PARIS
La première édition de Paris+ par Art Basel a unanimement été saluée pour la qualité de son offre et la présence de nombreux collectionneurs étrangers qui ont acheté beaucoup d’œuvres, parfois très chères.
Paris. Arrivé au Grand Palais éphémère un peu avant 19 heures, le 21 octobre, Emmanuel Macron, accompagné de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, y a passé près de deux heures, allant d’un stand à l’autre, d’Almine Rech à Perrotin, de Kamel Mennour à Appplicat Prazan, en s’arrêtant aussi chez les jeunes galeries, notamment Heidi et sans Titre (2016). Curieux et disponible, saluant chaleureusement marchands et visiteurs attroupés, le chef d’État s’acquittait de sa première visite officielle de la foire ; il n’y en avait plus eu en effet depuis celle de François Hollande à la Fiac en 2014. Une consécration pour l’équipe d’Art Basel ? Une reconnaissance en tout cas de la part du président qui a salué « une réussite […] témoignant de la force des galeries françaises et du savoir-faire d’Art Basel ». Frappé par « le caractère très international du public », Emmanuel Macron y a vu la confirmation du fait que « Paris est une grande place de l’art moderne et contemporain ». Cette vitalité du marché parisien ne pouvait que réjouir un président adepte du libéralisme, et qui a tenu à la saluer.
De nombreux observateurs s’interrogeaient, avant cette première édition de Paris+, sur la valeur ajoutée d’Art Basel, sur la promesse de ce fameux bonus contenu dans l’appellation de la foire. La réponse est venue avec la présence massive des Américains et la qualité générale des stands dont certains, comme celui des New-Yorkais de la Galerie Acquavella, ont été abondamment commentés. Sur les cimaises de ces habitués d’Art Basel (à Bâle et à Miami), on pouvait admirer de grandes toiles signées Francis Bacon, Pablo Picasso, Henri Matisse… « Voilà ce que nous apportons à Paris », expliquait avec enthousiasme Marc Spiegler, le directeur mondial d’Art Basel, à un groupe de visiteurs étrangers qu’il guidait dans les allées. Mais l’on pourrait aussi mentionner un très beau Lucio Fontana vert pomme chez Tornabuoni Art (Paris, Milan…), des « Grafik » de Dieter Roth chez Papillon (Paris), une composition de Robert Filliou (Marins et capitaine du temps jadis, 1980) chez Peter Freeman (New York, Paris), une spectaculaire sculpture murale de Jannis Kounellis (Untitled, 1999-2016) sur le stand de la Cardi Gallery (Milan, Londres), parmi nombre de pièces rares et remarquables à admirer sur la foire, pour autant que ce genre de manifestation se prête à éprouver des émotions contemplatives.
Les ventes ont été bonnes, voire excellentes si l’on en croit les déclarations des marchands. De 7 500 euros pour un tirage récent de Dirk Braeckman (Zeno X Gallery, Anvers) à 2,75 millions d’euros pour un bronze d’Alberto Giacometti, Composition, 1927-1928 (Kamel Mennour, Paris), à 4,5 millions de dollars pour un tableau tardif de Joan Mitchell (David Zwirner, New York, Londres, Paris, Hongkong), voire davantage encore pour un Robert Motherwell (Je t’aime, No II, 1955), dont la Pace Gallery (New York, Londres, Genève…) demandait 6,5 millions de dollars. Loin d’être exceptionnelles, les ventes au-dessus du million ont ainsi été nombreuses à se conclure sur les stands. Et, quels que soient les montants des achats, ces derniers se sont souvent faits pour le compte de grandes collections publiques et privées – sur le stand de la galerie Allen (Paris), la peintre Jacqueline de Jong se montrait ravie de remercier de vive voix Fabrice Hergott, le directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, pour l’acquisition d’une de ses toiles (Mysterie, 1977, environ 100 000 euros) par le Comité international des amis du MAMVP. L’atmosphère générale était donc à l’effervescence et aux congratulations. « Je m’attendais à ce que Paris+ par Art Basel soit une foire vibrante et dynamique, mais maintenant je pense qu’elle devrait s’appeler Paris+++ », s’est enflammé Lorenzo Fiaschi, cofondateur de la Galleria Continua, emballé d’avoir rencontré pendant ces cinq jours « tant d’Australiens, d’Américains, de Sud-Américains et d’Asiatiques ». « C’est un moment historique pour Art Basel », a sobrement déclaré pour sa part Marc Spiegler.
Quelle galerie oserait avouer une opération commerciale en demi-teinte devant une telle euphorie collective ? Aucune. Même si quelques bémols se sont fait entendre, sur la curiosité relative d’un public, notamment américain, en quête de valeurs sûres davantage que de découvertes. La superbe tapisserie tuftée de Caroline Achaintre accrochée aux murs de la galerie Art : concept (Paris) n’avait, par exemple, toujours pas trouvé preneur samedi. Reste que les jeunes galeries ont également vendu, et que leur présence dans la structure principale du bâtiment avec des solo d’artistes émergents a apporté son quota de fraîcheur à la foire.
Une nouveauté concernait l’apparition, à l’entrée du Grand Palais éphémère, d’un espace réservé à la maison Louis Vuitton. La griffe de maroquinerie y présentait quelques-unes des créations nées de collaborations avec des artistes, et en exclusivité à Paris+, les six nouvelles déclinaisons en édition limitée du modèle Arty Capucines, signées cette saison Daniel Buren, Ugo Rondinone, Amélie Bertrand… Rien d’étonnant : l’équipe d’Art Basel a, dès le départ, affiché son intention de créer des passerelles avec les autres champs de la création, notamment l’industrie de la mode si bien implantée dans la capitale. L’admission d’une marque de luxe parmi les exposants est sans doute un premier pas dans cette direction.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Art Basel réussit son arrivée à Paris
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°598 du 4 novembre 2022, avec le titre suivant : Art Basel réussit son arrivée à Paris