MONDE
De plus en plus de voix s’élèvent contre l’aspect énergivore de la production des NFT, très localisée en Chine.
L’engouement dont bénéficient les NFT depuis maintenant plusieurs mois a pour conséquence la mise en lumière de travers inhérents parmi lesquels, outre la dimension spéculative, leur empreinte environnementale élevée. Une problématique qui, dans un contexte de réchauffement climatique, a conduit certains artistes à remettre en cause les œuvres en NFT et à renoncer à certains projets malgré les sommes astronomiques que certains NFT ont atteint lors de ventes aux enchères récentes.
Au cœur de ces préoccupations, les importantes quantités d’émissions de gaz à effet de serre émises par les ordinateurs auxquels ont recours la blockchain, à la base des cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, et dans laquelle est encodée l’ensemble des caractéristiques qui font du NFT une œuvre numérique unique.
L’ensemble des transactions afférents au NFT sont répertoriées sous la forme de « blocs », lesquels mis bout à bout forment une « chaîne », d’où le terme blockchain. Chacune des transactions est validée par des opérateurs appelés « mineurs » : des ordinateurs regroupés le plus souvent en « fermes de minage » pour accroître leur puissance. On trouve plusieurs de ces « fermes » en Chine, aux Etats-Unis ou en Russie.
Ces ordinateurs doivent pour cela résoudre des équations mathématiques au moyen d’un système de validation par preuve de travail - « proof of work » (PoW). Si cet algorithme empêche les attaques informatiques contre la blockchain et préserve ainsi le NFT, il se révèle particulièrement énergivore compte tenu de la puissance de calcul requise laquelle croît chaque fois qu’un bloc est ajouté.
Dans un rapport, le Cambridge Center for Alternative Finance (CCAF) a mis en évidence qu’en moyenne seuls 39 % de l’exploitation du système PoW est alimenté par de l’électricité issu de sources renouvelables (hydroélectrique, solaire, éolienne). Les 61 % restants proviennent du nucléaire ou de sources non renouvelables, comme le charbon dont la Chine est grande consommatrice. Or, la Chine concentre près de 65 % du hasrate mondial, soit la puissance de calcul nécessaire à un ordinateur pour assurer la validation des transactions sur une blockchain par preuve de travail.
À titre d’illustration, une seule transaction Ethereum consommerait une quantité d’électricité identique à celle d’un ménage américain pendant 2,6 jours. L’empreinte carbone équivaudrait quant à elle à 81 074 transactions VISA ou à 6 097 heures de visionnage sur Youtube, d’après les données du journal en ligne Digiconomist.
Pour se donner bonne conscience, Nifty Gateway, l’une des plus importantes places de marché permettant de collecter et d’échanger des jetons non fongibles uniques, s’est engagée par la voix de ses fondateurs, Duncan et Griffin Cock Foster, à acheter en contrepartie « des compensations pour deux fois le montant de l’empreinte carbone que Nifty Gateway a créé à partir des transactions de la blockchain ». La compensation carbone consiste à contrebalancer la part d’émissions de gaz à effet de serre incompressibles que ces entreprises ne peuvent ou ne savent pas encore réduire de manière satisfaisante en soutenant des projets de terrain environnementaux et sociaux (financement de parcs éoliens, plantation de nouveaux arbres etc.). L’objectif à terme étant, pour la marketplace, de devenir « un éliminateur net de carbone ».
Si Nifty Gateway ne précise pas encore la forme que prendront concrètement ces compensations, ces promesses ont été accueillies avec scepticisme et ironie compte tenu de l’énormité de l’empreinte carbone des NFT. Sur son compte Twitter, l’illustrateur Bleached Rainbows écrit par exemple : « "Ne vous inquiétez pas ! Nous paierons pour les compensations carbones” équivaut à mettre le feu à une maison et à placer une seule plante en pot sur la propriété brûlée en guise de "compensations" ».
Pour d’autres, le vrai débat est ailleurs : « pourquoi, lorsque les petits ont un pied à terre, tout le monde s’en prend à l’éthique, au lieu de critiquer les grands acteurs qui abusent de notre planète depuis des décennies ? », s’interroge le designer Gareth Stangroom sur son compte Instagram.
Face aux critiques naissantes, certains artistes se sont tournés vers des solutions alternatives à l’instar de Damien Hirst. Pour sa première incursion dans l’univers des NFT, l’artiste britannique, qui veut prochainement mettre aux enchères près de 10 000 œuvres numériques avec son Currency Project, a préféré prendre les devants en s’associant avec la plateforme dite « éco-responsable », Palm - dont le déploiement est attendu dans le courant de l’année - laquelle avance sur son site internet « être jusqu’à 99 % plus efficace sur le plan énergique que les réseaux blockchain basés sur la preuve de travail, offrant ainsi aux artistes une solution plus durable ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les NFT pointés du doigt pour leur impact néfaste sur l’environnement
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €