Défricheuse de talents, la foire encourage les galeries à présenter peu d’artistes afin de leur offrir un espace suffisant pour se faire connaître.
Paris. La superficie du bâtiment investi cette année par Paris Internationale – un ancien central téléphonique de 5 000 mètres carrés – pourrait faire penser que la petite foire alternative connaît pour sa 9e édition une poussée de croissance. Ce n’est cependant pas le cas. Avec 71 exposants – 66 galeries et 5 projets non commerciaux –, sa taille reste à peu près la même que l’année précédente. Elle est comparable à son édition de 2017, qui avait réuni dans les locaux du journal Libération 70 participants. « Nous pourrions accueillir 100 galeries, voire plus, mais son échelle relativement intimiste fait partie des promesses de la foire, assure sa directrice Silvia Ammon. Chaque année, les galeries nous disent combien elles apprécient la qualité des échanges que permet cette plateforme. »
Foire de l’émergence, Paris Internationale offre une visibilité à de jeunes galeries comme, parmi les 19 nouvelles de cette édition, Empty Gallery (Hongkong) qui montre les œuvres de Wunkwan Tam, entre sculpture, vidéo et installation. Ou Niru Ratman (Londres), dont c’est également la première participation. La galerie londonienne présente Adham Faramawy, lauréat 2023 de l’Artist Award à Frieze London en juin dernier.
La manifestation revendique désormais son caractère multigénérationnel. Elle accueille ainsi des galeries établies, régulièrement sélectionnées par Art Basel, telles que les berlinoises ChertLüdde – que l’on voyait aussi auparavant à la Fiac – ou BQ. Tandis qu’à Art Basel, BQ présente des expositions de groupe, la galerie allemande vient à Paris Internationale pour promouvoir l’œuvre d’un seul artiste – cette fois-ci Raphaela Vogel. Le coût moins élevé du stand – 14 000 euros pour 50 m2 – permet en effet aux exposants de prendre le risque de miser sur un focus, qui ne serait pas rentable autrement. « Nous offrons à ces galeries reconnues de faire des choix stratégiques différents », explique Silvia Ammon. L’organisation encourage d’ailleurs la tenue de solo shows, un format adopté par la moitié des galeries, et limite à trois le nombre d’artistes exposés sur chaque stand : Marc Camille Chaimowicz sur l’espace de Gaga (Mexico), Matthias Groebel chez Schiefe Zähne (Berlin), Nicole Gravier chez Ermes-Ermes (Rome)… Si plusieurs des noms mis en avant appartiennent à une génération apparue sur la scène dans les années 1970, Paris Internationale tient à son rôle de défricheuse. Mara Wohnhaas chez BQ faisait notamment partie des découvertes de l’édition précédente.
Preuve que sa formule est bien rodée, outre un programme de « talks » et des visites guidées par des personnalités du monde de l’art (« daily dérives »), Paris Internationale s’associe pour la deuxième année consécutive au Centre national des arts plastiques (Cnap) avec le projet artistique « Maintenant ! » invitant à mieux connaître le travail de quatre artistes. Un bémol ? L’Afrique est la grande absente de cette édition. La foire, consciente de ce manque, travaille à combler cette lacune l’année prochaine. Mais pour cela, il faut prospecter et avoir des relais. Or Paris Internationale reste aussi une petite entreprise.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Paris Internationale, prescriptrice et intimiste
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°618 du 6 octobre 2023, avec le titre suivant : Paris Internationale, prescriptrice et intimiste