PARIS
La même semaine, Paris va voir l’inauguration d’une antenne de Hauser & Wirth, de la galerie brésilienne Mendes Wood DM et du nouvel espace d’exposition de Jérôme Poggi. De son côté, la galerie Lévy Gorvy Dayan se cherche une nouvelle adresse.
Paris. Quand, en juillet dernier, le bail de la galerie Lévy Gorvy Dayan (ex-LGDR), passage Saint-Avoye, est arrivé à son terme, celle-ci n’a pas souhaité le renouveler. « Durant la pandémie, nous avons profité de la vacance de ce local, autrefois occupé par l’espace de Claude Berri, relate Dominique Lévy, l’une des trois associés. Ces trois ans m’ont permis de vérifier mon désir d’être à Paris, une ville où j’ai des attaches, mais aussi de constater que le Marais est un quartier difficile d’accès. Sa proximité avec le Centre Pompidou est également moins intéressante dans la perspective de la fermeture annoncée du musée pour travaux. » Pour l’heure, la galerie ne s’est pas encore repositionnée. Où cherche-t-elle ? Dans le triangle d’or, comme Hauser & Wirth, qui va inaugurer le 14 octobre sa succursale française, ou vers la place des Vosges, à l’image de Mendes Wood DM, également sur le point d’ouvrir une antenne parisienne ? « Nous visitons des endroits mais ce que nous cherchons est rare. Du côté de l’avenue Matignon, les prix, dopés par la demande, sont devenus déraisonnables. Je n’ai pas envie de renoncer à cette ville, que j’aime particulièrement, mais je ne veux pas non plus que la galerie s’y installe à n’importe quel prix », explique Dominique Lévy, ajoutant : « Nous ne sommes pas pressés. »
Il semble pourtant que ce soit plus que jamais le moment de s’installer dans la capitale. « Aujourd’hui, Paris dispose d’une remarquable combinaison d’attributs – un public très éduqué, une formidable concentration de musées et de fondations de premier plan, et une communauté de collectionneurs et de mécènes avisés. Avec tout ce qui se passe actuellement dans la ville, c’est pour nous le parfait “timing” pour y ouvrir un espace permanent », analyse Marc Payot, le président de Hauser & Wirth – galerie déjà présente dans de nombreux pays. On ne connaît pas le montant de l’investissement de la galerie suisse – certainement considérable – pour rénover et aménager l’hôtel particulier de la fin du XIXe siècle, rue François 1er [voir ill.], à deux pas des Champs-Élysées et de l’avenue Montaigne. Elle s’y déploiera sur 800 mètres carrés et confirme le tropisme de Hauser & Wirth pour les édifices patrimoniaux. La réhabilitation est signée du studio d’architecture Laplace. La restauration de la double hauteur de six mètres sous plafond du rez-de-chaussée et de l’escalier en colimaçon qui dessert les quatre étages donne une idée du faste du chantier, lequel entend « refléter et amplifier l’éclat historique du bâtiment », dont les étages supérieurs sont flanqués d’une terrasse à balustrade.
L’exposition d’ouverture est consacrée aux œuvres récentes de Henry Taylor, célébré au même moment par une rétrospective au Whitney Museum of American Art à New York. La galerie indique que l’artiste californien, en résidence à Paris de juin à juillet afin de préparer son solo show, « est allé puiser dans les collections de la capitale, notamment au Musée d’Orsay, dont les œuvres des impressionnistes, des expressionnistes et des fauvistes français l’inspirent depuis son plus jeune âge ».
La place des Vosges n’était pas, jusqu’à présent, réputée pour ses galeries. Mais si l’hôtel de l’Escalopier donne bien sur la place royale, c’est par la rue de Béarn que l’on entrera chez Mendes Wood DM, qui emménage aux deux premiers niveaux de la bâtisse. Fondée à São Paulo en 2010 par Pedro Mendes, Matthew Wood et Felipe Dmab, la galerie a ouvert en 2017 sa première antenne européenne à Bruxelles. Son développement connaît une nette accélération, puisque l’année 2022 a été marquée par l’inauguration de son local à New York. Pourquoi Paris ? « Pour être au plus près des institutions avec lesquelles nous avons noué des liens, explique Nicolas Nahab, le directeur de la galerie parisienne, et pour assurer la représentation des artistes. » Parmi eux, certains (comme Pol Taburet, représenté aussi par Balice Hertling, Lucas Arruda, par Zwirner ou Matthew Lutz-Kinoy par Kamel Mennour) sont déjà connus des collectionneurs français. La galerie devra s’efforcer de promouvoir également les autres afin de délimiter son territoire.
Mouvement. « C’est un bel outil », se félicite Jérôme Poggi en évoquant le bâtiment de 600 mètres carrés, sur trois niveaux, investi par sa galerie.
En quittant la rue Beaubourg où il était installé depuis cinq ans, Poggi se rapproche du Centre Pompidou, auquel fait face sa nouvelle adresse.
La galerie, qui rentre dans sa 15e année, a grandi avec ses artistes : Kapwani Kiwanga, notamment (prix Marcel Duchamp 2020), mais aussi le peintre Djamel Tatah, qu’elle promeut depuis 2018, ou encore la succession d’Anna-Eva Bergman, dont elle a su souligner la dimension contemporaine.
Face à la piazza, cet ancien supermarché, réaménagé par Freaks architecture, offrira « une plus grande visibilité au travail que nous menons dans l’ombre et qui vise à mener les artistes au sommet », assure Jérôme Poggi, regard tourné vers le musée en vis-à-vis. L’exposition inaugurale intitulée « La première pierre », elle fera dialoguer l’art contemporain et moderne avec des œuvres anciennes, voire préhistoriques, prêtées par quelques confrères.
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Paris à tout prix
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : Paris à tout prix