LONDRES / ROYAUME-UNI
Un Warhol est mis aux enchères en utilisant un ensemble de nouvelles technologies aussi disruptives que difficiles à comprendre.
Vous pensiez qu’Internet avait révolutionné le marché de l’art ? Ce n’est qu’un début, une galerie et une start-up ont mis aux enchères depuis quelques jours un tableau de Warhol en combinant de manière inédite les technologies les plus innovantes.
La galerie londonienne Dadiani Fine Art s’est ainsi associée à la plateforme d’investissement en art Maecenas pour mettre aux enchères Fourteen Small Electric Chairs, une sérigraphie de Warhol estimée à 5,6 millions de dollars.
Les enchérisseurs doivent au préalable s’enregistrer, ce qu’ils peuvent faire depuis le 20 juin sur la plateforme qui procède alors à la vérification de leurs coordonnées en utilisant le protocole KYC (Know Your Customer), un processus de collecte et d’analyse des données destiné à s’assurer de la probité et l’intégrité des futurs investisseurs.
Des parts à hauteur de 49 % de l’œuvre sont proposées à la vente sur le modèle des enchères hollandaises. A l’issue d’une période de six semaines qui débutera mi-juillet, le prix final de chaque part sera déterminé par l’offre la plus basse qui permet de vendre toutes les parts aux enchérisseurs ayant fait une offre supérieure.
La toile de Warhol deviendra donc une œuvre partagée, mais demeurera la propriété d’Eleesa Dadiani, qui conserve 51 % des parts. Le principe de l’acquisition en indivision n’est pas une nouveauté dans le domaine de l’art. Dadiani et Maecenas garderont « l’usage » de la toile : son lieu de conservation, les prêts éventuels … La plateforme précise que la revente peut être envisagée par l’actionnaire principale selon deux modes : entre les investisseurs, ou sur le marché extérieur, à l’issue de négociation entre tous les propriétaires.
Ce qui fait figure de première dans le marché de l’art, c’est l’association de nouvelles technologies dans les différentes étapes du processus de la vente, aboutissant à l’établissement d’un smart contract, un contrat électronique. Les transactions sur Maecenas utilisent le token, un dérivé des cryptomonnaies dont les plus connues sont le Bicoin et l’Ether, créé par la plateforme et appelé ART.
Le recours à la technologie blockchain garantit aux enchérisseurs une sécurité à toutes les étapes de la transaction, et aux heureux propriétaires d’une part du tableau de Warhol l’assurance que leur contrat de propriété est inviolable.
La technologie des blockchains constitue une protection pérenne contre toute action malveillante ou dysfonctionnement susceptible de corrompre des données numériques. En multipliant les espaces d’enregistrement, les informations sont incluses dans une chaîne dont chaque mouvement est validé toutes les dix minutes par un système d’encodage particulièrement complexe et que l’ensemble des acteurs repère donc en temps quasi réel. Un tel système, qui se veut infaillible, sécurise les transactions et les titres numériques possédés par chaque acquéreur.
Maecenas n’hésite pas à parler d’un événement historique et on peut lire sur son site que le projet représente « la première plateforme blockchain qui démocratise l’accès à l’investissement en art ». Les frais de la transaction pour les acquéreurs sont en effet plus faibles que dans des ventes aux enchères classiques, entre 2 et 6 %, contre 12 à 30 % pour les maisons traditionnelles comme Christie’s ou Sotheby’s.
On peut néanmoins se demander si ce complexe système de vente, combinant l’indivision à de nouvelles technologies encore obscures et difficiles à manier pour le plus grand nombre, met réellement ce genre d’achats à la portée de tous.
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Blockchain et cryptomonnaies, une révolution s’annonce dans le marché de l’art
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