Cet organisme à but non lucratif basé à Londres a été parmi les premiers acteurs européens à proposer ses conseils pour accompagner la transition du secteur culturel.
Londres. C’est son credo : la culture doit être au cœur du changement, au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité. « La culture est notre identité, elle révèle nos systèmes de croyances, la manière dont nous nous exprimons, et elle inspire la façon dont nous vivons. Les réponses aux défis que nous rencontrons doivent être trouvées dans nos valeurs et nos façons de vivre », martèle Alison Tickell, la directrice de Julie’s Bicycle (JB), une organisation à but non lucratif basée à Londres qu’elle a fondée en 2007.
JB a commencé à intervenir dans le secteur de la musique, très en pointe contre le changement climatique, avant d’élargir son champ d’action aux arts de la scène, aux arts visuels et au patrimoine. Ses objectifs ? Pousser le secteur culturel vers le zéro carbone, tenter de l’inspirer pour agir contre le changement climatique et œuvrer en faveur de la justice climatique. En l’espace de quinze ans, Julie’s Bicycle a accompagné plus de 2 000 organisations du secteur : institutions, musées, centres culturels, galeries, festivals… Ainsi des Tate Galleries pour leur bilan carbone. Ou encore du Barbican Center pour lequel a été concocté un Manifeste écologique fourmillant de conseils et d’outils de méthodologie afin de bâtir une exposition itinérante en réduisant ses impacts environnementaux.
Prestation de conseils, audits et évaluations, publication d’études et de rapports, organisation d’événements et de programmes, recherche de financements, création de calculateurs d’impact carbone et de systèmes de certification de durabilité environnementale, reporting social et environnemental, telles sont les principales missions de cette structure qui emploie aujourd’hui 23 salariés.
« Julie’s Bicycle fait partie des tout premiers acteurs qui se sont intéressés au développement durable appliqué à l’échelle de la culture, parmi les premiers à avoir créé une méthodologie sérieuse dont se sont inspirés de nombreux musées pour s’autoévaluer. Leur référentiel, sur lequel les structures accumulent des points, leur permet d’observer leur progression d’année en année », souligne Alice Audouin, présidente et fondatrice d’Art of Change 21, une association qui relie l’art contemporain aux enjeux environnementaux. Depuis 2012, la petite structure britannique travaille en partenariat avec l’Arts Council England pour élaborer son programme environnemental, réduire son impact et conduire des actions inspirantes dans le domaine des arts et de la culture. Exemple, le Spotlight, qui réunit 30 organisations du secteur culturel à but non lucratif. Son but ? Réduire les émissions de C02 de ses membres avec, en ligne de mire, l’ambition des Accords de Paris : limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 °C.
« Ils sont axés sur la montée en compétences, le développement durable, l’écoconception, ce que nous appelons la RSE ou RSO [responsabilité sociétale des entreprises, ou des organisations]. Ils sont plutôt centrés sur la transformation des métiers. Ils ont créé notamment un programme visant à valoriser l’action des leaders culturels », pointe Lauranne Germond, directrice, à Paris, de l’association Coal, Art et Environnement créée en 2008.
Avant la COP26, qui allait se tenir à Glasgow en novembre 2021, l’initiative « Season for Change » coordonnée par JB a réuni de janvier 2020 à l’automne 2021, soit en pleine pandémie, quelque 3 000 artistes et 230 000 personnes au fil de 230 événements. Une pièce de théâtre, Lettre d’amour pour un futur vivable, a été montrée en présentiel et sur le Net aux habitants de Cambridge, Manchester et Coventry, invités à imaginer le monde dans lequel ils souhaiteraient vivre. Dans le quartier londonien de Lewisham, 100 000 personnes ont visionné une vidéo sur les dangers de la pollution de l’air. Last but not least, une boîte à outils a été mise en ligne, pour accompagner les particuliers et organisations en quête de conseils et soutiens pour créer un événement durable ou une action de sensibilisation au changement climatique.
Active essentiellement au Royaume-Uni, Julie’s Bicycle a néanmoins lancé des programmes à l’international, notamment en Grèce, au Danemark, en Espagne, aux Pays-Bas et au Canada. Pour contourner les contraintes du Brexit, un bureau a été ouvert à Dublin. Un autre pourrait voir le jour sur le continent. Beaucoup reste à faire comme le montre l’étude baptisée « La culture : le chaînon manquant de l’action climatique » et coordonnée par JB à l’occasion de la COP26. Menée dans 45 pays auprès de ministères de la Culture et d’agences spécialisées, elle montre notamment que les principaux freins à l’action contre le changement climatique tiennent encore au manque de moyens financiers, de personnel et d’outils légaux pour soutenir les politiques environnementales. Julie’s Bicycle et ses pairs ont encore du travail devant eux.
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Julie’s Bicycle au service du zéro carbone
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°591 du 10 juin 2022, avec le titre suivant : Julie’s Bicycle au service du zéro carbone