuel Layr (Vienne, Autriche), venu avec des sculptures de Lili Reynaud-Dewar, dont l’exposition personnelle ouvre ce mois-ci au Palais de Tokyo (prix entre 35 000 et 55 000 €). Anri Sala et Jean-Luc Moulène sont deux artistes représentés par la galerie parisienne Chantal Crousel. Mais on retrouve aussi Anri Sala chez Alfonso Artiaco (Naples) avec une peinture de la toute nouvelle série « Al fresco » proposée à 180 000 euros, et un bronze de Moulène (Cheval force, 2019, autour de 70 000 dollars) sur le stand de Miguel Abreu (New York). On comprend d’autant mieux l’importance stratégique de l’emplacement des stands dans la foire.
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Paris+ : la surenchère des galeries internationales
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : La surenchère des galeries internationales